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Desjardins prévoit une réduction plus importante du taux directeur en octobre

La Presse Canadienne|Mis à jour le 24 septembre 2024

Desjardins prévoit une réduction plus importante du taux directeur en octobre

(Photo: La Presse Canadienne)

La Banque du Canada devrait imiter son homologue américaine et annoncer une baisse d’un demi-point du taux directeur en octobre, prévoit le vice-président et économiste en chef du Mouvement Desjardins, Jimmy Jean. 

Après trois réductions consécutives depuis juin, la banque centrale canadienne devrait poursuivre sur cette lancée, mais en accélérant le rythme. Le taux directeur, qui s’élève désormais à 4,25%, pourrait être abaissé d’un autre 75 points de base d’ici la fin de l’année, anticipe M. Jean. 

«Dès la prochaine réunion au mois d’octobre, la Banque du Canada va emboîter le pas (de la Réserve fédérale des États-Unis) avec une baisse de 50 points de base», a affirmé l’économiste lors d’une conférence web de Desjardins et de l’Institut du Québec sur des prévisions économiques et financières, mardi.

Cette projection rejoint celle d’autres économistes qui s’attendent aussi à des baisses de taux potentiellement plus importantes avec une inflation qui a atteint en août la cible de 2 % recherchée par la banque centrale. 

Lors des trois dernières annonces, la Banque du Canada a opté chaque fois pour des baisses d’un quart de point de pourcentage. Le gouverneur Tiff Macklem a signalé lors de la plus récente décision en septembre une volonté de réduire les taux plus rapidement si l’économie et l’inflation étaient significativement plus faibles que prévu. 

M. Jean remarque «un changement de cap dans la posture» de la banque centrale alors que l’économie montre des signes de faiblesse. 

«Il y a six mois à peine, elle nous parlait des risques encore à la hausse sur l’inflation. Aujourd’hui, on incite beaucoup moins là-dessus. Par contre, on parle du marché de l’emploi qui se détériore et on sent qu’il y a une volonté d’être proactif, de ne pas réagir trop tard ou de ne pas laisser ça se détériorer», a soutenu l’économiste. 

Les prochaines annonces de la Banque du Canada en 2024 auront lieu le 23 octobre et le 11 décembre.
Desjardins, qui a revu ses prévisions sur les baisses, prévoit toujours que le taux directeur terminera sa descente à 2,25% possiblement en deuxième moitié de l’année 2025.

Aux États-Unis, la Fed a abaissé la semaine dernière son taux directeur pour la première fois depuis 2020. Celui-ci a été réduit d’un demi-point pour s’établir dans une fourchette de 4,75 à 5 %.


Le défi de l’abordabilité

Bien que les réductions se fassent sentir sur les taux hypothécaires, un retour «avec des taux au plancher» comme il y a quelques années est à exclure, a prévenu M. Jean. 

L’effet sur l’abordabilité «va quand même être relativement limité», a-t-il dit. 

Par ailleurs, l’économiste en chef de Desjardins a fait part de ses réserves quant à la nouvelle possibilité d’amortir sur 30 ans son prêt hypothécaire au lieu de 25 ans pour les premiers acheteurs. Cette mesure annoncée par le fédéral vise à rendre les paiements hypothécaires mensuels plus abordables ainsi qu’à encourager la construction résidentielle. 

Cette initiative inscrite dans le cadre de la charte hypothécaire canadienne entraînera une augmentation du pouvoir d’achat ainsi que «de la demande très rapidement sur le marché», avance M. Jean. 
«Mais il n’y a rien qui garantit que l’offre va suivre. Si l’offre ne réagit pas comme on s’y attend, ça va causer une augmentation des prix. Finalement, le gain de l’abordabilité va être très temporaire», a-t-il affirmé. 

Si les différentes politiques fédérales pour stimuler l’offre de logement ont l’effet escompté, les mises en chantier au pays pourraient atteindre 305 000 unités en 2028, selon une note économique du Mouvement Desjardins publiée ce mois-ci. 

Un nombre qui reste toutefois bien en dessous du rythme nécessaire pour atteindre la cible de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, qui estime que 3,5 millions de logements additionnels sont nécessaires d’ici 2030 afin de rétablir l’abordabilité, évoque l’institution financière.

Par Frédéric Lacroix-Couture