Le président américain Joe Biden, en campagne pour sa réélection face à son prédécesseur Donald Trump, s’est félicité des «progrès significatifs réalisés» sur le front de l’inflation. (Photo: Getty Images)
Washington — L’inflation aux Etats-Unis semble enfin prendre la bonne direction, après un semestre d’incertitude, alors que l’indice CPI pour le mois de juin a fortement ralenti sur un an renforçant la confiance des marchés sur une baisse prochaine des taux de la Fed.
Sur un an, l’indice CPI est retombé à 3% en juin, contre 3,3% en mai, selon les données publiées jeudi par le département américain du Travail.
Sur un mois, les prix ont même marqué un recul de 0,1%, surprenant les analystes, qui tablaient plutôt sur une légère hausse, selon le consensus publié par MarketWatch.
Dans un communiqué, le président américain Joe Biden, en campagne pour sa réélection face à son prédécesseur Donald Trump, s’est aussitôt félicité des «progrès significatifs réalisés» sur le front de l’inflation.
« Les prix ont baissé le mois dernier et l’inflation sous-jacente est la plus faible depuis trois ans », a-t-il ajouté, pointant cependant le fait que « les prix restent trop élevés », et mettant en cause « les grandes entreprises (qui) font des profits record ».
Le pouvoir d’achat est l’un des principaux thèmes de la campagne présidentielle, dont l’élection doit se tenir le 5 novembre, les Américains ayant globalement la sensation que la situation économique du pays s’est dégradée malgré les données macroéconomiques montrant une économie américaine en excellente condition.
En excluant les prix de l’énergie et de l’alimentation, par nature plus volatiles, l’inflation dite sous-jacente est en légère hausse sur un mois, à 0,1%, mais il s’agit effectivement de la plus faible enregistrée depuis août 2021.
La baisse concerne en premier lieu les prix de l’énergie, qui ont reculé sur un mois de 2%, et tout particulièrement l’essence, en repli de 3,8%, après une baisse de 3,6% en mai.
Il s’agit du deuxième mois de baisse, alors qu’en avril l’inflation était repartie à la hausse, et également un des signes longtemps attendus par les marchés que l’inflation a repris sa marche vers la cible de 2%, visée par la Réserve fédérale (Fed).
Pression sur la Fed
« Les bases restent en place pour que la baisse se poursuivre durant la deuxième moitié de l’année », a estimé dans une note Ian Sheperdson, chef économiste pour Mantheon Macroeconomics, « l’indice ne devrait pas se mettre en travers du chemin de la Fed lorsqu’elle décidera de réduire ses taux plus tard cette année ».
Car la Fed est effectivement sous pression: après avoir fortement fait monter ses taux pour les amener dans une fourchette comprise entre 5,25% et 5,50%, leur niveau le plus élevé depuis le début du siècle, afin de lutter contre une inflation qui s’est envolée jusqu’à 9,5% mi-2022, elle temporise pour les réduire, arguant du manque de données pointant vers une baisse durable en direction de sa cible de 2%.
Après un fort ralentissement en 2023, la stabilisation de l’inflation au-dessus de la cible sur la première moitié de 2024 a joué avec les nerfs des marchés qui s’attendaient à une première baisse en juin, en vain.
L’indice CPI est important pour le pouvoir d’achat des Américains car c’est celui sur lequel les retraites sont indexées mais pour mener sa politique monétaire, la Fed lui préfère l’indice PCE qu’elle estime prendre plus largement en compte l’ensemble des biens et services et qui sera publié le 26 juillet.
« Les mesures privilégiées par la Fed sont encore plus proches de la cible de 2% actuellement. Ces données augmentent la confiance au sein de la Fed que l’inflation revient vers les 2% à un rythme régulier », a déclaré dans une note la cheffe économiste de HFE, Rubeela Farooqi dans une note.
Interrogé mardi par une commission du Sénat, le président de la Fed, Jerome Powell, avait reconnu les « progrès » réalisés en la matière, estimant que « de nouvelles données positives viendraient renforcer notre confiance dans le fait que l’inflation se dirige résolument vers les 2% ».
Il avait temporisé le lendemain, face à une commission de la Chambre des représentants, en ne se disant pas « prêt » à dire que l’inflation retournait bien vers la cible, ajoutant cependant qu’agir sur les temps une fois les 2% atteints « serait trop tard » et risqué pour l’économie américaine.
La prochaine réunion de la Fed est prévue les 30 et 31 juillet mais la première baisse des taux ne devrait intervenir qu’à la suivante, lors de la réunion de mi-septembre, la dernière avant la tenue des élections présidentielles.