Desjardins conserve sa recommandation d’acheter l’action, qui, à 102$ à l’ouverture des marchés, est encore loin de sa cible de 168$. (Photo: 123RF)
Après un premier trimestre 2024 au-delà des attentes des analystes, BRP (DOO, 102,10$) a poursuivi sur sa lancée pour son deuxième exercice couvrant les mois de mai, juin et juillet, avec des revenus et des profits en hausse de 14% et 13% par rapport à la même période l’année dernière. Cependant, les résultats des produits marins continuent de décevoir, avec une chute de 44% des ventes au détail.
Au cours d’un appel aux investisseurs et analystes plus tôt ce matin, la haute direction de l’entreprise de Valcourt a annoncé que ses revenus atteignaient 2,778 milliards de dollars (G$), pour un bénéfice net de 473,1 millions (M$).
Ces résultats dépassent le consensus des analystes, qui s’attendaient à des revenus de 2,690G$ et des profits de 453M$.
Le bénéfice net par action s’est quant à lui arrêté à 3,21$, comparativement à 2,94$ l’année dernière.
Le président et chef de la direction de BRP, José Boisjoli, n’a pas hésité à parler de «meilleur deuxième trimestre de son histoire» pour l’entreprise.
«Les ventes au détail ont enregistré une croissance impressionnante de 41%, ce qui nous a permis de surclasser nettement l’industrie des sports motorisés en Amérique du Nord et de gagner des parts de marché dans la plupart des catégories de produits», a souligné José Boisjoli.
Cette hausse, dit l’entreprise, est principalement attribuable aux ventes des produits toutes saisons, comme les véhicules côte-à-côte et les véhicules tout-terrain. À elle seule, cette catégorie constitue plus de 51% des ventes du trimestre.
L’Amérique du Nord demeure le meilleur terrain de jeux pour le fabricant de véhicules motorisés, avec des ventes en hausse de 41%. Les indicateurs de cette catégorie sont d’ailleurs au vert partout dans le monde pour BRP avec des hausses de 36%, 33% et 23% pour les régions de l’Amérique latine, l’Europe-Moyen-Orient-Afrique et l’Asie pacifique.
Surtout, les problèmes d’inventaires causés par des problèmes dans les chaînes d’approvisionnement pendant la pandémie de COVID-19 semblent maintenant derrière elle. Par exemple, pour les véhicules motorisés, les inventaires dans les différents concessionnaires d’Amérique du Nord ont augmenté de 123% par rapport au deuxième trimestre de 2023. Ils dépassent maintenant de 24% les stocks du deuxième trimestre de 2020.
Des ombres planent
Même si BRP conserve ses prévisions à la hausse pour l’ensemble de son exercice 2024, celles-ci sont toutefois revues à la baisse en raison du contexte économique. Ainsi, l’entreprise entrevoit entre autres que ses revenus totaux seront de 7% à 10% supérieurs à 2023. Sa première estimation était de 9% à 12%. Ses prévisions de profits demeurent en hausse de 9% à 13%.
Des résultats positifs présentés ce matin, ceux de la division des produits marins suscitent quelques inquiétudes. La hausse des taux d’intérêt et la mauvaise température dans la région des Grands Lacs, son principal marché, ont créé une tempête parfaite, faisant chuter les revenus de 5%, à 124,7 M$. Et même si les problèmes d’approvisionnement ont été résolus, cette bonne nouvelle est arrivée trop tard dans la saison.
Tant et si bien que José Boisjoli a annoncé une baisse de la livraison de bateaux d’ici la fin de la saison pour concentrer les efforts de l’entreprise sur l’année 2024. «Nous avons perdu une saison, c’était la chose logique à faire.»
Les conditions de crédit ont aussi, selon le PDG, ralenti les ardeurs des consommateurs. «Beaucoup de clients financent l’achat de leur bateau sur une période de 15 à 20 ans. Les hausses des taux des 15 derniers mois ont eu un effet sur les consommateurs. […] Par exemple, le financement d’un See Doo Switch en janvier 2022 était de 7%. En janvier 2023, ce taux était de 8,8%. Au mois d’août, le taux était de 12%.»
Rappelons qu’au premier trimestre 2024, les revenus avaient aussi diminué, cette fois de 3% par rapport au premier trimestre de 2023. José Boisjoli se disait alors confiant que les résultats seraient meilleur pour le reste de l’année.
«Nous voyons les résultats présentés ce matin de manière positive, considérant les craintes des investisseurs pour une éventuelle baisse des prévisions de BRP», a commenté l’analyste de Desjardins, Michael Kypreos.
Desjardins conserve sa recommandation d’acheter l’action, qui, à 102$ à l’ouverture des marchés, est encore loin de sa cible de 168$.
La Banque Nationale maintient pour sa part sa cible à 143$. « Nous sommes encouragés par les solides résultats du deuxième trimestre de BRP ainsi que par la forte performance dans les ventes au détail, qui laissent présager des gains futurs de parts de marché. Alors que l’incertitude demeure quant aux indicateurs macro-économiques, nous croyons que la valeur de l’action reflète déjà un ralentissement de la demande de produits motorisés », a pour sa part souligné l’analyste Cameron Doerksen.