Comment trouver les bons partenaires sur le marché boursier
Les investigateurs financiers|Publié le 28 janvier 2019(Photo: Charles Desgroseilliers)
BLOGUE INVITÉ. En économie, il existe un concept appelé le problème principal-agent. Dans le domaine des affaires, il s’agit du cas où les dirigeants d’une entreprise ne sont pas les mêmes personnes que les propriétaires. Il en est ainsi pour la plupart des sociétés négociées en Bourse. Cela a pour conséquence que les intérêts des gestionnaires ne sont pas nécessairement alignés sur ceux des actionnaires.
Par exemple, un gestionnaire peut refuser de faire un investissement indispensable, qui pourrait réduire les bénéfices à court terme de la société et sa propre rémunération, mais augmenter la valeur à long terme des actionnaires. Le problème du principal-agent a également pour effet d’augmenter la bureaucratie, ainsi que les acquisitions douteuses, car le gestionnaire sera davantage intéressé par la promotion de son ego que par l’accroissement de la valeur de l’entreprise.
Une solution à ce problème consiste à acheter des actions de sociétés ayant des actionnaires-exploitants. Dans la plupart des cas, ces propriétaires-exploitants sont également les fondateurs de la société. Les propriétaires-exploitants peuvent plus facilement prendre des décisions qui sacrifient les bénéfices à court terme pour créer de la valeur à long terme.
Une étude réalisée en 2016 par l’Université Purdue a démontré que les PDG fondateurs sont plus innovants, génèrent plus de brevets et sont plus susceptibles de faire des investissements audacieux pour renouveler et adapter leurs modèles d’affaires.
Dans une autre étude de la société d’investissement new-yorkaise Horizon Kinetics, celle-ci révèle qu’un panier d’actions comprenant des sociétés américaines dirigées par des actionnaires-exploitants a rapporté un rendement composé de 12,7% au 31 décembre 2013, contre 9,2% pour le S&P sur une période de 20 ans.
En fait, il n’est pas nécessaire de chercher bien loin pour trouver d’excellents actionnaires-exploitants. Ici même au Québec, Alain Bouchard d’Alimentation Couche-Tard en est un bon exemple. Il a débuté son empire du dépanneur avec seulement 1 emplacement en 1980 et a toujours été un actionnaire important, détenant environ 12% des actions en circulation. En concentrant tous ses efforts et faisant preuve d’un grand dévouement, Bouchard a construit une immense richesse pour lui-même et ses actionnaires. Au cours des 10 dernières années jusqu’en décembre 2018, les actionnaires de Couche-Tard ont accru leur capital à hauteur d’environ 31% par année, et ce avant les dividendes!
D’autres fondateurs ou familles comme Stanley Ma de MTY ou les Rossy de Dollarama sont des histoires locales tout aussi remarquables qu’inspirantes.
Ce qu’on en retient, c’est qu’avant d’acheter des actions, il est bien de se demander: «Les dirigeants de cette société travaillent-ils pour moi ou contre moi?»
Patrick Thénière, CIM, Associé, Barrage Capital