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BLOGUE INVITÉ. Dans mon dernier article du magazine Les affaires plus, j’incitais les investisseurs qui pouvaient se le permettre à ne pas liquider leur portefeuille en temps de crise, après une baisse importante des marchés. La raison était assez simple. Soit qu’il est très difficile de prévoir les variations des marchés à court terme et que la décision de réinvestir pourrait alors se prendre au pire moment.
Six semaines plus tard, les marchés boursiers canadiens et américains sont en hausse de plus de 30% par rapport à leur creux, mais toujours en baisse d’environ 15% depuis leur sommet de la mi-février. Pour ceux qui ont des liquidités, après un rebond aussi spectaculaire, est-ce le temps de réinvestir?
Je reçois de nombreux appels en ce moment d’investisseurs qui ont accumulé des économies et qui sont convaincus que c’est maintenant le temps d’investir. Je m’explique mal cet empressement après une hausse aussi rapide. Je n’ai toujours pas de boule de cristal, mais l’indice de la peur VIX est encore à un niveau élevé d’environ 35, soit plus du double de la moyenne des dernières années. C’est un indicateur que des variations quotidiennes importantes sont à prévoir, tant à la hausse qu’à la baisse. Il n’est pas impossible que les marchés testent à nouveau le creux du mois de mars, voir beaucoup plus bas.
Bien sûr, il y a un certain espoir que le pire du Grand Confinement est derrière nous, mais rien n’est moins certain. En fait, le monde évolue dans l’inconnu. Les marchés financiers carburent à l’espoir qu’un remède sera trouvé sous peu et que les pertes économiques de cette crise seront absorbées par les gouvernements.
Le rebond des marchés a certes été spectaculaire et illustre très bien la difficulté de prévoir les variations à court terme. Dans un tel contexte, il est d’autant plus important de détenir un portefeuille bien diversifié. L’idée étant de réduire la volatilité du portefeuille tout en s’exposant aux primes de risque de plusieurs classes d’actifs.
Avec l’explosion de l’endettement des gouvernements et des bilans des banques centrales, rien ne garantit que les taux d’intérêt resteront bas encore longtemps ou qu’après la prochaine baisse, les marchés remonteront encore rapidement. Si ce n’est pas déjà fait, mieux vaut se préparer à un environnement macro-économique qui pourrait être très différent d’ici quelques années.
Bref, c’est possiblement un bon temps pour investir, comme c’était le cas au cours des 10 dernières années. Mais la situation n’est pas très différente de celle qui subsistait à la fin mars. Un investisseur qui pense que c’est préférable d’investir maintenant plutôt qu’à la fin mars devrait se poser la question sur ses véritables motivations à long terme et sur sa capacité à passer à travers la prochaine correction.