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Doit-on s’attendre à une réduction modérée ou agressive de la Banque du Canada?

Morningstar|Publié à 12h38

Doit-on s’attendre à une réduction modérée ou agressive de la Banque du Canada?

(Photo: Getty Images)

L’économie canadienne montrant des signes de ralentissement plus importants que prévu, tous les regards se tournent vers le rapport sur l’emploi de novembre, attendu vendredi, pour obtenir des indices sur l’ampleur de la prochaine réduction des taux d’intérêt de la Banque du Canada. Après la faiblesse du PIB au troisième trimestre, les économistes pensent que le rapport sur l’emploi pourrait faire pencher la balance entre une réduction modérée et une réduction agressive. Un rapport médiocre pourrait inciter la Banque à procéder à une deuxième baisse importante consécutive.

La banque centrale a entamé son cycle d’assouplissement monétaire en juin de cette année et a depuis procédé à quatre réductions du taux d’intérêt au jour le jour, y compris une réduction de 50 points de base en octobre, ramenant le taux directeur de son pic de 5,00% au début de l’année à 3,75%.

FactSet prévoit que l’économie canadienne a créé 22 500 emplois en novembre, soit une augmentation par rapport aux 15 000 emplois créés en octobre. Toutefois, le taux de chômage ne devrait augmenter que légèrement, passant de 6,5% à 6,7%, ce qui témoigne d’une situation mitigée sur le marché du travail.

Le rapport sur l‘emploi au cœur du débat sur les taux d’intérêt

Comme les perspectives économiques restent fluides, le marché du travail pourrait influencer de manière significative le dernier appel de taux.

«Une grosse surprise à la baisse pourrait faire pencher la balance en faveur d’une deuxième baisse consécutive de 50 points de base», déclare Royce Mendes, directeur général et responsable de la stratégie macroéconomique chez Desjardins Marché des capitaux. Il est favorable à une baisse moins importante, mais admet que «les chances d’une baisse d’un demi-point ont augmenté».

Doug Porter, économiste en chef de BMO, partage ce point de vue. Bien qu‘il n’accorde généralement pas beaucoup d‘importance à un rapport sur l’emploi, il affirme que “compte tenu de l’étroitesse de l’écart entre une réduction de 25 et de 50 points, [le rapport sur l‘emploi] pourrait bien être le facteur décisif. La Banque examinera de près la croissance de l’emploi, le taux de chômage et le rythme de progression des salaires afin d’éclairer sa décision.”

Le ralentissement économique pourrait rendre plus urgente la réduction des taux d’intérêt

Le ralentissement de l’économie canadienne, avec une croissance du PIB d’à peine 1 % au troisième trimestre, a renforcé les arguments en faveur d’une nouvelle réduction de 50 points de la banque centrale afin de stimuler la croissance économique.

«Le marché a attribué beaucoup plus de chances à une réduction de 50 points de base en décembre à la suite des résultats médiocres du PIB», déclare M. Porter. Toutefois, il précise que si le marché évalue les chances d’une réduction d’un demi-point, «nous penchons toujours en faveur d’une réduction moins importante».

Taylor Schleich, directeur de l’économie et de la stratégie à la Banque Nationale du Canada, est d’accord avec le consensus actuel selon lequel il s’agit “essentiellement d’un tirage au sort entre 25 et 50 points de base pour la décision de taux de décembre”. Il ajoute que les chiffres du PIB pourraient justifier une réduction plus importante. Les données du troisième trimestre montrent que les taux sont encore trop élevés pour générer une reprise des investissements des entreprises, ce qu’il considère comme un signe clair que la politique reste trop restrictive.

«Une autre baisse importante des taux encouragerait sans aucun doute les dépenses et les investissements, et c’est exactement ce que la Banque du Canada aimerait voir “, explique-t-il.”Comme le PIB est inférieur à son potentiel, elle vous dira que le Canada a besoin d’une croissance plus forte pour combler l’écart de production.»

L’une des principales tendances du dernier rapport sur le PIB est la hausse de la consommation des ménages. Toutefois, M. Schleich estime que les chiffres révèlent également que les consommateurs ne dépensent pas au maximum de leurs capacités. En outre, les données préliminaires pour le quatrième trimestre n’indiquent pas que la croissance des dépenses retrouvera son potentiel.

La ride des facteurs externes

L’évolution de la situation au-delà des frontières canadiennes, en particulier aux États-Unis, pourrait être un facteur contributif que les décideurs politiques surveilleront lors du calibrage de leur prochaine manœuvre de taux.

“Le rythme des baisses de taux aux États-Unis et la santé de l’économie américaine peuvent également influer sur la décision de la Banque du Canada, et nous pensons que ces facteurs penchent en faveur d’une position plus prudente”, explique M. Porter.

La menace du président élu américain Doland Trump d’imposer un lourd tarif commercial de 25 % sur les importations canadiennes suscite également des inquiétudes.

“L’incertitude commerciale émanant des États-Unis pencherait également en faveur de baisses de taux plus importantes de la part de la Banque du Canada, en particulier si les hausses de tarifs douaniers proposées de 25 % sont promulguées”, indique M. Porter.

M. Mendes a exprimé des préoccupations similaires. “Les menaces de Trump pèseront au moins sur les investissements des entreprises, même si les droits de douane ne se concrétisent pas”, déclare-t-il, faisant allusion à l’affaiblissement des dépenses des entreprises signalé dans le récent rapport sur le PIB.

D’autre part, la baisse des prix du pétrole réduit les inquiétudes des décideurs politiques concernant l’inflation, ce qui pourrait rendre plus viable une réduction plus importante pour lutter contre l’affaiblissement de la croissance économique. Selon M. Porter, «des prix du pétrole inférieurs à 70$US le baril réduisent la pression sur l’inflation et militent en faveur de réductions de taux plus importantes, toutes choses égales par ailleurs.»

Le huard s’affaiblit

L’une des conséquences involontaires de la baisse des taux d’intérêt est le fléchissement du dollar canadien par rapport au dollar américain. Alors que la banque centrale souhaite voir la croissance s’accélérer à la suite des baisses de taux, “le dollar canadien continuerait à s’affaiblir”, affirme M. Schleich. Il prévient que les Canadiens peuvent s’attendre à “une nouvelle baisse du huard à l’avenir”.

Les décisions de politique monétaire prises au sud de la frontière ont également tendance à affecter l’économie canadienne et, par conséquent, la force du huard. C‘est pourquoi le rythme des réductions des taux d’intérêt américains et la santé de l’économie américaine peuvent également influencer la décision de la Banque du Canada.

«La Fed [américaine] est prête à ralentir le rythme des réductions, et la croissance et l’inflation américaines sont restées fermes, souligne M. Porter. Cela exerce une pression à la baisse sur le dollar canadien, ce qui rend un peu plus difficile pour la Banque du Canada de procéder à des réductions rapides.»

Cet article a été généré à l’aide de l’intelligence artificielle et revu par les rédacteurs de Morningstar. L’auteur ou les auteurs ne possèdent pas de parts dans les titres mentionnés dans cet article. En savoir plus sur les politiques éditoriales de Morningstar.