Le déclin des revenus se poursuit mais les flux de trésorerie libres et la chute de la dette intriguent un analyste.
Même si la valeur de Pages Jaunes (Y, 6,10$) reste un mystère, certains aspects de ses résultats annuels plaisent à au moins un analyste.
Aravinda Galappatthige, de Canaccord Genuity, recommande à nouveau l’achat spéculatif du fournisseur de solutions de marketing en mode redressement depuis l’automne 2017.
L’analyste réitère son cours-cible de 9$. En réaction, l’action de la société gagne 8%.
M. Galappatthige salue le fait que le bénéfice d’exploitation ajusté ait décliné de seulement 10% à 41,1 millions de dollars, au quatrième trimestre, par rapport à la chute de 21% des revenus comparables.
Des coûts et des dépenses en capital réduites au strut minimum ont fait bondit les flux de trésorerie libres de 5,9M$ à 37,7M$, au quatrième trimestre.
Pour l’exercice 2018, ces flux de 4,48$ par action équivalent à 79% du cours du titre en Bourse, avant le dévoilement des résultats, signale aussi l’analyste.
La cure imposée par le redresseur Daniel Eckert inclut le remboursement accéléré des dettes, qui atteignent moins d’une fois le bénéfice d’exploitation, abstraction faite des baux. Un transfuge du fonds Bain & Co., M. Ekert a redressé l’imprimeur britannique d’annuaires Hibu.
À ce rythme, Pages Jaunes pourrait se retrouver avec une encaisse nette au bilan en 2020, entrevoit l’analyste de Canaccord Genuity.
«Il est prématuré d’imaginer une modération du déclin des revenus publicitaires, mais la société dispose de nouveaux moyens d’opérer dans un marché hautement concurrentiel», évoque l’analyste.
La nouvelle convention collective intervenue avec 130 représentants de vente conclue en novembre «dé-menotte» la société qui peut désormais rémunérer ses vendeurs en fonction de leur performance, croit M. Galappatthige.
«Il s’agit essentiellement de dispenser aux PME les solutions qui les intéressent, sans autre effort, et d’y arrimer la structure decoûts», avance le financier.
La nouvelle convention collective a été arrachée après le lockout décrété en septembre à la suite d’une grève générale illimitée.
La Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ) avait recommandé aux représentants d’approuver l’offre de Pages Jaunes en raison de la «précarité financière» et de «l’intransigeance» de l’employeur.
Pages Jaunes ne dévoile pas sa nouvelle stratégie numérique, mais l’analyste soupçonne que l’entreprise se contente d’améliorer le processus de vente de ses solutions de marketing au lieu d’investir pour accroître le traffic des internautes à ses sites.
Après avoir vendu DuProprio/ComFree et RedFlags.com, Pages Jaunes a aussi cédé Juice Mobile pour 1M$, tandis que Mediative a été liquidée, révèle aussi l’analyste.
M. Galappatthige fonde son évaluation de Pages Jaunes entièrement sur les flux de trésorerie qu’il estime à 3,80$ par action en 2019 et à 3,33$ par action en 2020.
En 2019, les revenus et le bénéfice d’exploitation devraient décliner de 20% et 22% respectivement. En 2020, le déclin serait encore de 12% et de 16%.
En coulisse, les fonds américains Golden Tree Asset Management et Empyrean Capital Partners ont accumulé 24% et 18% respectivement des actions de Pages Jaunes.