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Bourse: c’est juste avant l’aube qu’il fait le plus noir

Jean Gagnon|Publié le 13 janvier 2023

Bourse: c’est juste avant l’aube qu’il fait le plus noir

La Banque Nationale a été peu affectée par le recul des marchés boursiers en 2022. (Photo: 123RF)

La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.


(Illustration: Camille Charbonneau)

 

La plupart du temps, durant l’année 2022, cette rubrique, dont l’objectif est de fournir un éclairage sur l’état et les perspectives des marchés boursiers, a porté sur des titres qui encaissaient de lourdes pertes. Pas surprenant, considérant que l’indice S&P 500 a perdu un peu plus de 18% durant l’année.

Force est de constater que les perspectives énoncées par les experts en ce début d’année ne sont pas très réjouissantes, du moins durant la première moitié de l’année. Un grand nombre d’entre eux prévoit que les économies nord-américaines tomberont en récession.

Il faut néanmoins se rappeler que la Bourse est un marché d’anticipation qui tend à refléter de six à douze mois à l’avance ce que sera alors l’environnement économique et financier. Alors que tout semble au plus sombre actuellement, il est possible que dès les premières lueurs de l’aube que constituerait le début d’un repli de l’inflation, les investisseurs reviennent rapidement en force.

Attention, toutefois, de ne pas trop s’emballer, vous diront les analystes techniques. L’examen des graphiques des indices boursiers et des titres précis rappelle que ceux-ci sont aux prises avec de fortes tendances baissières et qu’ils se retrouvent sous leur moyenne mobile respective de 200 jours, ce que les analystes techniques considèrent comme le reflet de la tendance à moyen terme. Pour eux, un long travail de reconstruction et de consolidation pourrait être nécessaire avant que l’on puisse retrouver une tendance positive à long terme.

 

Gare au consensus

Les experts semblent s’entendre sur un point en ce début d’année. Les titres à revenu fixe, telles les obligations, connaîtront une bonne année étant donné que les taux d’intérêt devraient cesser de monter, voire amorcer une baisse alors que les resserrements monétaires réussiront à juguler l’inflation.

C’est sans compter que de nombreux analystes prévoient un recul des bénéfices des sociétés au cours de la prochaine année, ce qui pourrait inciter les investisseurs à opter pour les valeurs historiquement plus sécuritaires que sont les titres à revenu fixe, et du même coup négliger les valeurs boursières.

Il faudra toutefois se méfier de trop se laisser emporter par le consensus, explique Philippe Côté, gestionnaire de portefeuille à Eterna Groupe Financier. Même s’il prévoit un début d’année probablement difficile, il croit néanmoins que de bonnes occasions se présenteront lors des six premiers mois de 2023. « Il y a de l’appétit pour les marchés boursiers, et aux premiers signes de ralentissement de l’inflation, on pourrait voir apparaître un bon support pour les titres de bonne qualité », dit-il. Il suggère toutefois qu’il faudra être très sélectif dans ses choix.

Quand l’aube arrivera, il pourrait être déjà un peu tard pour commencer à investir son encaisse, ajoute Vincent Fournier, gestionnaire de portefeuille à Claret Gestion de placements. « Je ne suis pas prêt à parier que les marchés boursiers ont encore beaucoup à perdre », dit-il. Le risque de récession fait peur à bien du monde, mais il s’agit d’un indicateur retardataire, rappelle-t-il. « Lorsque nous serons officiellement en récession, les marchés boursiers auront probablement déjà recommencé à monter », dit-il.

 

Les banques canadiennes

Cette rubrique a souvent porté, durant la dernière année, sur l’état et la performance boursière des banques canadiennes. Nous jugions qu’il était approprié de le faire compte tenu de la place que ces titres occupent dans les portefeuilles des investisseurs et des épargnants canadiens. Surtout que ceux-ci n’avaient probablement pas envisagé le type de performance qui fut malheureusement leur lot, considérant le caractère défensif de ces titres.

En effet, le sous-indice des banques canadiennes à la Bourse de Toronto a reculé de 12,5% en 2022, ce qui est pire que l’indice S&P/TSX qui, lui, a perdu 5,8%, sauvé en grande partie par une performance exceptionnelle du secteur énergétique, dont le sous-indice a gagné 24,4%, explique Sohrab Movahedi, analyste à BMO Marchés des capitaux.

Il s’empresse toutefois de signaler les performances très divergentes d’une banque à l’autre. Chacune des six grandes banques canadiennes a offert un rendement négatif en 2022. Les banques Royale et Nationale ont été les moins touchées, avec des reculs respectifs de 5,2 % et de 5,4 %, et elles se sont révélées être les plus défensives.

Les banques CIBC et Scotia ont été les plus affectées, avec des pertes de 25,7 % et de 25,9 % respectivement. Elles ont le moins profité de la hausse des marges nettes d’intérêt générée par la hausse des taux d’intérêt, explique l’analyste.

La banque TD, avec une dépréciation de 9,6 %, et la BMO, à -9,9 %, se retrouvent au milieu du peloton, alors que toutes deux attendent la réalisation d’acquisitions faites au cours de la dernière année.

Certes, les craintes de récession n’aident pas le secteur. Mais à l’aube de 2023, les titres bancaires se retrouvent à des niveaux plutôt attrayants, estime Vincent Fournier.