Banque du Canada: la réduction de 50 points de base est-elle toujours d’actualité?
Morningstar|Publié le 22 octobre 2024Outre une baisse des taux largement anticipée, les acteurs du marché s’attendent à ce que la Banque du Canada partage son sentiment sur la baisse de l’inflation. (Photo: Getty Images)
Alors que les marchés financiers se préparent à l’annonce très attendue de la politique monétaire de la Banque du Canada mercredi, les investisseurs et les analystes sont très attentifs à tout signal susceptible d’influencer la trajectoire économique du pays.
«Nous assisterons à la poursuite de la normalisation de la politique monétaire, [puisque] les taux sont trop élevés et que la Banque du Canada le sait», affirme Jules Boudreau, économiste principal chez Placements Mackenzie.
Lors de la réunion de septembre de la banque centrale, les responsables ont mis l’accent sur les deux principaux risques qui pèsent sur l’inflation: le ralentissement du marché de l’emploi et la croissance toujours élevée des salaires. Les données économiques recueillies depuis lors montrent que le marché de l’emploi s’est très légèrement renforcé, mais que les salaires et les prix ont considérablement ralenti.
«Le rapport sur la politique monétaire qui accompagnera la décision d’octobre mettra probablement l’accent sur la décélération de l’inflation, et la Banque y réduira ses prévisions d’inflation pour le reste de l’année et l’année prochaine», déclare M. Boudreau.
Outre une baisse des taux largement anticipée, les acteurs du marché s’attendent à ce que la Banque du Canada partage son sentiment sur la baisse de l’inflation.
Penelope Graham, experte en prêts hypothécaires chez Ratehub.ca, note que l’attention se déplacera, à savoir si la croissance de l’indice des prix à la consommation est trop faible, et si la banque centrale prévoit d’être plus agressive avec des réductions de taux pour contrer les risques d’une récession.
«On s’attend également à ce que les décideurs politiques donnent un aperçu de la manière dont la croissance récente du marché de l’emploi et les risques économiques géopolitiques ont éclairé leur décision sur les taux», indique-t-elle.
Une réduction de 50 points de base?
Le marché a largement misé sur une nouvelle baisse des taux le 23 octobre. Cependant, l’ampleur de la baisse reste un sujet de spéculation.
«Nous nous attendons à ce que la Banque du Canada réduise ses taux directeurs de 50 points de base lors de sa réunion cette semaine», déclare Jimmy Jean, économiste en chef chez Desjardins. Il souligne que les conditions propices à une forte réduction — à savoir une croissance économique anémique malgré le rythme effréné de la croissance démographique et une faiblesse persistante de l’activité des entreprises et des dépenses de consommation — sont réunies depuis un certain temps.
M. Jean soutient que les risques inflationnistes sont limités, de nombreuses mesures de l’inflation sous-jacente s’étant normalisées.
«En fait, les risques pour l’inflation semblent désormais orientés à la baisse, ce qui signifie qu’une réduction de 50 points de base en octobre est logique.» Il ajoute que la barre pour une forte réduction ultérieure pourrait être élevée. Il s’attend à ce que la banque centrale revienne à des réductions de 25 points de base à partir de décembre, en vue de ramener «le taux directeur à un creux de 2,25% en 2025.»
Mme Graham se place également résolument dans le camp favorable à une forte baisse des taux.
«À la suite du dernier rapport sur l’inflation canadienne de septembre, montrant l’IPC en dessous de l’objectif de 2% de la Banque du Canada, il est de plus en plus probable que la banque centrale réduise ses taux d’un demi-point de pourcentage, plutôt que de s’en tenir à sa cadence habituelle d’un quart de point de pourcentage», affirme-t-elle.
Les facteurs macroéconomiques joueront un rôle dans la décision de la Banque
Les termes employés par le Conseil des gouverneurs dans son annonce peuvent laisser entrevoir l’ampleur et la fréquence des baisses de taux dans les mois à venir.
L’évolution de l’inflation est le facteur clé qui dicte la décision. D’autres considérations importantes sont l’orientation de la politique monétaire américaine, ainsi que l’inflation et la vigueur du marché de l’emploi au sud de la frontière.
«Le PIB global, qui pourrait n’enregistrer qu’une croissance de 1% au troisième trimestre, sera également examiné de près afin de déterminer l’impact des premiers effets de la récession sur les consommateurs canadiens», ajoute Mme Graham.
La Banque du Canada suit de près une autre variable clé : les données sur le chômage. « Nous ne constatons pas de pertes d’emplois flagrantes, mais il est clair que le marché du travail ne suit pas la croissance de la population en âge de travailler », déclare M. Boudreau.
Le taux de chômage se situe toujours un point de pourcentage au-dessus des niveaux d’il y a un an, et les offres d’emploi ont fortement diminué en septembre, selon les commentaires économiques récents de RBC. En outre, l’enquête sur les perspectives des entreprises et l’enquête sur les attentes des consommateurs, toutes deux publiées la semaine dernière, révèlent une baisse continue de la confiance et des attentes à l’égard de l’économie canadienne. «La Banque du Canada a tendance à accorder une grande importance à ces enquêtes lorsqu’elle prend ses décisions en matière de taux d’intérêt», note M. Boudreau.
Les difficultés de l’économie canadienne ont déjà incité la banque centrale à abaisser ses taux d’intérêt avant nombre de ses homologues. Depuis juin, elle a procédé à trois baisses consécutives de 0,25 %, mais cela n’a pas permis d’enrayer le déclin économique. Ces facteurs ont incité les économistes de RBC à prévoir non pas une, mais deux réductions de 50 points de base avant la fin de l’année.
Pour commencer, «la Banque du Canada devrait accélérer le rythme des baisses de taux d’intérêt en réduisant de 50 points de base le taux du financement à un jour, qui passera de 4,25% à 3,75% mercredi», indique une note de RBC à l’intention des investisseurs.
Toutefois, M. Boudreau affirme que même si la Banque du Canada devrait (et le fera probablement) opter pour une réduction plus importante 0,5%, le gouverneur Tiff Macklem «évitera de signaler des baisses de taux importantes à l’avenir, en mettant l’accent sur la dépendance à l’égard des données».