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Deezer s’écroule pour ses premiers pas à la Bourse de Paris

AFP|Publié le 05 juillet 2022

Deezer s’écroule pour ses premiers pas à la Bourse de Paris

Lancé en 2007, le service français d'écoute musicale par abonnement revendique près de 30% du marché en France, mais ses 9,6 millions d'abonnés ne pèsent que 2% du marché mondial du streaming musical, loin derrière le leader Spotify. (Photo: 123RF)

Paris — La plateforme française Deezer s’écroulait mardi matin pour ses premiers pas en Bourse, arrivant dans un marché qui a subi de lourdes pertes ces derniers mois, une deuxième mauvaise expérience après sa première tentative avortée en 2015.

À 6h30, heure du Québec, l’action Deezer s’effondrait de 22,64% à 6,58 euros, contre 8,50 euros pour son cours d’ouverture, à la Bourse de Paris, en baisse de 1,11%.

Contacté par l’AFP en fin de matinée, Deezer n’a pas souhaité faire de commentaires.

Une chute pas «choquante» pour un gérant d’actions de Dôm Finance, Valentin Bulle.

Le concurrent français de Spotify a fait ses débuts mardi à la Bourse de Paris, quelques minutes après que son patron a sonné la cloche ouvrant le marché, aux côtés du ministre de l’Économie Bruno Le Maire, a constaté un journaliste de l’AFP sur place.

Pierre Michaud, gestionnaire de portefeuille chez Monocle, rappelle que dans le même secteur «la capitalisation boursière de Spotify a été découpée par trois en un an et demi». La valeur de l’action du géant suédois a même perdu 60% depuis le début de l’année, mais plus largement c’est tout le secteur technologique qui dégringole, l’indice américain de référence, le Nasdaq, affiche par exemple une chute de pas loin de 30%.

«Deezer arrive à un moment où les capitalisations se rationalisent», il est donc normal que le titre subisse «une décote» et rattrape en quelque sorte les pertes des derniers mois d’un seul coup, estime Pierre Michaud.

Quelques jours plus tôt, Jeronimo Folgueira, patron de Deezer depuis juillet 2021, avait souligné à l’AFP que pour cette «deuxième tentative» boursière, «la situation est différente de ce qu’elle était en 2015», avec un marché du «streaming musical vraiment établi».

«L’état dans lequel se trouve l’entreprise est aujourd’hui bien meilleur qu’il y a sept ans», avait-il complété, identifiant la période actuelle comme «le bon moment» pour «devenir une société cotée».

 

«Contexte difficile»

Il reconnaissait cependant que le contexte est «difficile en ce moment» pour les valeurs technologiques sur les marchés.

Pour réussir cette fois-ci, les principaux actionnaires de Deezer — notamment le milliardaire anglo-américain Len Blavatnik qui détient 43% des parts — ont choisi un système d’introduction moins risqué, via un SPAC, un véhicule d’investissement.

Le SPAC I2PO, fondé par la famille du milliardaire français François Pinault, l’homme d’affaires français Matthieu Pigasse et l’ancienne dirigeante de WarnerMedia, Iris Knobloch a levé des fonds en Bourse pour faciliter la cotation de Deezer et a déjà récolté 143 millions d’euros.

Lancé en 2007, le service français d’écoute musicale par abonnement revendique près de 30% du marché en France, mais ses 9,6 millions d’abonnés ne pèsent que 2% du marché mondial du streaming musical, loin derrière le leader Spotify (31% de parts de marché), Apple, Amazon et Tencent, selon le cabinet MIDiA.

La stratégie de Deezer, qui veut plus que doubler ses revenus d’ici à 2025, est de miser sur la musique, son univers et sa technologie, contrairement à Spotify qui multiplie les lancements de podcasts ou Amazon qui se concentre sur les livres audio.

Pour profiter de la croissance rapide du marché mondial du streaming (+26,4% d’utilisateurs en un an au second semestre 2021), Deezer compte s’allier avec des acteurs déjà implantés dans plusieurs marchés clé : les opérateurs Orange en France et Tim au Brésil, ou encore le groupe RTL en Allemagne.

«Notre intention est de trouver des partenaires avec lesquels nous pouvons entrer sur de nouveaux marchés, car nous avons un produit extrêmement compétitif et, avec la bonne distribution, nous savons que nous pouvons conquérir des parts de marché et rivaliser avec les grands acteurs», détaillait récemment Jeronimo Folgueira.

Si l’entreprise Believe (accompagnement d’artistes et de labels indépendants) avait levé 300 millions d’euros lors de son introduction en juin 2021 — une déception face au montant escompté initialement —, Banijay, géant mondial de la télévision, et Betclic, poids lourd européen du pari sportif en ligne, ont réussi leur entrée en Bourse vendredi à Amsterdam.