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Bernie Sanders: l’allocateur de capital?

Les investigateurs financiers|Publié le 15 février 2019

Bernie Sanders: l’allocateur de capital?

Le sénateur américain Bernie Sanders. (Photo: Getty)

BLOGUE INVITÉ. Récemment, un sentiment négatif s’est développé autour des compagnies qui rachètent leurs propres actions. Le discours est même entré sur la scène politique américaine. Les sénateurs Bernie Sanders et Charles Schumer ont proposé une nouvelle loi qui vise à limiter les rachats d’actions, sauf si les entreprises paient les travailleurs un taux minimum de 15$ l’heure tout en leur offrant des congés payés ainsi que l’assurance santé.

Nous sommes d’avis qu’un pays riche comme les États-Unis devrait se prévaloir d’un filet de sécurité sociale adéquat pour ses citoyens. Toutefois, les modifications proposées devraient être considérées comme étant un problème social et faire partie d’un sain débat public. Le rachat d’actions, par contre, est une décision d’allocation de capital qui, si elle est politisée, peut conduire à une mauvaise affectation des ressources d’une entreprise au niveau microéconomique et à une mauvaise allocation des ressources d’une société au niveau macroéconomique.

L’allocation de capital est l’une des fonctions les plus importantes d’un dirigeant d’entreprise et le rachat d’actions est l’un des outils qu’il peut utiliser. Les 5 principales façons d’utiliser les flux de trésorerie d’une entreprise sont les suivantes:

 

  1. Pour commencer, une entreprise peut réinvestir dans les opérations. Elle peut moderniser ses usines ou améliorer ses technologies. Une entreprise comme Amazon a réinvesti la totalité de ses excédents de trésorerie dans ses activités. Clairement, un dollar retenu en réinvestissement a été dans leur meilleur intérêt.
  2. Les acquisitions peuvent également améliorer la valeur de l’entreprise. Certains dirigeants y parviennent en achetant des entreprises très similaires à leurs activités actuelles, comme Alain Bouchard et les dépanneurs pour son entreprise Alimentation Couche-Tard. D’autres acquièrent des entreprises avec des activités indépendantes, comme Warren Buffett avec des sociétés d’assurance, des chemins de fer, des bonbons, etc. Apple, quant à elle a souvent cherché à acheter des technologies clés pour améliorer ses produits et logiciels. Ceci est toujours fait dans la même optique d’augmenter la valeur de l’entreprise, sans toutefois diluer l’actionnariat.
  3. Le remboursement de la dette est généralement plus efficace lorsque les taux d’intérêt sont élevés. Dans un environnement où les taux d’intérêt sont élevés, l’avoir des actionnaires est considéré comme étant «moins cher». En période de bas taux d’intérêt, comme au cours de la dernière décennie, un effet de levier raisonnable peut être optimal pour une entreprise génératrice de trésorerie qui ne risque pas la faillite.
  4. Le rachat d’action n’a de sens que lorsque les actions sont achetées en dessous de la valeur intrinsèque. Tout comme un investisseur actif devrait chercher à acheter des actions sous-évaluées, il en va de même pour les entreprises. Parfois, il devient plus intéressant d’acquérir ses propres actions que celles d’une autre entreprise.
  5. Enfin, nous arrivons au versement de dividendes, qui, toutes choses étant égales par ailleurs, est préférable lorsque la société est incapable d’utiliser les 4 autres options. Cela est principalement dû au fait que les paiements en dividendes sont généralement imposés et sont donc une utilisation moins efficace du capital.

 

Pour conclure, il est important que les investisseurs et le grand public comprennent à quel point l’allocation de capital est importante dans la création de la richesse. Politiser la répartition du capital, comme M. Sanders tente de le faire, pourrait avoir des conséquences indésirables à long terme.

Patrick Thénière, CIM, Associé Barrage Capital