CHRONIQUE. La volatilité extrême des cryptomonnaies a de quoi troubler le plus zen des investisseurs. La plupart...
CHRONIQUE. La volatilité extrême des cryptomonnaies a de quoi troubler le plus zen des investisseurs. La plupart de ces devises virtuelles ont touché leur sommet à la fin de 2017 ou au début de 2018 pour dépasser les 1000 % de rendements sur les derniers 12 mois. Depuis ce sommet, tout a dégringolé d’au moins 80 %. Les prix sont encore loin de leur sommet de 2018 malgré leur remontée en 2019.
Quel est maintenant leur potentiel ?
Dans notre économie toujours plus numérique, les cryptomonnaies sont appelées à occuper une place plus de plus en plus grande, plus particulièrement la technologie sur laquelle elles reposent, la chaîne de blocs (blockchain). Celle-ci assure une sécurité inégalée des transactions, tout en réduisant les coûts. C’est particulièrement intéressant quand on pense aux frais élevés que les banques et les courtiers exigent pour les transactions internationales. Ce l’est d’autant plus pour les gens moins fortunés qui souhaitent exécuter plusieurs petites transactions et les gens qui vivent dans les pays dont la devise locale n’est pas fiable. Pensons au Venezuela.
Vers laquelle se tourner ?
Au moment d’écrire ces lignes, plus de 2000 cryptomonnaies étaient en circulation. C’est beaucoup, mais le bitcoin, l’ethereum et le ripple représentent à elles trois plus de 70 % de ce marché.
Ça peut sembler rassurant de retenir le bitcoin, la plus populaire de toutes. C’est toutefois la plus chère alors que sa méthodologie est déjà dépassée. L’ethereum peut par exemple exécuter des transactions plus complexes, comme des contrats d’assurance, ce que ne permet pas le bitcoin. Quant au ripple, son développement se fait en collaboration avec plusieurs grandes institutions financières mondiales, dont la Banque Royale et la Banque de Montréal, et peut exécuter à moindres frais des transactions partout sur la planète beaucoup plus rapidement que le bitcoin.
À long terme, la cryptomonnaie qui devrait être la plus valorisée est celle qui offrira les solutions les plus efficaces sur les plans du coût, de la sécurité et de la rapidité. Aussi populaire soit-il aujourd’hui, le bitcoin est plus coûteux et moins rapide que ses concurrents.
Un argument qui revient souvent pour expliquer la popularité du bitcoin tient à son statut de précurseur. Ça peut tenir un temps, mais pas éternellement. Avec sa technologie, Blackberry a été un pionnier et longtemps le joueur dominant sur le marché du téléphone intelligent. Ses parts de marché se sont vite érodées après l’arrivée de technologies supérieures introduites par Apple, avec le iPhone, et par Google, avec Android.
Plus les technologies progressent rapidement, plus un changement de leadership est susceptible de se produire. Dans le domaine des cryptomonnaies, la technologique avance à une vitesse folle.
Cette rapidité s’explique par la transparence de la blockchain ; les programmes informatiques qui en sont issus sont publics. Il est donc plus facile de créer une nouvelle cryptomonnaie en améliorant un programme existant accessible à tous. L’arrivée d’une nouvelle plus rapide, plus flexible, plus sécuritaire et moins chère à utiliser risque à tout moment de faire chuter ses concurrentes existantes.
Le côté obscur du bitcoin
Ça n’explique pas pourquoi le bitcoin se maintient au sommet de la popularité. Une explication provient des résultats de recherches publiés dans le dernier numéro de The Review of Financial Studies. On y apprend que plus de 40 % des transactions en bitcoins sont liées à des activités illégales (ventes de drogues, d’armes, demandes de rançons, blanchiment d’argent, etc.).
Le bitcoin est apprécié dans ce créneau, car l’anonymat des détenteurs de portefeuille est assuré malgré le fait que la blockchain enregistre et rend publiques toutes les transactions. On peut savoir quel portefeuille détient combien de bitcoins. Par contre, on ne sait pas à qui appartiennent les portefeuilles.
Un autre risque auquel s’expose l’investisseur est lié au choix de l’intermédiaire. La majorité des investisseurs de cryptomonnaies ont confié leur portefeuille à un courtier ou une bourse électronique. C’est à ce niveau que se situe le maillon faible et c’est là qu’il y a potentiellement de la fraude. Des pirates ont réussi à pénétrer le système informatique de la bourse pour voler des portefeuilles. Les sommes investies peuvent aussi être détournées par le courtier, comme l’ont vécu les clients QuadrigaCX. Pour la petite histoire, le président de la firme a subitement disparu, emportant avec lui les mots de passe donnant accès aux 260 millions de dollars de cryptomonnaies de ses clients renfermés sur son ordinateur portatif. Et aucun recours possible pour les récupérer. Un scénario inimaginable dans un environnement bien réglementé comme celui des banques.
Est-ce que la popularité du bitcoin résistera aux meilleures technologies offertes par les cryptomonnaies concurrentes ? C’est possible mais il est difficile de s’en convaincre. L’ethereum et le ripple font déjà mieux en termes de rapidité, de flexibilité et de faibles coûts.
Seule une meilleure réglementation limitera les pertes liées aux activités illégales et à la faible gouvernance. Les organismes de réglementation comme l’AMF sont appelés à intervenir et la recherche dans l’industrie des Fintech en sera un catalyseur. Il n’y a pas de doutes qu’à long terme, le rôle des cryptomonnaies et surtout de la méthodologie blockchain sera de plus en plus important dans la société de demain.