Le PDG d'Hydro-Québec, Éric Martel, retourne chez Bombardier où il remplacera Alain Bellemare.
Éric Martel avait quitté Bombardier pour aller diriger Hydro-Québec. Après cinq ans de règne à la société d’État, M. Martel rentre au bercail dans le fauteuil du PDG après le départ d’Alain Bellemare.
Avant de se joindre à Hydro-Québec, Éric Martel a occupé plusieurs postes de direction chez Bombardier, notamment celui de président de la division Avions d’affaires et de président de la division Services à la clientèle et Avions spécialisés.
Il entrera en poste le 6 avril. D’ici là, Éric Martel demeurera chez Hydro-Québec pour assurer la transition avec le nouveau dirigeant par intérim de la société d’État, Jean-Hughes Lafleur, nommé mercredi. Ce dernier est entré chez Hydro-Québec au début des années 90 et a gravi les échelons jusqu’à sa nomination comme vice-président exécutif et chef de la direction financière et du risque d’Hydro-Québec en avril 2018.
Auparavant, il a notamment occupé les postes de chef de la gestion des risques financiers, de directeur des marchés financiers et trésorier adjoint, de trésorier et de vice-président – financement, trésorerie et caisse de retraite.
«Je souhaite remercier sincèrement Éric Martel, dont le leadership a permis d’améliorer de manière importante la satisfaction de nos clients, tout en adoptant une approche axée sur la transparence. Il a aussi permis à Hydro-Québec de se doter d’une vision claire dans un contexte de transition énergétique. Avec ses grandes qualités humaines, il aura laissé sa marque dans notre organisation et il poursuivra maintenant sa contribution au développement économique du Québec», indique Jacynthe Côté, présidente du conseil d’administration d’Hydro-Québec, dans un communiqué.
Hydro-Québec dit se lancer dès à présent à la recherche d’un nouveau PDG qui pourra provenir de l’interne ou de l’externe. La société d’État génère des revenus annuels d’environ 10 milliards de dollars américains par année.
Alain Bellemare: le temps était venu…
Chez Bombardier, on affirme que le départ d’Alain Bellemare a été pris d’un commun accord: «Le plan de redressement de cinq ans (de Bombardier) étant presque terminé, les membres du conseil, y compris Alain Bellemare, ont conclu à l’unanimité que le temps était venu qu’un nouveau leader prenne les rênes de l’entreprise», lit-on dans un communiqué.
«Le chapitre du redressement étant clos, c’est un bon moment pour moi de passer à autre chose. Je remercie Pierre (Beaudoin) et les membres du conseil d’administration pour leur soutien indéfectible au cours des cinq dernières années alors que nous traversions une transformation complexe. Je suis convaincu que l’avenir de Bombardier est prometteur et j’ai hâte de voir tout ce qu’elle réalisera dans les années à venir», a déclaré M. Bellemare.
Le président du conseil d’administration de Bombardier, Pierre Beaudoin, a tenu à remercier Alain Bellemare pour son leadership tout au long de la vente d’actifs sous-performants de l’entreprise: «Il a présidé à une transformation importante et complexe de l’entreprise afin de répondre aux défis posés par des actifs sous-performants, des enjeux majeurs dans des programmes et son bilan, tout en positionnant Bombardier sur la voie du succès en tant qu’entreprise centrée sur l’aviation d’affaires», a-t-il affirmé.
Dès son arrivée chez Bombardier, M. Bellemare était confronté à une situation difficile, alors que la dette à long terme était de plus de 7 milliards $ US, elle qui est évaluée à 9 milliards $US aujourd’hui.
Cette situation financière précaire a mené à une série de vente d’actifs: sans avoir eu à verser un seul sou, Airbus contrôle désormais la C Series, rebaptisée A220. La vente des programmes turbopropulseurs Q400 et des jets régionaux CRJ a marqué la fin d’une aventure dans l’aviation commerciale qui s’est échelonnée sur trois décennies. Les usines de fabrication de pièces d’aéronautiques de Bombardier à Belfast (Irlande du Nord) et Casablanca (Maroc) ont été vendues à l’américaine Spirit Aerosystems.
Les problèmes d’exécution avec d’importants contrats chez Bombardier Transport ont compliqué le désendettement de la société. Cela a pesé dans la balance lorsque l’entreprise a finalement décidé de se départir de sa division qui construit du matériel roulant dans le cadre d’une transaction annoncée avec Alstom le mois dernier.
M. Bellemare, dont la rémunération a fait les manchettes à plus d’une reprise, a touché près de 23 millions $ US depuis 2015 − 15 millions $ en salaire de base et primes diverses et 8 millions $ US grâce à l’exercice d’options sur des actions en 2018. À la Bourse de Toronto, l’action de Bombardier se négociait à 2,63 $. Mercredi, le titre a clôturé à 83 cents.
Qui est Éric Martel?
Éric Martel est titulaire d’un baccalauréat en génie électrique de l’Université Laval et il est membre de l’Ordre des ingénieurs du Québec. En plus de son expérience acquise chez Bombardier, il a occupé des postes de direction chez Pratt & Whitney, Rolls Royce, Procter & Gamble et Kraft Foods. Il siège par ailleurs au conseil du Partenariat mondial pour l’électricité durable et préside la Communauté électrique du Forum économique mondial (Davos).
Chez Hydro−Québec, M. Martel avait mis de l’avant un ambitieux plan de croissance visant à doubler les revenus et profits de la société d’État d’ici 2030. Son plus récent plan stratégique gardait le cap sur la cible de profits de 5,2 milliards $, mais l’objectif de générer des revenus d’environ 27 milliards $ avait été mis de côté.
De plus, celui−ci souhaitait voir Hydro−Québec retourner à l’international par l’entremise d’acquisitions à l’étranger, mais cela ne s’est pas matérialisé. Néanmoins, la société d’État a décroché un important contrat d’exportation avec le Massachusetts, en plus de conclure une entente avec le Nouveau−Brunswick.
L’an dernier, M. Martel a touché une rémunération globale d’environ 832 000$, qui comprend notamment un salaire de base de 579 461$ ainsi qu’une prime de 233 296$.
AVEC LA PRESSE CANADIENNE