L’action de Fiera perd 26 cents, ou 3,43 $, à 7,34 $ à la Bourse de Toronto en avant-midi. (Photo: La Presse Canadienne)
Le gestionnaire montréalais d’actifs Fiera Capital serait sur le point de perdre un actionnaire de longue date tandis que le Mouvement Desjardins souhaite vendre sa participation.
Fiera a annoncé mercredi que Desjardins souhaitait se départir de sa participation équivalente à 6,8% des actions en circulation de la société.
Les actions détenues par Desjardins sont dans une structure en capitale différente du reste de l’actionnariat. Les dispositions de cette structure donnent le droit à Fiera de faire une première offre à Desjardins.
La direction du gestionnaire d’actifs envisage de présenter une telle offre à la coopérative financière avec un partenaire financier. «Rien ne garantit que cette opération se concrétisera», précise l’entreprise dans un communiqué.
L’analyste Graham Ryding, de Valeurs mobilières TD, croit qu’il s’agit d’une mauvaise nouvelle. «Notre première impression est que c’est une mauvaise nouvelle. Un important actionnaire à long terme et un partenaire du fondateur Jean−Guy Desjardins souhaitent vendre.»
Desjardins a été un partenaire de la première heure de Fiera. En 2003, Desjardins a vendu sa participation majoritaire dans Elantis à Jean−Guy Desjardins. Cette transaction sera le premier chapitre de la création de Fiera. Elle a permis à M. Desjardins de se relancer en affaires après avoir vendu TAL Gestion globale d’actifs à la Banque CIBC.
Le Mouvement Desjardins n’a pas précisé les raisons qui expliquent sa décision de vendre les actions de Fiera. La coopérative a dit qu’elle n’accorderait pas d’entrevue sur le sujet. «En tant qu’investisseurs, nous avons seulement appliqué notre stratégie d’investissement», répond la porte−parole de Desjardins, Chantal Corbeil.
M. Ryding estime que la participation de Desjardins a une valeur de 55 millions de dollars.
Fiera traverse une période difficile tandis que son action a perdu près de la moitié de sa valeur depuis 2017. Le départ du gestionnaire de portefeuille vedette, Nadim Riz, en 2021 a soulevé des inquiétudes chez les investisseurs qui craignent l’exode de clients.
L’analyste Geoffrey Kwan, de RBC Marchés des capitaux, voit aussi d’un mauvais œil le départ d’un partenaire de longue date. Il se questionne également à savoir si le désinvestissement de Desjardins aura un impact sur les fonds que Fiera gère pour le compte de la coopérative québécoise.
Desjardins assure que la transaction ne remet pas en cause sa relation d’affaires avec Fiera. «Fiera Capital demeure un partenaire d’affaires important pour Desjardins (les fonds qu’il gère pour nous), précise Mme Corbeil dans son courriel. La vente de ces parts ne remet pas en question notre relation d’affaires avec Fiera.»
La transaction pourrait avoir des conséquences sur le contrôle qu’exerce la haute direction de Fiera sur l’entreprise, souligne l’analyste de RBC Marchés des capitaux. La structure en capital où sont les actions de Desjardins détient des actions de catégorie B avec le fondateur Jean−Guy Desjardins et des membres de la haute direction de Fiera.
Les actions de catégorie A et B ont le même poids pour les droits de vote, sauf pour l’élection des administrateurs. Les actionnaires de la catégorie A élisent le tiers des 9 administrateurs tandis que les actionnaires de catégorie B élisent les deux tiers.
L’action de Fiera a perdu 78 cents, ou 10,26%, à 6,82 $ à la fin de la séance à la Bourse de Toronto.
Stéphane Rolland, La Presse Canadienne