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Stella-Jones: Brian McManus part l’esprit tranquille

Stéphane Rolland|Publié le 15 juillet 2019

Entrevue. Le PDG explique les raisons de son départ et ce qu’il voit pour Stella-Jones pour la suite.

Les marchés ont beau réagir négativement à l’annonce de son départ, Brian McManus, PDG de Stella-Jones (SJ), assure que le fabricant de traverses de chemin de fer et de poteaux se trouve dans une bonne posture. Le dirigeant, qui quittera ses fonctions en octobre, veut maintenant passer au «prochain chapitre» de sa carrière.

«À presque 52 ans, si je veux passer à un autre chapitre, ça doit arriver bientôt, explique le dirigeant en entrevue avec Les Affaires. C’était important pour moi de partir à un moment où la compagnie se trouve dans une position forte.»

M. McManus quittera donc ses fonctions le 11 octobre prochain après avoir passé 18 ans à la tête de Stella-Jones, a annoncé la société dans un communiqué lundi matin. C’est Éric Vachon, chef des finances, qui assurera l’intérim. M. Vachon occupe des postes de direction au sein de l’entreprise depuis 2007. Le conseil d’administration a formé un comité spécial pour évaluer les candidatures internes et externes en vue de trouver un successeur au PDG. «Éric est un super bon leader, ajoute M. McManus en entrevue. Ils sont entre de bonnes mains.»

L’action corrige

Le vote de confiance n’a toutefois pas rassuré les investisseurs tandis que le titre a perdu jusqu’à 7% en cours de séance. Vers 13h30, l’action reculait de 6,63% à 43,74$.

Il faut dire que M. McManus, à qui l’on attribue le succès du redressement de Stella-Jones au tournant des années 2000, jouit d’une excellente réputation auprès des analystes et des investisseurs. Le dirigeant a d’ailleurs été nommé PDG de l’année 2016 par le journal Les Affaires. Le choix a été fait par jury indépendant qui n’avait pas de liens avec l’auteur de ces lignes.

Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, voyait la direction comme «très bonne» sous la gouverne de M. McManus. «Notre impression a été confirmée par nos contacts avec les employés et les clients», commente-t-il dans une note publiée après l’annonce.

Pour sa part, Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux, croit que le marché réagit trop fortement à la nouvelle. «M. McManus a joué un rôle important dans la création de valeur pour les actionnaires, mais nous voyons le déclin de 7% comme une réaction exagérée et une occasion d’achat».

La direction a d’ailleurs réitéré ses prévisions 2019, qui évoquent une augmentation des revenus et des marges cette année. Avant l’annonce du départ du PDG, les analystes anticipaient que la société, qui doit composer avec des vents de face depuis 2016, profiterait de conditions plus favorables. Pour sa part, Hamir Patel, de CIBC Marchés mondiaux, estimait que la réduction des inventaires serait une bonne nouvelle pour les prix qui sont généralement ajustés avec un délai d’environ six mois.

«Le vent a vraiment commencé à changer, commente M. McManus. Ce n’est pas 100% un vent de dos, mais ce n’est plus dans notre face. Il va y avoir encore des occasions. Je suis content de laisser ma place à un moment où des choses positives s’en viennent .»

Parlant de projets, la transition pourrait-elle mettre sur la glace une éventuelle acquisition? «Pas du tout, répond-il. On travaille d’ailleurs sur certaines choses en ce moment. Ça ne va rien changer. On ne sait jamais. Peut-être que ça peut inciter les gens à aller plus vite si on leur dit “hey, je pars dans quelque mois, si on veut faire quelque chose, il faut faire vite. ”»

Signe de sa confiance, le PDG affirme qu’il conservera ses actions. Le dirigeant détient près de 10 000 actions dans un régime d’actionnariat et près de 50 000 en propriété directe, selon des documents réglementaires. Cela représente un actif d’environ 2,6 M$. «C’est sûr, répond-il lorsqu’on lui demande s’il va conserver ses actions. Comme j’ai dit, j’ai vraiment confiance en l’équipe et la compagnie.»

Une pause de six mois

Pour le moment, M. McManus ne sait pas encore quelle sera la prochaine étape de son parcours professionnel. «Je n’ai rien de prévu pour le moment, répond-il. J’ai promis à ma femme que je ne ferai rien pour six mois à partir d’octobre. Elle a déjà commencé à planifier des voyages. »

Le dirigeant assure que sa décision n’est pas en lien avec la vente d’une participation de 31% des actionnaires fondateurs Tom Bruce Jones et Gianni Chiarva au cours de l’été 2018. La Caisse de dépôt faisait partie des acquéreurs d’une partie de cette participation. Elle détient plus de 10% des actions en circulation et est le plus important actionnaire.

S’il reconnaît que le métier de PDG est exigeant, il assure que la fatigue n’a pas joué un rôle dans sa décision après avoir mené le train de vie effréné qu’impose le travail de PDG. «Je suis chanceux, je fais de l’exercice et j’essaie de me tenir en forme. C’est sûr qu’il faut voyager beaucoup. Il faut être disponible 24 heures sur 24, ça met de la pression, mais en même temps ça vient avec la job. Mon annonce n’a rien à voir avec un burn-out ou quelque chose du genre. J’ai juste pris la décision qu’un chapitre devait finir et qu’un autre devait commencer.»