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Une période difficile pour l’action de JP Morgan

Jean Gagnon|Publié le 22 avril 2022

Une période difficile pour l’action de JP Morgan

Le titre de JP Morgan passe actuellement à travers une mauvaise période. (Photo: 123RF)

La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.


(Illustration: Camille Charbonneau)

Une des raisons que les investisseurs institutionnels invoquent pour investir dans le titre d’une grande banque aux États-Unis est souvent la qualité de sa direction. JP Morgan Chase, par la présence de son charismatique président, Jamie Damon, profite grandement de ce phénomène.

Diagnostiqué d’un cancer de la gorge en 2014, Jamie Damon s’en est bien remis et il est toujours à la tête de la plus grosse banque américaine. Promu au poste de président de la banque le 31 décembre 2005, il a conduit JP Morgan Chase à travers la crise financière de 2008, ainsi que la crise qu’allait susciter l’arrivée de la COVID-19.

Toutefois, sa présence n’empêche pas que le titre passe actuellement à travers une mauvaise période.

Après avoir atteint un sommet de 170 $US en octobre, le cours de l’action de JP Morgan Chase a depuis cédé plus de 23%. Et la situation est inquiétante, signale Monica Rizk, analyste technique senior chez Phases & Cycles.

On retrouve un bon niveau de support dans la région 125-130 $US, note l’analyste. « Mais il ne faudrait qu’il cède, car on risquerait alors de se retrouver au niveau 100-110 $US assez rapidement », dit-elle.

Les moyennes mobiles de 50 et de 200 jours pointent maintenant toutes les deux vers le bas, et elles se sont croisées en janvier, ce qui n’est certainement pas la situation idéale, selon elle. « La tendance est donc pour l’instant nettement négative et il faudra maintenant l’arrivée de nouveaux acheteurs pour ramener le cours de l’action autour de 145-150 $US, et ainsi raviver la confiance des investisseurs », dit-elle.

(Source: Phases & Cycles)

 

Des vents contraires

JP Morgan Chase divulguait ses résultats du 1er trimestre la semaine dernière, et bien qu’ils ont légèrement surpassé les attentes, James Fotheringham, analyste chez BMO Marchés des capitaux, ne peut s’empêcher de signaler certains vents de face que la banque doit affronter.

Elle aura à assumer des dépenses plus élevés d’environ 15 milliards $US, au moment même où elle devra normaliser sa situation de crédit en augmentant ses provisions pour pertes, et ce dans un contexte où ses revenus d’honoraires dans le secteur des marchés des capitaux pourraient diminuer, explique l’analyste.

Pour le 2e trimestre, James Fotheringham réduit ses prévisions de bénéfices par action de 2,68 $US à 2,55 $US. Il abaisse également quelque peu son cours cible de 154 $US à 150 $US.

 

Perspectives à plus long terme

Sans vouloir minimiser le fait que le titre de JP Morgan Chase subit une forte pression à la baisse depuis 6 mois, Jean-Philippe Bouchard, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Giverny Capital, maintient qu’il s’agit d’un bon investissement à plus long terme. JP Morgan est l’une des trois banques américaines que le gestionnaire détient dans ses portefeuilles. « Elle est très bien capitalisée et elle verse un bon dividende de l’ordre de 3 % », dit-il. À cela s’ajoute le fait qu’elle va bénéficier du cycle de hausses des taux d’intérêt qui s’amorce, selon lui.

L’action de JP Morgan se négocie à 12 fois les bénéfices, ce qui constitue un niveau attrayant, selon M, Bouchard. Mais surtout, il note que la banque a racheté environ 18% du total de ses actions en circulation depuis 2016. Cela équivaut pour l’investisseur à un dividende, libre d’impôt, de l’ordre de 3,8 % par année. Et ce pour détenir le titre de la grande banque américaine, et dirigée en plus par celui que plusieurs considèrent comme probablement le meilleur banquier de sa génération.