Le MÉDAC a remis en question les motivations des dirigeants de Transat d'approuver la proposition d'achat d'Air Canada.
L’offre d’Air Canada d’acquérir l’entreprise aérienne montréalaise a été approuvée par près de 95% des actionnaires, pendant l’assemblée extraordinaire tenue vendredi à Montréal.
Air Canada a offert de racheter en argent, pour 18$ par action (ou 720M$), l’ensemble des actions en circulations d’Air Transat.
Le 29 avril dernier, dernière séance boursière avant l’annonce de la mise en vente de Transat, le titre de la société avait terminé la séance à 5,67$. Sur cette base, le prix d’acquisition constitue une prime de 317% pour les actionnaires du voyagiste montréalais.
Le président-directeur général de Transat A.T., Jean-Marc Eustache, n’a pas manqué de souligner le bon jugement des actionnaires.
M. Eustache a expliqué sa volonté d’accepter cet accord par une ambition pour l’entreprise de grandir à l’international, et l’impossibilité de le faire sans partenaires.
Pas beaucoup d’opposition
Les actionnaires présents à l’assemblée ont eu l’occasion d’intervenir pour s’opposer à l’offre discutée. Les interventions n’ont pas été nombreuses, mais celle de Willie Gagnon, représentant du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MEDAC), a suscité une forte réaction du directeur.
«C’est particulièrement navrant de connaître les résultats du vote avant de voter. Nous déplorons la disparition d’une société ouverte au Québec. J’aurai préféré demeurer actionnaire d’Air Transat et profiter de mon investissement autrement qu’en liquidant l’entreprise. Je suis navré. J’invite les actionnaires à voter contre l’arrangement, mais d’après ce que j’ai compris c’est déjà fini», a-t-il déclaré.
Il fait ainsi référence au fait que 70% des votes favorables ont été recueillis par procuration. Le résultat a été annoncé au début de l’assemblée, et le vote des actionnaires présents ne pouvait faire aucune différence. Ceci est dû au fait qu’Air Canada avait besoin de récolter deux tiers des votes, largement couverts par les 70% obtenus par procuration.
Il a aussi remis en doute les motivations des dirigeants de recommander la proposition d’achat, invoquant la rémunération de ces derniers en cas de conclusion de l’entente. Une circulaire publiée le 19 juillet dévoilait que les administrateurs de l’entreprise recevront quelque 35 millions de dollars lorsque la transaction sera conclue.
«Je ne considère pas avoir volé l’argent des actionnaires, de mes employés ou des consommateurs québécois. Je considère que j’ai fait un bon travail, et mes employés me remercient tous les jours d’avoir développé cette organisation. Donc, croyez-moi, je ne me sens pas mal à l’aise du tout», s’est défendu M. Eustache
Le consommateur à risque
Plusieurs voix se sont levées dernièrement pour dénoncer l’effet de cette transaction sur le consommateur québécois (et même européen, puisque les Européens sont responsables de 35% du revenu de l’entreprise).
Des questions ont été posées au PDG, lors d’une conférence de presse, en ce qui concerne la possibilité d’une augmentation des prix des vols, sachant qu’avec l’acquisition d’Air Transat, Air Canada contrôlera 60 % du trafic transatlantique.
«Je ne suis absolument pas inquiet, a-t-il répondu. Il y a beaucoup de joueurs dans le marché comme Sunwing et WestJet. Nous sommes dans un marché mondial, et les consommateurs auront l’embarras du choix.»
En ce qui concerne la proposition du groupe Mach, la direction a justifié sa décision de ne pas aller de l’avant avec l’offre par les conditions trop exigeantes de la proposition. Le groupe avait offert d’acquérir le voyagiste pour 14$ par action (alors qu’Air Canada offrait 13$), mais à condition d’avoir l’exclusivité des négociations, 30 jours pour effectuer des vérifications diligentes, en plus de conditionner son achat à l’obtention de plusieurs aides publiques.
Ce vote marque le début d’un processus qui pourrait durer quelques mois. Le PDG prévoit une conclusion de la transaction au début de 2020, dès que les autorisations du gouvernement fédéral et des différentes autorités de réglementation seront obtenues.
M. Eustache a précisé la volonté d’Air Canada de conserver les marques Transat et Air Transat, ainsi que de garder le siège social à Montréal, mais dit ne pas connaître les plans d’Air Canada pour les employés d’Air Transat.