Bourse: cessez d’avoir «peur de votre ombre», dit Brian Belski
Stéphane Rolland|Publié le 18 juin 2019Brian Belski, stratège de BMO Marchés des capitaux, pense que la peur est une mauvaise conseillère.
Les investisseurs sont-ils devenus trop craintifs après la crise financière de 2008? Brian Belski, stratège de BMO Marchés des capitaux, pense que la peur est une mauvaise conseillère et que le marché américain se trouve toujours dans «un gros marché haussier», a-t-il dit lors d’une allocution dans le cadre d’Inside ETFs Canada à Montréal, mardi.
«De quoi avons-nous peur? Les actions n’ont pas été dans un contexte aussi favorable depuis les années 1950. Les bénéfices n’ont jamais été aussi peu volatils depuis une génération», insiste M. Belski, qui présentait l’allocution d’ouverture de la conférence sur les fonds négociés en Bourse, qui se déroulait à Montréal pour une deuxième année consécutive.
Sur un ton humoristique, le discours de M. Belski était fidèle à sa réputation d’optimiste (bullish). En 2009, le stratège, habitué des plateaux télévisés américains, s’est fait remarquer en affirmant que la Bourse de New York entrait dans un «marché haussier structurel» qui pourrait durer au moins vingt ans. Dix ans plus tard, il croit que le S&P 500 peut encore progresser. «À la lumière de la recherche, il n’y a aucune preuve que nous nous dirigeons vers une récession », juge-t-il.
Plusieurs facteurs sont favorables aux actions américaines en ce moment, précise M. Belski en entrevue avec Les Affaires en marge de la présentation. «Nous sommes dans une période de faible taux d’intérêt, de progression constante des bénéfices et d’évaluations attrayantes.»
Brian Belski, stratège de BMO Marchés des capitaux (Photo: courtoisie)
Il compare notre présent à la situation qui prévalait en 1995. «Comme à l’époque, les gens ne parlaient que de récession et la Réserve fédérale (Fed) a reconnu qu’elle avait trop augmenté les taux d’intérêt, explique-t-il en entrevue. Les inquiétudes à l’étranger et la baisse des taux préventive ont eu l’effet de ramener les investisseurs vers les actions américaines.» L’histoire pourrait se répéter, selon lui.
Optimiste pour le S&P TSX
M. Belski est également optimiste au sujet de la Bourse canadienne, que les investisseurs boudent depuis 2014. «Les Canadiens n’aiment pas entendre ça, mais le Canada va dans la même direction que les États-Unis, dit-il. Vous n’avez pas besoin que le pétrole s’apprécie, vous n’avez pas besoin que l’or soit à un tel prix, juste que les États-Unis fassent bien.»
Le stratège se dit d’ailleurs optimiste quant au secteur de l’énergie. «Les dirigeants du secteur de l’énergie sont meilleurs que leurs confrères aux États-Unis, avance-t-il. Ils savent comment générer des flux de trésorerie, ils savent comment gérer leurs activités dans le contexte actuel.»
Il surpondère également le secteur des télécommunications et des banques, deux industries en situation oligopolistique au Canada. À la blague, il a même comparé les banques aux «cinq familles de la mafia new-yorkaise», qui se partageait le commerce illicite. «La Banque RBC a choisi la gestion de patrimoine aux États-Unis. La TD, la banque de détail et la BMO la banque commerciale. Je vous le dis, c’est un cartel et c’est pour cette raison que vous voulez les acheter.» Au sujet des télécoms, il ne voit pas le jour où un nouveau concurrent représenterait une réelle menace.
Pessimiste à l’international
La présentation de M. Belski portait uniquement sur le Canada et les États-Unis. Questionné en entrevue sur les pays émergents et les actions européennes, le principal intéressé est moins enthousiaste.
Son pessimisme tranche avec l’idée que les actions internationales ont de meilleures perspectives à long terme, car elles sont moins dispendieuses, une idée populaire chez ses confrères. «Nous n’achetons pas des titres en raison de l’évaluation», répond-il.
Le S&P 500 à New York s’échange à 16,5 fois les bénéfices des 12 prochains mois, selon la firme Yardeni. En comparaison, les pays émergents s’échangent à 11,7 fois et les pays développés (à l’exception du Canada et des États-Unis) s’échangent à 13 fois.
S’il est vrai que les évaluations sont faibles, elles sont accompagnées de fondamentaux peu reluisants, argumente M. Belski. Il ne voit pas ce qui soutiendra la croissance des revenus et des bénéfices en Europe. Il avance même que l’Europe pourrait être «le nouveau Japon» et devoir composer avec des problèmes structurels durant plusieurs années.
Au sujet des pays émergents, il note que la force du dollar américain n’est pas une bonne nouvelle. Il estime que la Chine est aux prises avec des problèmes structurels importants : comme le vieillissement de la population, l’augmentation des salaires et le déplacement d’une partie de ses usines vers d’autres pays émergents.