REVUE DES MARCHÉS. Ce sont les chiffres sur les ventes au détail aux États-Unis qui ont déstabilisé les marchés.
REVUE DES MARCHÉS. Wall Street a clôturé en ordre dispersé jeudi, affaiblie par la plus forte chute mensuelle des ventes au détail aux États-Unis depuis dix ans, au moment où les courtiers attendaient des signaux positifs des négociations commerciales en cours entre Pékin et Washington.
Indices
À Toronto le S&P/TSX, à la fermeture, a gagné 0,44%, ou 69 points, à 15 695 points.
Le dollar canadien valait 0,7515 $US.
Le Dow Jones Industrial Average a perdu 0,41%, ou 103 points, à 25 439 points.
Le Nasdaq était presque en équilibre (0,09%) à 7426 points.
Le S&P 500 a laissé aller 0,27%, ou 7 points, à 2745 points.
Contexte
Les statistiques des ventes au détail pour décembre ont déçu les analystes, qui espéraient une légère progression de 0,2 % pour cet indicateur qui reflète en partie l’allant de la consommation aux États-Unis. Elles ont finalement reculé de 1,2 % par rapport à novembre.
« Elles ont fortement surpris le marché. Tellement, que beaucoup y vont vu quelque chose de suspect », a affirmé Quincy Krosby de Prudential Financial.
Ce recul, inattendu, s’explique notamment par l’impact du « shutdown » lorsque, à partir du 22 décembre et pour plus d’un mois, des centaines de milliers de fonctionnaires ont été mis au chômage forcé à cause d’un bras de fer budgétaire entre la Maison-Blanche et les démocrates au Congrès.
En raison des facteurs exceptionnels qui ont affecté le mois de décembre, « il est trop tôt pour dire que ces chiffres reflètent un ralentissement de l’économie américaine », a noté Art Hogan, stratégiste marchés en chef pour la société National.
Selon lui, « si d’autres indicateurs vont dans le même sens à l’avenir, alors nous prendrons la situation davantage au sérieux ».
« Urgence nationale »
Il est en revanche acquis qu’un second « shutdown », initialement craint pour vendredi n’aura finalement pas lieu. Le président américain Donald Trump va signer la loi sur le financement du gouvernement fédéral, issue d’un compromis entre parlementaires, d’après la Maison-Blanche.
Mais dans le même temps, M. Trump va déclarer l’« urgence nationale » pour boucler le financement du mur qu’il veut ériger à la frontière avec le Mexique afin de lutter contre l’immigration clandestine. Cette annonce surprise n’a toutefois pas fait sursauter les marchés.
« Les investisseurs s’inquièteraient s’il imposait un nouveau « shutdown ». Tant que les administrations demeurent ouvertes, le marché a l’air d’absorber la nouvelle », a affirmé Mme Krosby.
En parallèle, les négociations entre la Chine et les États-Unis ont repris jeudi matin à Pékin, à la résidence diplomatique de Diaoyutai. Le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, et le représentant pour le Commerce, Robert Lighthizer, ont serré la main du vice-premier ministre chinois, Liu He, devant les photographes, avant d’entamer des entretiens.
Le temps est compté pour chaque camp car un délai de négociation sans aggravation des sanctions est supposé expirer à la fin du mois.
Sur le front des valeurs, le géant des sodas et boissons non alcoolisées Coca-Cola a renoué avec les bénéfices au quatrième trimestre 2018, mais s’est montré prudent pour 2019. Son titre a dégringolé de 8,44 %.
L’assureur américain AIG a réduit ses pertes au quatrième trimestre 2018, mais les recettes générées par ses investissements ont fortement décliné, ce qui a provoqué un plongeon de l’action de 9,03 %.
Boeing a lâché 0,19 % après l’annonce jeudi par Airbus de l’arrêt du programme A380. Son cours boursier a toutefois bondi de près de 30 % depuis janvier 2018, de loin la plus forte performance des valeurs regroupées au sein de l’indice Dow Jones.
L’adieu d’Airbus à l’A380 reflète la différence de stratégie entre l’avionneur français et l’américain, le second ayant préféré se tourner avec succès vers le long-courrier en lançant le 787 face au déclin de son gros porteur 747.
JPMorgan Chase a abandonné 0,65 %. La banque américaine a annoncé jeudi lancer sa propre cryptomonnaie, JPM Coin, qui sera indexée sur le dollar, mais dont l’usage sera restreint à des transactions financières entre grands investisseurs, excluant de facto les particuliers.
Sur le marché obligataire, le taux d’intérêt sur la dette à dix ans baissait à 2,651 % vers 16H40, contre 2,702 % mercredi à la clôture, et celui sur celle à 30 ans à 2,999 %, contre 3,031 % à la précédente clôture.