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Des agences de notation inquiétées par les finances de Bombardier

La Presse Canadienne|Publié le 17 janvier 2020

S&P doute que Bombardier soit en mesure de générer des flux de trésorerie suffisants afin de réduire sa lourde dette.

Deux des principales agences de notation nord-américaines n’ont pas tardé à manifester leurs inquiétudes à l’égard des finances de Bombardier, qui considère ses options pour réduire sa dette de plus de 9 milliards $ US, ce qui soulève des questions sur son avenir.

Dans une note de recherche, S&P Global Ratings a fait passer ses perspectives de « stables » à « négatives », vendredi, emboîtant ainsi le pas à Moody’s, qui avait fait de même en soirée la veille.

Parallèlement, au lendemain d’une dégringolade de 32 % à la Bourse de Toronto, le titre du constructeur d’avions et de trains continuait à perdre des plumes, vendredi après-midi, en retraitant de sept cents, ou 5,7 %, pour se négocier à 1,15 $.

Aux prises avec des difficultés persistantes dans sa division ferroviaire, Bombardier a également laissé planer le doute sur sa participation dans l’A220, moins de deux ans après avoir cédé le contrôle du programme autrefois appelé C Series à Airbus.

La multinationale s’attend à consommer 1,2 milliard $ US en liquidités pour l’exercice 2019, alors que sa prévision datant du mois d’août dernier évoquait plutôt 500 millions $ US.

« Par conséquent, nous sommes moins convaincus que Bombardier soit en mesure de générer des flux de trésorerie positifs (qui servent à rembourser la dette) en 2020 et d’afficher une amélioration en 2021 », a souligné S&P Global Ratings, qui n’a pas fermé la porte à une éventuelle décote de Bombardier, dont la note est « B— ».

Une révision à la baisse de la note de crédit se traduit généralement par une hausse des coûts d’emprunt.

Dans la division ferroviaire, les problèmes persistants, notamment en lien avec des contrats au Royaume-Uni, avec les Chemins de fer fédéraux suisses et en raison de coûts accrus en Allemagne, forceront l’entreprise à comptabiliser une charge de 350 millions $ US.

« La (situation des) flux de trésorerie, le niveau d’endettement, les investissements supplémentaires pour l’A220 et l’examen d’options pour accélérer le désendettement se reflètent dans notre décision », a expliqué l’analyste principal et vice-président chez Moody’s, Jamie Koutsoukis.

Moody’s a néanmoins souligné que Bombardier avait accès à des liquidités de 2,6 milliards $ US en date du troisième trimestre et qu’elle devrait obtenir environ 1,1 milliard $ US grâce aux ventes du programme des jets régionaux CRJ et de ses usines de Belfast ainsi que de Casablanca.

Puisque le rendement devrait être plus faible, Bombardier risque de dévaluer sa participation dans la Société en commandite Airbus Canada (SCAC).

L’État québécois, qui a injecté 1 milliard $ US dans l’ex-C Series en 2016 et qui détient actuellement une participation de 16,36 % dans le programme, devrait devoir faire de même avec son placement.

Puisque de nouveaux fonds sont nécessaires, Québec se retrouve également dans une situation délicate, puisqu’il faudra encore mettre de l’argent sur la table pour éviter une nouvelle dilution de sa participation.

Interrogé à ce sujet vendredi, Mathieu St-Amand, l’attachée de presse du ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a indiqué qu’il n’y avait toujours pas de commentaires à offrir.

Puisqu’il ne reste plus beaucoup d’actifs à vendre pour réduire sa lourde dette, des analystes financiers ont évoqué des scénarios où Bombardier pourrait tout simplement se départir de sa division des jets d’affaires ou de son secteur du matériel roulant.

« Actuellement, il n’y a pas de demande, et nous ne prévoyons pas en faire une », a indiqué par courriel une porte-parole de la société, Jessica McDonald, en réponse à une question visant à savoir si la compagnie avait cogné à la porte des gouvernements.

Bombardier doit divulguer ses résultats du quatrième trimestre le 13 février.