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Boeing confronté aux déboires du 777X

AFP|Publié le 27 janvier 2021

Le constructeur aéronautique repousse une nouvelle fois la livraison de l'avion et annonce des pertes records.

Les déconvenues se multiplient pour Boeing: après les déboires du 737 MAX et la chute du trafic aérien liée à la pandémie, qui ont plombé les résultats de 2020, le groupe a encore retardé les premières livraisons du 777X, à la fin de 2023. 

Ces revers se traduisent pour le constructeur aéronautique par une perte nette de 8,4 milliards de dollars au seul quatrième trimestre, de 11,9 milliards de dollars sur l’ensemble de l’année 2020.

Cette somme «représente le coût de développement d’un nouvel avion», remarque Michel Merluzeau, expert du secteur pour la cabinet AIR.

Le report des premières livraisons du 777X, le plus gros avion au monde, a eu comme conséquence financière une charge de 6,5 milliards de dollars dans les comptes du quatrième trimestre de l’entreprise.

C’est au moins la troisième fois que la société retarde les premières livraisons de l’appareil. En octobre, le patron, Dave Calhoun, affirmait encore qu’il serait acheminé aux clients dès 2022.

Pour M. Merluzeau, ce retard n’est pas surprenant. «La demande au niveau des déplacements internationaux entre les grands aéroports comme Londres, New York ou Tokyo s’est évaporée avec la pandémie», a-t-il expliqué à l’AFP. Les sociétés de transport aérien préfèrent pour l’instant utiliser des avions plus petits comme le Boeing 787 ou l’Airbus 350.

Par ailleurs, touchées par l’effondrement des ventes de billets depuis le début de la pandémie, «les compagnies n’ont pas actuellement les moyens financiers» et penchent plutôt pour les appareils déjà présents dans leur flotte.

Des compagnies comme Emirates ou Lufthansa «préfèrent attendre que la demande se redynamise» avant de prendre possession des nouveaux 777X.

De plus, remarque M. Merluzeau, depuis les deux accidents rapprochés du 737 MAX ayant fait 346 morts, l’autorité américaine de l’aviation «a imposé des conditions beaucoup plus strictes au niveau de la certification et des essais en vol».

 

Problèmes sur le 787

À la charge sur le nouveau retard du 777X s’est ajoutée au quatrième trimestre une provision de 468 millions de dollars pour le 737 MAX, de retour dans le ciel depuis novembre après avoir été cloué au sol pendant 20 mois.

Le groupe a aussi encaissé une charge de 275 millions de dollars en raison de problèmes de production sur l’avion ravitailleur KC-46A, une autre de 290 millions liée aux stocks de l’offre de services de Boeing ainsi qu’une charge de 744 millions de dollars, déjà dévoilée lors de l’annonce d’un accord avec le ministère de la Justice, destiné à solder des poursuites liées au 737 MAX. 

Le chiffre d’affaires du groupe a reculé de 24% en 2020 pour s’établir à 58,2 milliards de dollars. Entre octobre et décembre, il a diminué de 15% à 15,3 milliards de dollars.

Boeing a aussi fait face au deuxième semestre l’an dernier aux problèmes du long-courrier 787 Dreamliner, dont les livraisons ont été retardées après la découverte de défauts de fabrication. Or, c’est au moment de la livraison que les compagnies paient l’essentiel de la commande.

«Il y a des inquiétudes sur le fait qu’il y a énormément d’avions non livrés qu’il va falloir écouler», relève M. Merluzeau selon qui il y a notamment un «surplus de 787 sur le marché».

«Même si l’impact de la COVID-19 va continuer à représenter un défi pour le transport aérien de passagers en 2021, nous restons confiants en notre avenir», a toutefois affirmé le patron Dave Calhoun, en mettant en avant la solidité de l’activité du groupe dans les domaines de la défense, de l’espace et des services de maintenance. 

Boeing mise en particulier sur la remise en service du 737 MAX, autorisé à retourner dans le ciel en novembre par les autorités américaines puis par d’autres régulateurs. L’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) a donné son feu vert mercredi.

Le constructeur a depuis livré 40 appareils et cinq compagnies l’ont remis dans leurs programmes de vol.