«On réinvestit pour capter les occasions», Patrick Decostre
Dominique Beauchamp|Publié le 17 juin 2021Patrick Decostre, PDG de Boralex, a répondu à nos questions sur ses nouvelles orientations stratégiques et financières. (Photo: courtoisie)
Le producteur d’énergie renouvelable Boralex (BLX, 38,99$) a dévoilé ses nouvelles orientations stratégiques et financières d’ici 2030 qui étaient très attendues par la communauté financière. Patrick Decostre, le président et chef de la direction, a répondu à nos questions en marge de cette première présentation en deux ans.
Les Affaires – Vous dites que le plan stratégique est à la fois ambitieux et réalisable. Que doivent retenir les investisseurs?
Patrick Decostre – Le principal aspect du plan concerne la capacité installée qui doublera d’ici 2025 et pourrait doubler encore d’ici 2030. Nous avons doublé plusieurs fois dans notre histoire, mais ce qui est le plus ambitieux c’est de pénétrer le très vaste marché américain où la compétition est forte. L’autre objectif concerne la diversification de nos activités tant géographiquement que par type d’énergie.
L.A. – Pourquoi les États-Unis deviennent-ils le marché prioritaire ?
P.D. – Nous y sommes entrés il y a deux ans parce que le Canada offrait moins de croissance. Nous y avons connu un bon succès avec l’acquisition des sept parcs éoliens de Centaurus Renewable Energy en 2020 et les appels d’offres dans l’état de New York en 2019. Le plan de relance du nouveau président américain améliore grandement le portrait, car la mise à niveau des infrastructures, l’interconnexion entre les états ainsi que les exemptions fiscales relèvent souvent de Washington. Deux ou trois marchés régionaux nous intéressent davantage, mais nous ne les avons pas identifiés afin de ne pas créer des attentes ni alerter les concurrents.
L.A. – Pourquoi l’énergie solaire devient-elle le principal axe de croissance ?
P.D. – L’énergie solaire est très complémentaire à l’énergie éolienne en termes de saisonnalité de la production d’électricité et fluctue aussi moins. Avec une répartition égale de 45% dans ces deux énergies en 2030, nous aurons une répartition bien équilibrée qui atténuera le risque global du portefeuille. Les coûts de l’énergie solaire ont aussi beaucoup baissé.
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L.A. – En Europe, après la France et la Grande-Bretagne, vous avez choisi l’Espagne. Quel est son avantage ?
P.D. – C’est un bon marché pour avoir une exposition à l’énergie solaire. Les projets y sont de plus grande taille parce que l’espace et le soleil sont abondants. C’est un marché concurrentiel, mais il y a moyen d’y trouver son compte. Il nous faut y bâtir une équipe, mais nous devrions être en mesure de percer ce marché d’ici 2025.
L.A. – La ruée des capitaux vers l’énergie verte diminue-t-elle les rendements financiers des projets?
P.D. – Les rendements dégagés tout au long de la vie des projets d’énergie renouvelable ont baissé depuis 10 ans, mais les risques ont aussi diminué tout comme les taux d’intérêt et le coût en capital. Même si les rendements ne sont pas aussi élevés que par le passé, je crois que la croissance annuelle composée visée de 10 à 12 % des flux de trésorerie discrétionnaires d’ici 2025 reste très intéressante pour les actionnaires.
L.A – Les investissements de 6 milliards de dollars prévus représentent-ils une nouvelle marque pour votre entreprise ?
P.D. – Ce sont des montants record, mais proportionnellement nous avons dépensé beaucoup plus quand nous étions plus petits. Après avoir consulté nos actionnaires, nous avons conclu qu’à ce stade il était mieux de réinvestir de 50 à 70% de nos flux discrétionnaires dans la croissance afin de capter les nombreuses occasions et de créer de la valeur à long terme tout en respectant le ratio de distribution du dividende de 40 à 60% des flux discrétionnaires. Lorsque la croissance des flux fera tomber ce ratio à 30%, nous pourrons augmenter le dividende à nouveau.