Êtes-vous le pire ennemi de votre portefeuille?
Les investigateurs financiers|Publié le 04 janvier 2019[Photo: 123rf]
En tant qu’investisseurs, nous recherchons constamment de meilleures opportunités pour notre portefeuille afin de remplacer les titres les moins intéressants. Toutefois, la meilleure chose à faire ne serait-elle pas de nous réévaluer nous-mêmes plutôt que notre portefeuille ?
Notre psychologie s’est formée à une époque où nous étions encore des chasseurs-cueilleurs et non des analystes financiers. Par conséquent, pour que notre portefeuille fonctionne à son meilleur, nous devons commencer par mieux nous connaître.
Un domaine de la finance appelé finance comportementale s’est développé pour nous aider à mieux comprendre comment la psychologie humaine affecte notre prise de décision. Bien qu’il existe des dizaines de biais, trois d’entre eux nuisent particulièrement à notre portefeuille et à nos rendements.
Tout d’abord, le biais d’aversion aux pertes. En tant qu’êtres humains, nous avons tendance à ressentir davantage la souffrance à la suite d’une perte que la joie lors d’une situation opposée.
Cela signifie que nous sommes plus susceptibles de réagir de manière irrationnelle lorsque notre portefeuille baisse de 50 % que lorsqu’il augmente de 50 %. Ainsi, ce biais peut provoquer facilement une vente de feu au mauvais moment.
Deuxièmement, l’humain a tendance à adopter un comportement semblable à celui d’un troupeau. Tout comme les jeunes et souvent les adultes qui suivent aveuglément leurs amis et leur famille, il en va de même pour les investisseurs.
Il peut sembler sécuritaire de regarder la télévision et faire ce que le commentateur nous indique. Il est tout aussi rassurant d’acheter les titres à la mode que notre voisin nous a recommandés.
Toutefois, il sera inconfortable d’avoir une opinion juste, mais à contre-courant. Il faudrait alors se rappeler la citation de Benjamin Graham: « In the short run, the market is a voting machine but in the long run, it is a weighing machine. »*
Le troisième biais est notre tendance à être trop optimiste ou trop pessimiste par rapport à notre portefeuille. Le comportement des investisseurs pendant la bulle technologique au début du millénaire en fut un bel exemple.
Les actions ont augmenté indépendamment des fondamentaux, et au lieu d’attribuer leurs rendements à une bulle, de nombreux investisseurs les ont attribués à leur propre génie. Tout le monde connaît la fin de cette histoire.
À son apogée du 9 octobre 2002, le NASDAQ-100 est redescendu à 1 114 points, soit une baisse de 78 % par rapport à son sommet!
Alors, avant de prendre votre prochaine décision d’investissement, posez-vous la question suivante: « Est-ce le titre ou bien moi-même qui nécessite une réévaluation ? ».
*« À court terme, le marché comptabilise les votes, mais à long terme, il agit plutôt comme une balance »
Patrick Thénière, CIM, Associé Barrage Capital