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CAE accélère la fabrication de respirateurs artificiels

La Presse Canadienne|Publié le 17 juin 2020

CAE doit distribuer 10 000 respirateurs artificiels à travers le pays.

La multinationale CAE est surtout connue dans l’aéronautique pour ses simulateurs de vol, mais dans une salle fermée du reste de son usine montréalaise, une poignée d’employés s’affairent à assembler ce qui ne semblait pas figurer dans les plans de la multinationale avant l’arrivée de la pandémie de COVID−19 — des respirateurs artificiels.

Développé à toute vitesse après un défi lancé en mars par l’Université McGill, le prototype de l’appareil a pavé la voie à un contrat octroyé par le gouvernement fédéral en avril pour 10 000 unités à distribuer à travers le pays.

Mercredi, CAE a annoncé avoir obtenu l’homologation de Santé Canada pour son «CAE Air1», ce qui lui permettra d’appuyer sur l’accélérateur afin de terminer les livraisons d’ici octobre. Plusieurs établissements de santé au pays pourront ainsi compter sur ces appareils afin de faire face à une éventuelle deuxième vague de la pandémie. 

Plus de 130 fournisseurs canadiens, dont une centaine au Québec, ont été mis à contribution.

«Ce qui prend normalement deux ans à développer (…) on l’a fait en deux mois», s’est félicité le vice−président de l’exploitation et des technologies de CAE, Pascal Grenier, dans le cadre d’une démonstration en compagnie du docteur Stéphane Delisle, l’un des consultants retenus par l’entreprise.

À l’intérieur du site situé dans l’arrondissement montréalais de Saint−Laurent, quelque 500 employés ont travaillé de près ou de loin sur le projet. Le spécialiste des simulateurs de vol et de la formation, également présent dans le domaine médical, prévoit assembler 750 unités par semaine.

Doté d’une interface entièrement tactile, ce respirateur artificiel dernier cri, qui comporte plus de 500 pièces, se distingue par sa facilité d’utilisation, a estimé le Dr Delisle. 

«Nous pourrions les livrer et du même coup, toutes les personnes initiées à la ventilation mécanique pourraient installer l’appareil sur un patient sans avoir eu une formation particulière», a−t−il expliqué.

La valeur du contrat avec Ottawa n’a pas été dévoilée et CAE n’était pas en mesure de préciser où seront distribuées les unités après avoir été livrées. Cela relève du gouvernement fédéral, a expliqué M. Grenier. Le coût d’un ventilateur n’a pas été précisé non plus. Cinq jours sur sept, trois quarts de travail se succèdent tout au long de la journée dans la salle où s’effectue l’assemblage des ventilateurs. Les employés sont vêtus de sarraus et d’équipement de protection. 

Par ailleurs, le travail réalisé par CAE n’est pas passé inaperçu ailleurs dans le monde, puisque des clients situés en Amérique latine, en Europe, en Asie ainsi qu’au Moyen−Orient ont démontré de l’intérêt pour le nouveau respirateur artificiel.

«La crise (sanitaire) demande des respirateurs invasifs pour des patients très malades, intubés et sous sédation», a dit M. Grenier, en ajoutant que l’appareil pourrait continuer à être utilisé sur des patients qui ne sont pas atteints de la COVID−19.

En accélérant la cadence de production, CAE estime pouvoir répondre à une demande en provenance de l’extérieur tout en continuant de pouvoir prioriser l’approvisionnement en sol canadien.

Sans surprise, la multinationale ajoutera le ventilateur au portefeuille de produits de sa division santé. Pour l’exercice terminé le 31 mars dernier, ce secteur a généré 124,5 millions $, alors que le chiffre d’affaires total de la compagnie a été de 3,62 milliards $. 

CAE avait sabré près du quart de son effectif, soit environ 2600 personnes, le 7 avril dernier, en raison des turbulences provoquées par la pandémie de COVID−19. Quelque 1500 travailleurs touchés au Canada, dont la majorité à Saint−Laurent, ont depuis été rappelés, notamment grâce à la subvention salariale d’urgence offerte par Ottawa.