Bombardier songe toujours à racheter son ex-usine de Belfast
Denis Lalonde|Publié le 07 novembre 2024La direction de Bombardier soutient que toutes les options sont à l’étude en ce qui concerne l’usine de Belfast vendue à Spirit Aerosystems en 2019. (Photo: courtoisie)
La direction de Bombardier (BBD.B, 99,05$) soutient que toutes les options sont à l’étude en ce qui concerne l’usine de Belfast vendue à Spirit Aerosystems en 2019.
L’usine fabrique toujours des pièces de fuselages pour des appareils de Bombardier.
Spirit Aerosystems (SPR, 31,06$US) a conclu, le 30 juin dernier, une entente de fusion avec Boeing (BA, 150,86$US) qui prévoit qu’elle deviendra d’ici la mi-2025 une filiale en propriété exclusive du géant américain de l’aéronautique.
Cette entente est toutefois conditionnelle à la vente de certains actifs, incluant l’usine de Belfast.
De plus, le 5 novembre, la direction de Spirit a publié des documents qui laissent entendre que sa situation financière s’est dégradée récemment. Dans ces documents déposé auprès de la Securities and Exchange Commission américaine, la direction de Spirit exprime des «craintes qu’elle ne soit pas en mesure de poursuivre ses activités et de satisfaire à ses besoins en liquidités».
Le PDG de Bombardier, Éric Martel, soutient que sa priorité est de sécuriser les approvisionnements de l’entreprise. «Nous avons des gens à Belfast en tout temps. Oui, il y a de l’intérêt de notre côté», a-t-il expliqué lors d’une conférence téléphonique tenue en marge de la publication des résultats financiers de la société au troisième trimestre.
«On travaille en collaboration avec eux. On sait que Spirit traverse une situation difficile présentement. On suit la situation de près, pas juste au niveau des produits, mais au niveau financier aussi pour nous assurer que les activités de l’usine de Belfast seront maintenues. Il y aura une décision à prendre éventuellement. On est à l’aise, comme j’ai dit, avec quelques scénarios», dit-il.
Selon le premier scénario, Bombardier redeviendrait propriétaire de l’usine de Belfast par le biais d’une acquisition. Éric Martel précise toutefois qu’il serait aussi confortable avec un second scénario qui verrait un «acheteur crédible» acquérir l’usine et assurer la poursuite des activités en respectant les contrats d’approvisionnement avec Bombardier.
«On n’a pas de calendrier, présentement, et toutes les options sont sur la table», ajoute-t-il.
L’élection de Donald Trump aura-t-elle des effets sur les activités de l’entreprise?
Le dirigeant affirme qu’il voit d’un bon œil les résultats des élections américaines, qui ont proclamé clairement la victoire de Donald Trump.
«L’élection américaine a été marquée par de nombreuses rumeurs. Les marchés boursiers ont bien réagi aux résultats de l’élection. Ils aiment la stabilité, tout comme nous. À court terme, il s’agit d’une bonne nouvelle pour nous alors que nous sommes au cœur de notre quatrième trimestre», raconte-t-il.
Éric Martel n’a pas voulu spéculer sur les effets potentiels d’éventuels tarifs douaniers imposés aux importations américaines. «L’une des choses que je dirais d’abord, c’est que nous avons un portefeuille géographiquement bien diversifié. Bien sûr, le marché américain est important pour nous, mais nous avons aussi du succès en Europe, en Asie-Pacifique et au Proche-Orient», dit-il.
De plus, le dirigeant souligne que Bombardier effectue beaucoup de travail en sol américain. Imposer des tarifs sur un avion aurait beaucoup de répercussions des deux côtés de la frontière. «Si vous prenez par exemple le Global 7500, les moteurs sont fabriqués aux États-Unis, tout comme les ailes. Oui, il faut regarder où les appareils sont assemblés, mais une grande partie de la valeur ajoutée sur les appareils provient des États-Unis. Tout dépendra de comment les tarifs seraient imposés, mais tous les éléments sont à considérer», affirme-t-il.
Le PDG ajoute qu’un fournisseur de pièces de rechange est situé à Chicago et que la société possède aussi des usines à Wichita (dans l’État du Kansas) et à Red Oak, en banlieue de Dallas. «L’avionique, les systèmes de commande de vol, les trains d’atterrissage sont entre autres principalement conçus aux États-Unis. Quand on prend la portion américaine de la valeur des composantes de nos appareils, c’est très important», explique-t-il.
Légère compression des marges bénéficiaires
Appelé à commenter la légère baisse des marges bénéficiaires de Bombardier au troisième trimestre, Éric Martel soutient que la situation s’explique facilement.
La marge bénéficiaire brute pour le trimestre terminé le 30 septembre s’est chiffrée à 14,8%, comparativement à 15,4% lors de la période correspondante l’an dernier.
«C’est une situation temporaire. Pour mettre les choses en contexte, on parle d’une différence d’environ 10 millions de dollars. Ce n’est pas un montant significatif pour nous. Revenir à 15,4% est quelque chose de faisable, mais on a eu des événements qui sont ponctuels. Entre autres, on a eu plus de coûts liés à la chaîne d’approvisionnement durant le troisième trimestre. Évidemment, la situation idéale, c’est quand on aura repris le contrôle de ces coûts, qu’on n’ait plus à devoir y faire face», explique-t-il.
Un autre élément, selon lui, est que Bombardier est victime de son succès. « On a un programme de rémunération à base d’actions pour certains dirigeants et employés de l’entreprise. Évidemment, on doit acheter ces actions. Elles coûtent plus cher parce que le prix de notre titre a pratiquement doublé depuis le début de l’année. On devait en faire état dans nos résultats financiers au troisième trimestre», ajoute-t-il.
Selon le dirigeant, la différence de 10 millions de dollars s’explique en grande partie par ces deux éléments. Il soutient que sans eux, la marge bénéficiaire aurait progressé par rapport à celle du troisième trimestre de l’an dernier.
Le titre de Bombardier reculait de 7,04$, ou de 6,64%, à 99,05$ à la Bourse de Toronto en fin d’après-midi.