Les actionnaires de Transat réagissent mal à la nouvelle. Le titre termine la journée en baisse de 5,4%.
Les actionnaires de Transat A.T. (Tor., TRZ), société mère d’Air Transat, n’ont pas semblé impressionnés par l’acceptation d’une offre d’achat amicale d’Air Canada à 13$ l’action, ou 520M$. Le titre du voyagiste termine la journée sur une baisse de 5,43%, ou de 0,77$, à 13,42$.
De son côté, le titre d’Air Canada (Tor., AC) a gagné 1,24$, ou 3,15%, à 40,60$.
Acquéreur «logique»
«Nous continuons de croire qu’Air Canada est un acquéreur logique pour Air Transat. Avec le support de ses vols régionaux (qui manque à Transat) et sa participation au réseau Star Alliance, nous croyons qu’Air Canada peut rapidement augmenter la rentabilité de Transat dans le transport aérien et dans l’hôtellerie», écrit l’analyste Cameron Doerksen, de la Banque Nationale.
Ce dernier souligne qu’Air Canada possède des liquidités totalisant 5,9 milliards de dollars, ce qui fait en sorte que la société n’aura aucun mal à privatiser Transat en utilisant uniquement ses fonds propres.
«Nous voyons également des synergies importantes pour les deux entreprises pour l’entretien des appareils, les opérations dans les aéroports, l’infrastructure TI et le support technique», écrit l’analyste, sans chiffrer cette affirmation.
De son côté, l’analyste Doug Taylor, de Canaccord Genuity, avait déjà chiffré les synergies potentielles entre les deux sociétés à 100M$. Ce matin, il a fait preuve de plus de prudence, écrivant que le montant potentiel des synergies était «difficile à déterminer jusqu’à ce que la stratégie d’Air Canada soit plus claire».
M. Taylor était convaincu qu’Air Canada allait relever son prix d’achat à 14$ l’action pour égaler une offre du Groupe Mach survenue au début du mois de juin, tellement qu’il a parlé de prix révisé à la hausse dans sa note de ce matin, alors qu’il n’en est rien. «Nous estimons qu’aux conditions actuelles, l’acquisition de Transat sera très positive pour Air Canada», dit-il. L’analyste prévient toutefois que l’approbation de la transaction par le Bureau de la concurrence du Canada et par l’Office des transports du Canada est loin d’être acquise et qu’une surenchère peut encore survenir.
En plus du Groupe Mach, une autre entreprise québécoise, FNC Capital, a aussi parlé de son intérêt envers Transat à un prix pouvant atteindre entre 17$ et 20$ par action, mais n’a pas détaillé le montage financier qui lui permettrait de privatiser le voyagiste.
Une entente qui «surprend»
Chez Valeurs mobilières Desjardins, l’analyste Benoit Poirier s’est dit «surpris» des détails de l’entente. Il s’attendait également à une offre plus élevée de la part d’Air Canada, étant donné l’opposition d’importants actionnaires de Transat, dont Letko Brosseau et PenderFund Capital Management, qui trouvent le prix de 13$ par action trop bas. Ces deux actionnaires possèdent un total de 21,1% des actions de Transat.
La transaction demeure assujettie à l’approbation des organismes de réglementation et des actionnaires, ainsi qu’à d’autres conditions propres à la conclusion d’une telle transaction. Si ces approbations sont obtenues et que les conditions sont respectées, la transaction devrait être conclue au début de l’année 2020.
L’entente prévoit une indemnité de rupture de 15 millions de dollars payable par Transat en cas de résiliation de la convention d’arrangement. Cette dernière prévoit également le paiement, par Air Canada, d’une indemnité de rupture inversée d’un maximum de 40 millions de dollars si l’entente est résiliée aux motifs que les approbations réglementaires ou gouvernementales ne seraient pas obtenues.
Incompréhension chez Groupe Mach
La direction du Groupe Mach aurait aimé pouvoir discuter avec ses homologues de Transat avant l’annonce de la signature de la convention d’arrangement définitive.
«On va prendre quelques jours pour laisser retomber la poussière. Transat et Air Canada ont dix jours pour publier la convention et nous allons prendre le temps de lire le document avant de décider de la suite des choses», raconte Alfred Buggé, premier vice-président, fusions et acquisitions du Groupe Mach, entreprise dirigée par l’homme d’affaires Vincent Chiara.
M. Buggé rappelle que l’offre de Mach, outre son prix plus élevé, voulait assurer la pérennité à long terme de Transat sans supprimer d’emplois.
«La transaction suscite énormément d’incertitudes. Le plan d’arrangement doit être approuvé par les deux tiers des actionnaires et on ignore si le Fonds de solidarité FTQ (11% des actions) et la Caisse de dépôt (5% des actions) vont voter en sa faveur. En comptant Letko Brosseau (19% des actions) qui est contre, on arrive à 35%. On n’a donc aucune idée si la transaction va se réaliser», dit M. Buggé.
Le dirigeant soutient qu’il est encore trop tôt pour parler d’une offre hostile qui serait présentée directement aux actionnaires de Transat ou d’une offre amicale bonifiée.
M. Buggé se questionne aussi sur le prix d’acquisition, affirmant que Transat possède des liquidités totalisant plus de 500M$. Selon lui, Air Canada se retrouve ainsi à payer pour le compte en banque de Transat, obtenant en prime tout le reste de l’entreprise.