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Bombardier avait rapatrié des activités au Québec avant la crise

La Presse Canadienne|Publié le 04 août 2022

Bombardier avait rapatrié des activités au Québec avant la crise

Le carnet de commandes de Bombardier a augmenté de 37% par rapport à l’an dernier pour s’établir à 14,7 G$. (Photo: La Presse Canadienne)

Bombardier a rapatrié une bonne partie de sa production en Amérique du Nord, ce qui permet de mitiger les risques liés aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement et aux tensions géopolitiques en Ukraine et, plus récemment, à Taïwan, croit son président et chef de la direction, Éric Martel, qui a réitéré ses prévisions favorables quant au marché du jet d’affaires. 

En 2020, Bombardier a rapatrié une partie de sa production afin de réduire les perturbations de la chaîne d’approvisionnement. « On a rapatrié la fabrication de pièces, qui pouvaient provenir de certaines régions, entre autres la Chine, a dit M. Martel, jeudi, en conférence de presse dans le cadre du dévoilement de résultats du deuxième trimestre. La très, très grande majorité de nos fournisseurs sont soit nord-américains ou européens. » 

L’entreprise, basée à Montréal, ne vit pas en vase clos par rapport aux événements qui se déroulent à Taïwan, mais la direction se concentre sur ce qu’elle peut contrôler. « Évidemment, il y a des choses qui sont hors de notre contrôle. S’il y a un blocage complet, par exemple sur la production de Taïwan, nous, on aura des défis, mais il y a plein de monde qui va en avoir aussi. Ce sont des choses sur lesquelles on ne peut pas spéculer. » 

La perturbation de la chaîne d’approvisionnement reste un défi pour Bombardier. L’entreprise estime toutefois que la situation est sous contrôle. Elle a continué à profiter de la forte demande pour les jets d’affaires au deuxième trimestre, ce qui lui a permis de bonifier ses prévisions financières, jeudi. 

Le rapatriement de la production a nécessité le recrutement de près de 500 personnes, dont la majorité travaille dans les installations de l’avionneur à Saint-Laurent sur l’île de Montréal, qui compte près de 1400 employés. 

M. Martel a précisé que les installations de Saint-Laurent ne roulaient pas à pleine capacité et qu’il serait possible d’y rapatrier davantage de travail si nécessaire, en équilibrant les objectifs de sécuriser la chaîne d’approvisionnement et celui d’afficher des coûts de production concurrentiels. 

« La pandémie nous a tous appris, dans plusieurs secteurs, pas seulement en aéronautique, qu’on avait une dépendance qui est peut-être allée à l’extrême dans certaines zones de fabrication. On a rapidement réagi à ça. Ça prend souvent des semaines et des mois pour ramener des pièces à l’interne, mais en 2020, on a pris la décision de ramener du volume à l’unité Saint-Laurent de manière significative. »

 

La demande demeure résiliente 

Tandis que le marché américain reste vigoureux, M. Martel constate une amélioration en Europe, malgré les tensions géopolitiques en Ukraine, et en Asie-Pacifique, où le resserrement des restrictions sanitaires dans plusieurs pays a ralenti l’activité. 

Le dirigeant a qualifié la demande des opérateurs de flotte de jets privés d’« extrêmement forte », lors d’un appel avec les analystes financiers. « Il y a beaucoup de gens qui voyageaient en première classe qui voyagent maintenant en jet d’affaires. Ils n’en achètent pas tous, mais plusieurs d’entre eux vont vers les opérateurs de jets d’affaires. »

 

Plus d’argent dans les coffres 

Dans ce contexte,la société montréalaise estime qu’elle générera plus de515 millions $ US en flux de trésorerie au cours de l’exercice 2022. Avant la publication des résultats, sa cible était de plus de 50 millions $ US. Les analystes anticipaient une bonification de la prévision, mais celle-ci a été plus importante que les 196 millions $ US qu’ils entrevoyaient en moyenne, souligne Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux. 

En raison des pressions sur la chaîne d’approvisionnement, la société n’a pas touché à ses objectifs de cadence de production sur l’horizon 2025. 

Le fait que les prévisions de production demeurent inchangées envoie un message positif sur l’état du marché, selon l’analyste Tim James, de Valeurs mobilières TD. « Nous pensons que cela veut dire que la demande est supérieure au plan de production de Bombardier, un signe positif pour les prix et les livraisons potentielles au-delà du court et moyen terme. » 

Au deuxième trimestre, Bombardier a enregistré une perte nette de 109 millions $ US pour les activités poursuivies, comparativement à un bénéfice de 139 millions $ US à la même période l’an dernier.

La perte nette diluée par action atteint 48 cents par rapport à une perte de 1,49 $ US. Les revenus, pour leur part, s’établissent à 1,56 milliard $ US, une augmentation de 2 %. 

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient une perte de 49 cents par action et des revenus de 1,6 milliard $ US, selon la firme de donnée Refinitiv. 

Le carnet de commandes de Bombardier a augmenté de 37 % par rapport à l’an dernier pour s’établir à 14,7 milliards $ US. Au 30 mars dernier, il s’établissait à 13,5 milliards $ US. 

Les flux de trésorerie, une donnée importante pour la viabilité financière d’une entreprise, ont atteint 341 millions $ US, par rapport à 250 millions $ US à la même période l’an dernier. 

Bombardier a souligné que le remboursement de dettes lui permet de payer moins de frais d’intérêt et de générer plus de liquidités. La société a réduit sa dette de 773 millions $ US au cours des six premiers mois de l’année. 

En après-midi, l’action de Bombardier gagnait 1,86 $, ou 7,81 %, à 25,26 $ à la Bourse de Toronto.

 

Par Stéphane Rolland