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CDPQ : des enjeux de gouvernance font ombrage aux bons résultats

Daniel Germain|Publié le 21 février 2019

Les déboires de la filiale Otéra Capital ouvrent la voie à une réflexion plus large.

Dans des circonstances normales, la présentation des bons résultats de la Caisse de dépôt et placement aurait été une partie de plaisir. Les récents démêlés entourant certains dirigeants d’Otéra Capital, une filiale de la Caisse, a toutefois poussé Michael Sabia sur la défensive. 

Pour le contexte, rappelons que la Caisse a mandaté plus tôt ce mois-ci le cabinet d’avocats Osler pour faire la lumière sur des révélations touchant de hauts gradés de cette filiale spécialisée en financement immobilier. 

Depuis le début février, le Journal de Montréal a divulgué plusieurs informations compromettantes au sujet du PDG d’Otéra, de l’une de ses vice-présidentes et de l’économiste en résidence de l’entreprise. 

Le grand patron, Alfonso Graceffa, aurait bénéficié de nombreux prêts d’Otéra pour financer des immeubles à revenus. Quant à la vice-présidente qui se trouve dans l’eau chaude, Martine Gaudreault, elle entretient des liens amoureux et d’affaires avec un prêteur longtemps associé à la mafia.

Pour ce qui est de l’économiste, Edmondo Marandola, il a figuré parmi les actionnaires d’une société immobilière qui travaille actuellement à la conversion d’un couvent montréalais en résidence pour personnes âgées. En plus de ses activités en immobilier et son implication dans le financement du projet, on lui reproche la qualité de ses relations dans cette affaire, les autres actionnaires de la société n’auraient pas un passé des plus reluisants, selon les informations avancées par le quotidien montréalais. 

Tous les trois ont été suspendus au cours du dernier mois.

«Nous sommes déterminés à retourner toutes les pierres», a dit Michael Sabia en conférence de presse. C’est le cabinet Osler qui s’en charge. Des avocats sont à l’œuvre depuis quelques semaines et passeraient au peigne fin les relations d’affaires des dirigeants et les processus d’embauche des cadres. 

Un problème d’imputabilité? 

En conférence de presse, Daniel Fournier, président et chef de la direction d’Ivanhoé Cambridge, a tenté d’expliquer les mécanismes d’imputabilité entourant le PDG d’Otéra, Alfonso Graceffa. Ce dernier n’a personne à qui rendre des comptes, sinon au conseil d’administration d’Otéra, dont il était depuis janvier le président, avant d’être remplacé par un cadre de la Caisse, Claude Bergeron. 

Autre élément particulier, Otéra Capital occupe une position hybride dans l’organigramme de la Caisse. Ses rendements relèvent du portefeuille de revenus fixe de l’institution, tandis que son conseil d’administration est composé de plusieurs employés d’une autre filiale, Ivanhoé Cambridge.  

«On a hâte de voir les résultats de l’enquête [d’Osler]», a dit Daniel Fournier, en parlant de la position particulière d’Otéra Capital. On saura si cette situation a pu faire enrayer les mécanismes de gouvernances de l’entreprise. 

Michael Sabia n’a pas été en mesure de fournir un échéancier pouvant mener au terme de l’enquête. Il a toutefois exprimé ses espoirs de pouvoir prendre des mesures d’ici trois mois. Le PDG de la Caisse est allé plus loin. Sans fournir des détails, il est resté vague, il s’est dit ouvert à un examen plus large qui impliquerait d’autres filiales du «bas de laine des Québécois». 

«Est-ce que cet événement nous a amenés à réfléchir. La réponse est « oui ». Nous sommes en train de revoir nos processus avec nos conseils d’administration et notre comité de direction», a dit Michael Sabia.