Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Airbus affiche une solide santé financière face à Boeing en crise

AFP|Publié le 31 juillet 2019

Airbus a affiché mercredi un bénéfice net plus que doublé au premier semestre.

L’avionneur européen Airbus a affiché mercredi un bénéfice net plus que doublé au premier semestre au moment où son rival Boeing traverse la pire crise de son histoire avec l’immobilisation de son 737 Max.

«La performance financière du premier semestre reflète essentiellement la montée en cadence de la famille A320 et sa transition vers la version Neo (remotorisée) plus efficiente», a déclaré Guillaume Faury, président exécutif d’Airbus. Les moteurs de la version neo avaient connu de nombreux aléas ralentissant la production des appareils.

Le groupe a affiché un bénéfice net de 1,197 milliard d’euros (1,75G$) contre 496 millions il y a un an, contrastant avec Boeing qui a dévoilé il y a une semaine une perte nette trimestrielle de près de 3 milliards de dollars. L’avionneur américain a subi sa plus grosse perte en plus d’un siècle d’existence après les deux accidents de son 737MAX qui ont fait 346 morts. Ce modèle est cloué au sol depuis plus de quatre mois et pour une durée indéterminée.

Le titre Airbus prenait 0,72% à 128,64 euros dans un marché en légère hausse (+0,09%).

«Les fondamentaux du secteur restent solides avec un trafic aérien en bonne santé, des taux de remplissage d’environ 80% et des prévisions de bénéfice robustes pour les compagnies aériennes», a commenté le président exécutif du groupe Guillaume Faury au cours d’une conférence de presse téléphonique.

Il s’est toutefois inquiété d’un «contexte géopolitique complexe», de «la montée du protectionnisme» et des intentions des États-Unis d’imposer à l’Union européenne de nouvelles taxes, en rétorsion à ce qu’ils estiment être des subventions abusives aux constructeurs aériens de la part de l’UE.

Sur ce dernier point «une négociation pour trouver un accord commun est de notre point de vue la seule solution», a estimé M. Faury, ajoutant qu’une «escalade du conflit serait un jeu perdant».

«Si l’USTR (le bureau du représentant américain au commerce, NDLR) décidait d’imposer de telles taxes sur les produits Airbus et d’autres produits de l’UE, cela pourrait affecter sensiblement la livraison d’avions et hélicoptères neufs d’Airbus sur le marché américain, et impacter négativement la situation financière et le résultat d’exploitation d’Airbus», a indiqué le constructeur européen.

Être «préparés» à un Brexit dur

M. Faury a par ailleurs estimé qu’il était désormais «évident que le scénario d’un Brexit sans accord est un scénario probable», alors que les préparatifs en vue d’un Brexit sans accord le 31 octobre sont accélérés à la demande du gouvernement du nouveau Premier ministre britannique Boris Johnson.

«Nous devons être préparés à cela», a-t-il ajouté rappelant que le constructeur, fortement implanté au Royaume-Uni où sont fabriquées les ailes de tous ses avions de ligne, avait constitué une réserve de pièces détachées pour un mois.

Le constructeur européen maintient ses prévisions de livraisons d’avions entre 880 et 890 exemplaires pour 2019 et a livré un total de 389 avions commerciaux au premier semestre contre 303 pendant la même période en 2018, dont 21 A220, 294 avions de la famille A320 (234 de la version Neo), 17 A330, 53 A350 et 4 A380.

Au sein de la famille des monocouloirs A320, le constructeur souhaiterait désormais augmenter la cadence de production des A321 compte tenu de ses «récents succès commerciaux», en visant toujours une cadence de 63 avions par mois au total à mi-2021 contre 60 en 2019.

L’A321 est la version allongée de son monocouloir vedette et une version à très long rayon d’action (XLR, extra long range) a été présentée en juin au salon du Bourget. L’A321 XLR peut parcourir jusqu’à 8.700 km en 9 heures, grâce à des réservoirs plus importants.

Par ailleurs, 7 avions de transport militaire A400M ont été livrés au premier semestre, portant à 81 le nombre d’appareils en service au 30 juin, selon le communiqué.

L’avionneur a trouvé en juin un accord avec les sept nations clientes de l’A400M sur une révision du contrat pour cet avion de transport militaire qui a connu de nombreux retards et surcoûts.

Le carnet de commandes du constructeur atteignait 7.276 avions commerciaux au 30 juin.