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Doit-on tuer le terme «ESG»?

Charles Poulin|Publié le 15 février 2024

Doit-on tuer le terme «ESG»?

Face à cette politisation du terme ESG, il est probablement temps de l’abandonner, croient des experts. (Photo: 123RF)

Devrait-on évacuer le terme ESG de la conversation sur le développement durable dans les entreprises? C’est ce que croient plusieurs experts du domaine qui suggèrent de le remplacer par « durabilité ».

Les ESG ont été mis à mal lors des derniers mois. Plusieurs les ont accusés d’être woke et d’avoir un agenda politique plutôt que de miser sur le meilleur rendement. L’un des opposants les plus notables est le patron de Tesla, Elon Musk, dont l’entreprise obtient des notes ESG plus basses que certaines pétrolières.

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Face à cette politisation du terme, il est probablement temps de l’abandonner, croient quatre experts qui participaient à un panel à l’occasion de l’événement Révolution ESG : saisir les opportunités, gérer les risques et assumer la responsabilité, organisé mercredi par HEC Montréal en partenariat avec l’Université d’Oxford.

« Les ESG sont politiquement chargés, avance Charles-Antoine St-Jean, président du Conseil canadien des normes d’information sur la durabilité (CCNID). On le voit en Europe, aux États-Unis et même au Canada. Le discours est bousculé dans une direction qui n’est pas pertinente avec ce que nous tentons de faire. »

Le vice-président de l’International Sustainability Standards Board (ISSB), Jingdong Hua, estime que le terme ESG a fait son temps.

« On oppose souvent ESG et les bénéfices d’une entreprise, souligne-t-il. C’est pourquoi, je crois, il faut remplacer ce terme par durabilité. Qui peut contredire qu’une entreprise devrait faire de la planification durable? Le terme ESG a été utile, mais maintenant, durabilité est beaucoup plus scientifique et neutre pour analyser plusieurs facteurs d’une industrie qui propulsent la valeur corporative au-delà des données financières directes. »

 

Intégré dans la stratégie

De toute façon, note Sonia Hernandez, associée enjeux ESG chez KPMG Canada, les entrepreneurs voient déjà les répercussions des facteurs ESG à travers leur chaîne d’approvisionnement.

Un sondage de KPMG réalisé l’automne dernier révèle que 60% des entrepreneurs sondés voient des augmentations de coûts reliées aux changements climatiques et à l’évolution sociale.

« C’est plutôt de la façon dont on capture et mesure les choses, explique-t-elle. La durabilité est pertinente. C’est une question de tirer les opportunités qui se présentent à vous, à gérer les risques et réduire les répercussions. Ce ne doit pas être l’ESG d’un côté et les finances de l’autre. Ça doit être intégré dans la stratégie des entreprises. »

Juliane Reinecke, professeure en commerce international à la Saïd Business School de l’Université d’Oxford, croit quant à elle que n’importe quel concept peut être politisé.

« Par contre, ce que j’aime de la durabilité, dans sa plus large définition, c’est de devoir satisfaire les besoins du présent sans sacrifier l’habileté de répondre à ceux des futures générations, présente-t-elle. Il y a donc une dimension temporelle de responsabilité de sauvegarder les ressources et les opportunités pour les générations futures. »

 

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