La politique monétaire «est au bon niveau», estime Jerome Powell.
La Banque centrale américaine (Fed) envisage de faire une pause après avoir annoncé mercredi une baisse des taux d’intérêt, la troisième d’affilée dans un effort pour soutenir la croissance des États-Unis qui ralentit.
La politique monétaire «est au bon niveau», a estimé Jerome Powell, président de la Fed au cours d’une conférence de presse.
«Nous estimons que l’orientation actuelle de la politique monétaire devrait rester appropriée, tant que les nouvelles informations sur l’économie demeureront globalement conformes à nos perspectives de croissance économique modérée, du marché du travail et d’inflation proche de notre objectif de 2%», a-t-il expliqué.
Et d’ajouter qu’il faudrait «un changement notable» aux prévisions de la Fed pour ajuster de nouveau les taux dans un sens ou l’autre.
Le Comité monétaire de la Fed a décidé de baisser d’un quart de point de pourcentage (0,25%) fixant les taux au jour le jour dans la fourchette de 1,50% à 1,75%.
C’est la troisième baisse d’affilée en trois mois. Depuis fin 2015, la Fed avait remonté les taux neuf fois.
Comme en septembre, le Comité monétaire a invoqué le ralentissement de la croissance mondiale et la torpeur de l’inflation pour justifier ce dernier coup de pouce monétaire.
Toutefois, une phrase-clé pour l’avenir a disparu du communiqué qui disait que la Fed «agirait de façon appropriée pour soutenir l’expansion».
La croissance des États-Unis a commencé à ralentir alors qu’elle est dans sa onzième année d’expansion, signant la plus longue période de croissance de l’histoire moderne américaine.
Les déclarations de Jerome Powell en faveur d’une pause interviennent alors que l’administration Trump a publié mercredi la première estimation de la croissance du troisième trimestre.
En rythme annuel, l’expansion du PIB est tombée à 1,9%. C’est un peu moins bien que les 2% réalisés au 2e trimestre et loin derrière les 3,1% du début de l’année. Mais bien mieux que prévu.
Pour l’heure, la Fed projette «une croissance modeste, un marché de l’emploi dynamique et une inflation proche de l’objectif des 2%», a souligné M. Powell.
La Banque centrale a noté que si les dépenses des ménages continuent d’être « fortes », les investissements des entreprises et les exportations «sont faibles».
Baisse des investissements
La Fed «devrait s’inquiéter du fait que l’économie est très dépendante des ménages. Les entreprises ne contribuent plus», a observé Chris Low, économiste pour FHN Financial alors que leurs dépenses d’investissements ont chuté pour le deuxième trimestre d’affilée.
Pour le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, «il n’y a pas de doute que la croissance mondiale ralentit» et cela tire légèrement à la baisse l’économie américaine, a-t-il affirmé lors d’un sommet économique à Ryad mercredi.
Plusieurs enquêtes auprès d’économistes américains montrent qu’environ un tiers d’entre eux craignent une récession dans les douze mois qui viennent.
Comme depuis plusieurs réunions d’affilée, le Comité monétaire est resté divisé vis-à-vis de ce nouvel assouplissement monétaire. Esther George de la Fed de Kansas City et Eric Rosengren de celle Boston s’opposent toujours à une baisse des taux d’intérêt estimant que l’activité actuelle n’en a pas besoin.
Au rang des risques pour l’économie mondiale surveillés par la Fed figurent les discussions commerciales et l’impact des tarifs douaniers. Sur ce point, M. Powell a mis en avant «l’accord potentiel (…) avec la Chine qui, s’il est signé et mis en vigueur, pourrait avoir pour effet de réduire les tensions commerciales et l’incertitude».
«Cela serait de bon augure pour la confiance des entreprises», a-t-il ajouté.
Un accord partiel entre la Chine et les Etats-Unis pourrait être signé par le président Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping dans les semaines qui viennent. Mais des questions restent encore à résoudre dans les négociations avec Pékin.
La Maison Blanche a suspendu une augmentation des droits de douanes sur 250 milliards de dollars d’importations chinoises qui devait être appliquée le 15 octobre mais la possibilité d’instaurer en décembre de nouvelles taxes de 15% sur 150 milliards de dollars n’a pas été écartée.
En outre, depuis la mi-octobre, Washington a imposé, dans le cadre d’une dispute avec l’UE sur les aides à Airbus, des taxes punitives qui ont renchéri le prix de dizaines de produits agricoles importés d’Europe, comme des vins et des fromages.
Sur le Brexit, le patron de la Fed a estimé que le risque d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sans accord «semble avoir sensiblement diminué».