Couche-Tard défend à Tokyo son offre de racheter l’ensemble de Seven & i
AFP|Publié le 18 octobre 2024(Photo: Getty Images)
Tokyo — Le distributeur Couche-Tard souhaite acquérir «l’ensemble» de son rival japonais Seven & i, ont insisté ses dirigeants en visite cette semaine à Tokyo, où les responsables du groupe nippon ont obstinément refusé de les rencontrer, selon des informations de presse.
Alors que Seven & i a annoncé vouloir scinder ses activités pour se concentrer sur ses populaires supérettes 7 — Eleven, «nous ne voulons pas acheter une partie de l’entreprise», a indiqué au journal japonais Nikkei le PDG de Couche-Tard, Alex Miller, dans un entretien publié jeudi.
Il était en visite cette semaine à Tokyo, notamment en compagnie du président du conseil d’administration d’ACT, Alain Bouchard, pour défendre leur proposition de racheter Seven & i.
Désireux de rencontrer des responsables du groupe japonais, ils ont fait chou blanc.
«Nous les avons invités, nous avons cherché à organiser une rencontre, mais cela n’a pas marché. Mais cela finira par se faire», a déclaré Alain Bouchard à l’agence Bloomberg.
«Nous voulons mieux comprendre la culture japonaise, les préoccupations des Japonais», a-t-il ajouté.
Seven & i, qui possède 85 000 magasins dans une vingtaine de pays, avait rejeté début septembre une première proposition de rachat par Alimentation Couche-Tard (ACT) qu’il jugeait sous-évaluée. L’entreprise a depuis amélioré son offre, qui valorise Seven & i à 47 milliards de dollars selon Bloomberg.
Ce qui en ferait la plus grosse acquisition d’une firme japonaise par un acteur étranger.
Mais soucieux de se défendre, Seven & i a annoncé le 10 octobre vouloir isoler 7 — Eleven, cœur de son activité, en créant une unité distincte pour ses autres filiales (banque, supermarchés…), une restructuration censée renforcer la valeur du groupe.
7- Eleven est la plus grande chaîne de magasins de proximité au monde. Un quart d’entre eux se trouvent au Japon, où ces supérettes omniprésentes proposent aussi bien des plats à emporter que des billets de concert et divers services de proximité.
De quoi en faire un symbole : Tokyo a classé mi-septembre Seven & i comme entreprise «essentielle», au risque de compliquer son rachat.
Couche-Tard s’attache aujourd’hui à démontrer qu’il ne «changera rien au modèle» 7 — Eleven : «Nous prenons les bonnes pratiques des magasins (…) Nous garderons les gens qui gèrent cette entreprise» avec des «partages de culture» entre les deux groupes, a insisté Alain Bouchard auprès de Bloomberg, assurant qu’aucun Canadien ne sera parachuté pour prendre la tête des opérations de Seven & i.
Un tel rapprochement pourrait aussi susciter les réserves des régulateurs antitrust, notamment aux États-Unis, au vu de l’emprise de l’entité combinée — le groupe possédant déjà quelque 16 700 magasins dans 31 pays, dont l’enseigne Circle K.
Selon la presse financière, la nouvelle offre de Couche-Tard se chiffre à 18,19 dollars par action, très nettement au-dessus du cours de Seven & i à la Bourse de Tokyo (2 215 yens jeudi, soit 14,82 dollars).
Le fonds américain Artisan Partners, actionnaire de Seven & i, a enjoint mercredi le groupe japonais à engager des négociations avec Couche-Tard : «le prix désormais offert par ACT est clairement supérieur à la valeur pouvant être atteinte ultérieurement en mettant en œuvre le projet de restructuration», a-t-il écrit.