Collecte sélective: responsabilité accrue pour les entreprises
La Presse Canadienne|Publié le 12 février 2020Les entreprises devront atteindre les objectifs fixés, à défaut de quoi des pénalités seront imposées.
Québec fait un pas de plus pour améliorer la récupération et le recyclage, en confiant la gestion du système aux entreprises privées.
Le ministre de l’Environnement, Benoît Charette, en a fait l’annonce, mardi dans un centre de tri de Lachine, à Montréal. Il injecte 30,5 millions $ dans le nouveau système.
Avec le principe de la responsabilité élargie des entreprises qui mettent en marché des contenants et emballages, celles-ci seront responsables du cycle de vie de leurs produits, du début à la fin.
Les entreprises devront atteindre les objectifs fixés, à défaut de quoi des pénalités seront imposées. Ainsi, elles auront intérêt à utiliser des bouteilles de plastique réutilisables, par exemple, ou à tout le moins recyclables.
À l’autre bout du cycle, cela améliorera la qualité des matières récupérées, donc leur valeur sera accrue.
Le système entrera en vigueur en 2022 et devrait être pleinement opérationnel en 2025.
À l’heure actuelle, les entreprises versent une compensation financière aux municipalités pour les emballages et contenants qu’elles mettent en marché et qui doivent être recyclés. Les entreprises assument donc la plus grande partie des coûts de la collecte sélective, sans avoir leur mot à dire sur la gestion des opérations.
Québec veut du même souffle «faire en sorte que la matière au sortir du centre de tri ait une certaine valeur, ce qui n’est pas le cas actuellement», a expliqué le ministre Charette.
L’entrée en vigueur en 2022 seulement s’explique par le fait qu’il y a des lois et règlements à changer. « Ça prend du temps, mais c’est important de ne pas se tromper de nouveau, autrement c’est la confiance des citoyens qui serait ébranlée », a justifié le ministre.
Avec cette réforme, les municipalités subiront aussi moins de pression, tant de leurs citoyens que des centres de tri, qui sont pris avec des matières de piètre qualité, a fait valoir le ministre.
Réactions
La présidente de l’Union des municipalités du Québec, Suzanne Roy, a donné un exemple concret du changement de mentalité que ce principe imposera. «Prenons l’exemple du styromousse, que l’on retrouve comme emballage dans les supermarchés. Il s’agit là de notre produit mal-aimé des centres de tri. Effectivement, il faudra trouver des solutions à la source ou en recyclage. Ce sera possible avec cette réforme de bien faire les choses.»
La députée de Québec solidaire Ruba Ghazal, responsable du dossier de l’environnement, a vu comme « une bonne chose » le fait que le gouvernement caquiste responsabilise les entreprises qui produisent des contenants et emballages. Elle s’inquiète cependant du fait qu’il faudra attendre à 2025 pour que tout soit pleinement déployé.
La Fédération des chambres de commerce du Québec, quant à elle, s’est réjouie de la somme de 30,5 millions $ qui sera octroyée pour la modernisation des centres de tri. «Les possibilités de débouchés sont nombreuses et l’innovation peut mener à l’émergence de nouvelles solutions québécoises d’économie circulaire, pour des matériaux de construction par exemple», a commenté Charles Milliard, président-directeur général.
Le groupe écologiste Équiterre a dit accueillir «avec prudence» la réforme, estimant qu’il vaudrait mieux s’attaquer à la source du problème: le suremballage et la surconsommation. «Tant et aussi longtemps qu’on ne révise pas nos modes de production et nos habitudes de consommation, nous paierons le prix fort pour traiter les matières résiduelles. La réduction à la source est l’enjeu auquel le gouvernement devrait s’attaquer en priorité pour protéger nos ressources», a commenté Colleen Thorpe, directrice générale d’Équiterre.