Air Canada et Transat vont-elles poursuivre les pourparlers?
La Presse Canadienne|Publié le 15 février 2021En fin d’après−midi, lundi, le plus important transporteur aérien au pays et la société mère d’Air Transat n’avaient pas indiqué si la date butoir serait prorogée. (Photo: La Presse Canadienne)
Après le feu vert conditionnel d’Ottawa et en attente de la Commission européenne, est−ce que Transat A.T. et Air Canada reporteront la date butoir du contrat qui doit paver la voie à leur mariage? À l’approche de l’échéance, la réponse à cette question demeurait inconnue.
L’arrangement révisé, dans lequel le prix offert par Air Canada avait été réduit significativement, avait repoussé au 15 février la date visant à finaliser la vente du voyagiste québécois.
En fin d’après−midi, lundi, le plus important transporteur aérien au pays et la société mère d’Air Transat n’avaient pas indiqué si la date butoir serait prorogée. Au−delà de l’échéance, l’arrangement reste en vigueur, mais une des parties peut décider d’y mettre fin à tout moment. Air Canada, par exemple, pourrait renoncer, à n’importe quel moment, à l’acquisition de Transat A.T.
«C’est un peu surprenant et inhabituel, mais je crois que c’est lié au contexte actuel», a relaté Jacques Roy, professeur de gestion des transports aux HEC Montréal, en entrevue téléphonique, à propos du flou entourant la date butoir.
L’expert a souligné que l’incertitude était attribuable à une série d’éléments, comme la suspension des vols vers les destinations soleil jusqu’au 30 avril — un scénario qui était difficile à prévoir il y a un mois et qui donne du fil à retordre aux entreprises du secteur aérien.
En dévoilant ses résultats du quatrième trimestre et de fin d’année, vendredi dernier, au lendemain de la décision du gouvernement Trudeau, Air Canada avait simplement rappelé que la date butoir avait été fixée au 15 février.
M. Roy estime néanmoins que pour Air Canada, les conditions qui favorisent l’acquisition du voyagiste — l’exploitation d’une filiale spécialisée dans le secteur touristique et la réalisation de synergies — seront encore présentes lorsque la pandémie de COVID−19 sera chose du passé.
«Mais il y a beaucoup d’incertitude et si Air Canada voulait se retirer, elle aurait des raisons pour le faire», a ajouté le professeur, en évoquant par exemple les conditions imposées par le gouvernement Trudeau la semaine dernière.
Karl Moore, du département de gestion de l’Université McGill, a également souligné que le flou entourant la date butoir était particulier.
Mais à son avis, Air Canada ne devrait pas «tourner le dos à la transaction», à moins que la Commission européenne, dont l’évaluation a été suspendue le 22 décembre dernier et qui se donne jusqu’à la fin juin pour trancher, ne vienne brouiller les cartes.
«Nous traversons la pire période de l’histoire de l’aviation civile, a dit M. Moore, au bout du fil. Mais je crois qu’Air Canada souhaite aller de l’avant.»
Le gouvernement Trudeau a imposé une série de conditions à Air Canada si l’acquisition de Transat A.T. va de l’avant. Le transporteur aérien devra maintenir le siège social du voyagiste au Québec, maintenir au moins 1500 emplois et mettre en place un mécanisme de surveillance des prix, notamment.
Dans une lettre ouverte publiée samedi dernier, Pierre Karl Péladeau avait reproché à Air Canada de faire planer de l’incertitude sur la transaction. L’actionnaire de contrôle de Québecor, qui avait déposé une offre non sollicitée à titre personnel en décembre dernier, avait une fois de plus réitéré son intérêt à l’endroit du voyagiste.
Air Canada propose désormais 5$ pour chaque action de Transat A.T. Les actionnaires du voyagiste peuvent également choisir 0,2862 action d’Air Canada. Vendredi dernier, cette option était évaluée à 6,38$ pour chacune de leurs actions.