Dans quelle mesure la Banque du Canada réduira-t-elle ses taux?
Morningstar|Mis à jour le 11 novembre 2024(Photo: Getty Images)
Le dernier rapport sur l’emploi au Canada met en évidence un ralentissement du marché du travail, ce qui alimente les appels à la Banque du Canada pour qu’elle procède à une réduction importante des taux d’intérêt afin de compenser l’affaiblissement de la dynamique économique.
Selon le rapport publié vendredi par Statistique Canada, l’économie canadienne a créé 15 000 emplois en octobre, ce qui est nettement inférieur à la prévision consensuelle de 25 000, tandis que les salaires des employés permanents ont augmenté.
Les données montrent que le taux de chômage s’est maintenu à 6,5%, le même qu’en septembre et un peu en dessous de la projection de FactSet de 6,6%. Les économistes ont réagi à ces données peu encourageantes en affirmant que le refroidissement du marché du travail et la faiblesse de l’économie canadienne renforcent la possibilité d’une nouvelle réduction de 50 points de base des taux d’intérêt lors de la réunion des décideurs de la Banque du Canada, le 11 décembre.
Dans quelle mesure la Banque du Canada réduira-t-elle ses taux?
«Le rapport sur l’emploi d’octobre est tout à fait cohérent avec une économie qui continue d’enregistrer une croissance modeste», déclare Douglas Porter, économiste en chef à BMO, dans une note aux investisseurs.
«Ce résultat médiocre n’affecte pas vraiment l’indicateur de réduction des taux de la Banque du Canada, le marché penchant toujours légèrement en faveur d’une nouvelle réduction de 50 points de base en décembre.»
Si les données les plus récentes plaident en faveur d’une réduction plus importante, la question n’est pas réglée pour autant. Il reste à la banque centrale un mois complet de données économiques (y compris un autre rapport sur l’emploi et le rapport sur le PIB) à analyser avant de prendre une décision.
«La nature mitigée des données publiées aujourd’hui n’a pas aidé, mais nous continuons à pencher en faveur d’une nouvelle hausse de 50 points de base», déclare Andrew Grantham, économiste principal à la Banque CIBC. Cependant, il ajoute qu’avec un autre rapport sur l’emploi avant la décision de la Banque, «la publication n’allait jamais clore le débat sur les points de base».
Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale, estime qu’un faible appétit alors que le réservoir de travailleurs s’accroît à un rythme effréné n’est pas de bon augure pour la stabilisation du marché du travail. “Nous restons préoccupés par une nouvelle détérioration dans les mois à venir, car la politique monétaire reste restrictive”, déclare-t-il.
Selon M. Arseneau, même si les dernières données sur l’emploi ne plaident pas en faveur d’une baisse plus importante des taux, «nous pensons toujours qu’une baisse de 50 points de base est appropriée».
Cela fait de James Orlando, économiste principal à la Banque TD, une rare voix qui insiste sur le fait que le marché du travail ne forcera pas la main de la Banque du Canada.
«Le rapport devrait encourager la Banque à revenir à une réduction de 25 points de base en décembre, même si cela signifie qu’elle doit se réjouir de sa décision exceptionnelle de 50 points de base», affirme-t-il. Il concède néanmoins qu’‘une réduction de 50 points de base serait le meilleur choix «si les décideurs politiques sont résolus à ramener le taux directeur dans une fourchette neutre [2,25%-3,25%] d’ici la fin de l’année».
Le ralentissement du marché du travail se poursuit
Le refroidissement du marché du travail reste une préoccupation majeure. Les analystes estiment que l’augmentation des chiffres de l’emploi en octobre est insuffisante pour stabiliser la détérioration en cours.
«Les 15 000 emplois créés sont loin des 51 000 nécessaires pour stabiliser le taux d’emploi, qui a connu une sixième baisse consécutive et qui est maintenant en baisse de 1,8 point de pourcentage par rapport à son sommet de 2023», indique M. Arseneau. Même si cette baisse était attendue, compte tenu du vieillissement de la population, il estime que la rapidité de la réduction récente est le signe d’une faiblesse évidente.
Le taux de chômage a été particulièrement élevé en Alberta (7,3 %) et en Ontario (6,8 %), dépassant la moyenne nationale de 6,5 %, en raison de la croissance démographique rapide dans ces deux provinces. M. Arseneau met en garde contre une célébration trop rapide de la stabilité du taux de chômage national, “car elle a été soutenue en partie par une nouvelle baisse du taux d’activité, reflétant peut-être le découragement des demandeurs d’emploi.”
