Malgré tout, Bombardier Transport n'a pas de problèmes systémiques, se défend la direction.
En dépit de la divulgation de résultats excédant les attentes du marché, la direction de Bombardier a été contrainte, jeudi matin, de défendre le bilan de sa division ferroviaire.
«Soyons très clairs une fois de plus. Il n’existe pas de problèmes systémiques chez Bombardier Transport», a tenu à préciser Alain Bellemare, président et chef de la direction de Bombardier, en réponse à l’insistance d’un analyste de Crédit Suisse.
«Nous faisons face à des problèmes normaux, techniques sur le plan opérationnel, qui concernent les premiers modèles produits et mis en service. Rien d’anormal. Je comprends que ça puisse créer des déceptions. Nous en sommes conscients. Mais nous comprenons les problèmes (…) et nous apportons les correctifs requis.»
Le grand patron de Bombardier a senti nécessaire d’apporter cette mise au point lors d’une conférence téléphonique à l’intention des analystes, tenue ce matin en marge de la présentation de ses derniers résultats trimestriels, et avant l’ouverture des marchés nord-américains.
Bombardier a annoncé jeudi avoir engrangé un bénéfice ajusté de 149M $, ou de 5 cents US par action, comparativement à une perte de 28M $, ou 2 cents US par action l’an dernier. Les analystes sondés par Thompson Reuters prévoyaient plutôt un bénéfice ajusté de 3 cents US par action.
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Le flux de trésorerie de l’entreprise ont surpris positivement en atteignant 1, 041 G$ US, soit bien au-dessus des 890 M$ US, attendus par la moyenne des analystes. Ses revenus trimestriels auront pour leur part reculé de 7%, passant de 4,6G $US à 4,3G $US, comparativement à prévisions moyennes de 4,5G $US des analystes.
De l’ombre en provenance du ferroviaire
La principale ombre au tableau est venue de Bombardier Transport, la division ferroviaire du manufacturier montréalais. À la suite de sa contreperformance financière en deuxième moitié de 2018, sa participation dans Bombardier Transport a reculé de 2,5% et s’établit maintenant à 70%. La part de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) dans BT Holdco est pour sa part remontée à 30%.
Les analystes ont aussi questionné le remplacement récent (7 février) inattendu du président de la division ferroviaire. Laurent Troger a été remplacé par Dany Di Perno, un ancien collègue de M. Bellemare chez United Technologies. Ce changement est-il lié à quelque problème systémique ou structurel à corriger chez Bombardier Transport?
Sur ce, le président de Bombardier, Alain Bellemare, a surtout tenté de diminuer l’importance des difficultés rencontrés par cinq projets identifiés comme problématiques au cours des derniers mois.
«Nous avons des enjeux très mineurs de redesign. Rien de majeur. Et nous devons apporter des changements à certaines de nos façons de faire. En outre, nous devons nous pencher sur des irritants qui proviennent de certains de nos fournisseurs, a-t-il d’abord admis. Mais dans l’ensemble, la plupart seront choses du passé (livrés) d’ici la fin de l’année en cours.»
C’est le cas des contrats du New York City Transit, du London CrossRail et du London’s LoTrain, tous trois confortablement entamés, avec des carnets de production complétés à plus de 50%. Une fois ces commandes complétées, le manufacturier devra composer avec deux dernières commandes plus complexes, faisant appel à des technologies nouvelles.
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«Des 450 voitures à deux étages attendues par la SBB (autorité ferroviaire suisse), 176 ont déjà été produites. Nous avons rencontré quelques enjeux de production, a reconnu encore M. Bellemare. Mais rien d’anormal. Et, là encore, nous connaissons le problème et profitons de la compréhension du client pour prendre le temps de le corriger une fois pour toute.»
Une minorité de projets problématiques
Mais la production de ces projets majeurs n’a pas été arrêtée pour autant, a-t-il assuré. De fait, pendant que des équipes travaillent à régler les ajustements nécessaires relevés, leur production se poursuit et place Bombardier bien souvent en avance sur son cycle de livraison.
Le président a insisté pour dire que cette demi-douzaine de projets plus problématiques («5 ou 6) qui font actuellement couler beaucoup d’encre dans les pays concernés ne représentent en fait qu’une minorité des «plus de 150 contrats majeurs sur lesquels travaillent Bombardier actuellement» partout sur la planète.
Le carnet de commande de Bombardier dans le domaine ferroviaire s’élève actuellement à 34 G$US, a fait valoir le président. «Bombardier Transport constitue une très forte franchise, qui nous permet de continuer de remporter des contrats, au-delà même des niveaux de l’an dernier et des années précédentes.»
«Alors, oui, 5 ou 6 projets nous demande une plus grande attention. (…) Mais nous avons identifié les difficultés, avons accru les ressources, et mis en place des plans d’action pour apporter les correctifs requis. (…) Nous travaillons de près avec nos clients, de même qu’avec nos fournisseurs. Et dans tous les cas, nous constatons des avancements significatifs. (…) Alors, en dépit du fait que notre division ferroviaire fasse beaucoup de bruit, je vous assure que nous demeurons convaincu de la force de cette division.»
Peu avant 13 heures, ce jeudi 14 février, l’action de Bombardier se négociait à 2,45$, en hausse de 0,41$, ou de 20,10%.
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