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Suspension des importations de porc: la Banque Nationale fléchit

Dominique Beauchamp|Publié le 26 juin 2019

La Banque Nationale s'incline un peu plus que ses rivales parce que 45% du porc canadien est produit au Québec.

La suspension des importations chinoises de viande canadienne, en plus de celle de l’importation de semences de canola et des entraves à l’importation de pois et de soja, s’ajoutent aux soucis qui pèsent déjà sur les banques.

Les répercussions potentielles du différend sino-canadien sont certainement à surveiller, croit Gabriel Dechaine, de la Financière Banque Nationale, dans une note.

Bien que les prêts des six grandes banques au secteur agricole et agroalimentaire représentent seulement 2% de l’ensemble de leurs prêts, l’analyste rappelle que les prêts à l’industrie pétrolière avaient une proportion similaire quand les banques ont souffert de la chute du pétrole entre 2015 et 2016.

Il ne faut pas négliger l’effet boule de neige potentiel que peut susciter un problème sectoriel, ajoute-t-il.

Le secteur agricole et agroalimentaire représente 6,7% de l’économie et 12,5% de l’emploi canadiens, précise M. Dechaine.  

De plus, un peu plus de la moitié de la production agricole canadienne se destine à l’exportation. La Chine s’approprie environ 12% de nos exportations agricoles.

«En d’autres mots, le secteur agricole est assez imposant pour que les investisseurs dans les titres bancaires y portent attention», évoque-t-il.

L’industrie agricole bénéficie habituellement d’aide gouvernementale en temps de crise, reconnait l’analyste, mais les fonds de secours ne règlent pas tous les problèmes et n’aident pas toutes les parties prenantes.

Le Québec produit 45% du porc canadien. L’industrie québécoise estime à 2,5 milliards de dollars les retombées.

Coïncidence ou non, la Banque Nationale (NA, 61,33$) a reculé le plus en Bourse au lendemain de la suspension des importations de viande canadienne en Chine. Son titre perd un peu moins de 0,6%, le 26 juin, par rapport aux reculs de 0,12% à 0,4% observés pour ses cinq rivales.

Plusieurs facteurs influencent le cours des banques, admet M. Dechaine. Les craintes de récession (qui ferait grimper les mauvaises créances) et la rechute des taux (qui nuit aux marges d’intérêts des institutions) pesaient déjà sur le secteur en Bourse.

Les titres des grandes banques se sont appréciés de 10% depuis le début de l’année, mais l’indice S&P/TSX a fait mieux avec un gain de 15,4%.

 

Voici la part des prêts à l’industrie agricole et agroalimentaire par banque

(en % des de tous les prêts)

 

Banque Nationale/4,0%

Banque BMO/2,5%

Banque Scotia/1,9%

Banque CIBC/1,5%

Banque Royale/1,2%

Banque T-D/1,2%

Source : Financière Banque Nationale