Le marché du travail canadien dispose encore d‘une grande marge de manœuvre, selon Tiago Figueiredo, stratège macro chez Desjardins, qui cite une forte poussée des taux de chômage dans le groupe d’âge principal (25-54 ans). “Ces cohortes ont tendance à dépenser plus et à avoir des engagements plus importants, de sorte que tout signe de ralentissement croissant dans ce segment serait inquiétant pour les banques centrales”, explique-t-il.
Le taux d’emploi (la proportion de la population en âge de travailler qui est employée) a baissé de 0,1 point de pourcentage pour atteindre 60,6 % en octobre, soit la sixième baisse mensuelle consécutive. D’une année sur l’autre, il a baissé de 1,3 point de pourcentage, poursuivant une tendance à la baisse depuis le récent pic de 62,4 % atteint en février 2023.
Le dollar subit le contrecoup de la crise
Selon M. Orlando, une réduction de 25 points de base “favoriserait le dollar canadien, qui a été affaibli par l’élargissement des écarts de taux avec la Fed [américaine].” Toutefois, si la Banque du Canada optait à nouveau pour une baisse importante des taux, cela ferait probablement chuter davantage le dollar canadien. Le huard a atteint un sommet récent de 1,21 dollar canadien par rapport au dollar américain en mai 2021, mais il a chuté depuis, atteignant un creux de 1,39 dollar canadien par rapport au dollar américain le 1er novembre, où il s’est maintenu.
La valeur du dollar canadien est également influencée par les politiques monétaires différentes de la Banque du Canada et de la Réserve fédérale américaine. Si la banque centrale canadienne abaisse ses taux d’intérêt plus rapidement (et plus massivement) que la Fed, le huard se dépréciera davantage. Toutefois, cet écart s’est récemment réduit de 100 à 75 points de base lorsque la Fed a réduit ses taux de 25 points de base.
“Les différentiels de taux d’intérêt ne sont pas le seul moteur de la devise. Le sentiment de risque joue également un rôle important dans l’explication des mouvements du dollar canadien”, explique M. Figueiredo.
La victoire décisive de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine brouille encore davantage les cartes. La Fed doit calibrer sa politique monétaire dans un environnement plus incertain, avec des propositions de relance budgétaire et de droits de douane qui brouillent les pistes. Il reste à voir quelles propositions seront finalement mises en œuvre, “mais ces politiques pourraient être les catalyseurs d’une divergence plus prononcée de la politique monétaire entre les juridictions”, affirme M. Figueiredo.
Douleur économique prolongée?
Les données macroéconomiques, comme le rapport sur l‘emploi d’octobre, indiquent que le malaise économique persiste au Canada. Cependant, certains économistes voient la lumière au bout du tunnel. Ils trouvent de l’espoir dans le fait que l’économie a créé 270 000 emplois cette année, y compris les 15 000 nouveaux emplois d’octobre, et pensent qu’elle est peut-être sur le point de franchir un cap.
“Dans ce contexte, nous voyons le chômage plafonner autour des niveaux actuels, car le plan du gouvernement fédéral visant à ralentir énergiquement la croissance démographique devrait limiter l’accumulation d’une nouvelle marge de manœuvre sur le marché du travail”, déclare Thomas Feltmate, économiste principal à la Banque TD.
Selon M. Figueiredo, le marché du travail canadien pourrait encore s’affaiblir, mais il ne s’attend pas à un scénario de détérioration importante. “Le cycle de réduction des taux d’intérêt au Canada est bien engagé, et certains signes indiquent que la croissance économique commence à se redresser, le suivi du PIB au quatrième trimestre semblant sain”, déclare-t-il.
Les Canadiens réagissent aux baisses de taux en augmentant leurs dépenses, ce qui pourrait relancer le marché du logement — un élément clé de la croissance économique nationale. «Nous prévoyons un rebond de la croissance économique au quatrième trimestre 2024 et au premier semestre 2025», indique M. Orlando. «À moins d’un choc géopolitique, comme d’importants tarifs douaniers américains, 2025 devrait être un rebond pour le Canada, et non un ralentissement.»
Cet article a été généré à l’aide de l’intelligence artificielle et revu par les rédacteurs de Morningstar.