L’une après l’autre, les places européennes ont affiché des chutes historiques. (Photo: Getty Images)
Des débâcles historiques à Paris, Londres, Francfort; Wall Street qui sombre et se reprend légèrement : les marchés ont cédé une nouvelle fois à la panique jeudi, ayant visiblement perdu l’espoir d’une réponse économique efficace à la pandémie.
L’une après l’autre, les places européennes ont affiché des chutes historiques : pire séance de l’histoire du CAC 40 à Paris (-12,28 %), Francfort au plus mal depuis la Réunification (-12,24 %), Londres qui n’avait jamais dévissé à ce point depuis octobre 1987. À Milan aussi, pire baisse jamais enregistrée : 16,92 %. Madrid a lâché plus de 14 %.
En données cumulées, la violence de la correction boursière apparaît encore mieux : les grandes places européennes ont perdu 30 % ou plus depuis le début de l’année.
À Wall Street, vers 13H10, le Dow Jones était en recul de 7,92 %, après avoir chuté de plus de 9 % en séance. Une remontée consécutive à la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed) d’injecter 1 500 milliards de dollars supplémentaires cette semaine sur le marché monétaire.
L’indice le plus célèbre du monde a perdu 22 % de sa valeur depuis janvier. En début de séance, la panique était telle que les échanges ont été suspendus pendant quinze minutes peu après l’ouverture.
En Amérique latine, curée également, à Buenos Aires comme à Sao Paulo.
Vendez, vendez, vendez
Les marchés ne croient visiblement plus à une réponse économique et financière efficace face à une pandémie qui ferme les frontières, les usines, les écoles, mettant un coup de frein jamais vu à l’économie mondialisée.
Les annonces de relance en ordre dispersé des gouvernements et des banques centrales, sans véritable coordination, n’arrangent rien, pas plus que les décisions de confinement qui se succèdent.
Attendue au tournant, la Banque centrale européenne a annoncé qu’elle maintenait ses taux directeurs inchangés, alors que ses homologues américaine et britannique ont toutes deux opté quelques jours plus tôt pour des baisses.
Le fait que la BCE n’ait pas fait de même « en dit long sur le manque de coordination entre les États-Unis et l’Union européenne », commente dans une note Sébastien Galy de Nordea Investment.
L’institution a toutefois lancé jeudi un programme de prêts pour soutenir les PME les plus touchées par l’épidémie de coronavirus, et compte acheter 120 milliards d’euros de dette publique et privée supplémentaire d’ici la fin de l’année. Pas de quoi rassurer les investisseurs.
La réaction a été tout aussi brutale sur le marché de la dette. Les investisseurs se détournant des actifs risqués, le taux à dix ans italien remontait en flèche, tandis que son pendant allemand, le « Bund », considéré comme une valeur refuge, s’enfonçait.
La journée avait déjà très mal démarré, les investisseurs redoublant d’inquiétude après la décision de Donald Trump de suspendre pour 30 jours l’entrée des Européens aux États-Unis en raison du coronavirus.
Cette suspension sera effective dès la nuit de vendredi à samedi. Seuls les citoyens américains et les résidents permanents aux États-Unis seront autorisés à rentrer pendant cette période, et le département d’État a invité dans la foulée les Américains à éviter tout voyage à l’étranger, un fait sans précédent.
« Vendez, vendez, vendez » : l’analyste d’AxiCorp Stephen Innes avait résumé en tout début de journée l’état d’esprit dans les salles de marché.
Avant même ce jeudi noir, Howard Silverblatt, Senior Index Analyst chez S&P DOW JONES INDICES, avait estimé que 11 300 milliards de dollars de capitalisation boursière étaient déjà partis en fumée dans le monde.