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Flambée inédite des cours de l’huile de palme

AFP|Publié à 12h45

Flambée inédite des cours de l’huile de palme

La Malaisie a été frappée par des pluies torrentielles ces derniers jours. (Photo: Getty Images)

Paris — Le cours de l’huile de palme a bondi ces derniers jours sur le marché asiatique, sous l’effet de pluies diluviennes en Malaisie et du projet indonésien d’augmentation de sa production d’agrocarburants.

Le prix de cette huile a atteint mardi son plus haut niveau depuis 29 mois, à 5 390 ringgits la tonne (environ 1 200$US) à la Bourse de Kuala Lumpur (en Malaisie), principale place de cotation de cet actif.

«C’est la première fois que l’on voit l’huile de soja américain moins chère que l’huile de palme d’Asie du Sud-Est. C’est inédit», a déclaré à l’AFP Antoine de Gasquet, président de la société de courtage en huiles Baillon-Intercor.

Plusieurs facteurs expliquent la brusque remontée des prix de cette huile, restée longtemps la moins chère du marché, comparée aux huiles tirées des grains de soja, colza ou tournesol.

«Stocks flottants»

La Malaisie, qui assure avec l’Indonésie plus de 80% de la production mondiale d’huile de palme (environ 80 millions de tonnes par an), a été frappée par des pluies torrentielles ces derniers jours. Des pluies ont également touché l’île de Sumatra, qui assure près de la moitié de la production indonésienne d’huile de palme.

« Les alertes météo se multiplient, c’est typique d’un début décembre avec le phénomène météorologique La Niña. Le problème, c’est qu’on est en plein pic de récolte et que les camions peinent à entrer dans les exploitations tellement il y a de boue », explique Sébastien Poncelet, analyste à Argus Media France.

« Le risque, c’est qu’il y ait des grappes de noix qui arrivent à surmaturité et tombent des palmiers et qu’il y ait des pertes de production », a-t-il ajouté.

La flambée des cours s’explique aussi par la dépréciation du ringgit malaisien, qui a perdu plus de 8% face au dollar depuis fin septembre. La roupie indonésienne a elle lâché plus de 5% sur la même période.

Mais le mouvement de fond à l’origine de cette évolution est, pour Antoine de Gasquet, essentiellement lié à la hausse de l’incorporation de l’huile de palme dans le biogazole indonésien.

« L’Indonésie n’a pas de capacité de stockage. Son huile est embarquée sur les navires en attendant d’être vendue. Depuis une dizaine d’années, l’Indonésie utilise ses stocks +flottants+ non vendus pour faire du biodiesel », a-t-il expliqué.

Avec 35% de taux d’incorporation d’huile de palme dans son carburant, «l’Indonésie est devenue le premier producteur de biodiesel dans le monde. Et le gouvernement indonésien parle de passer à 40% au 1er janvier 2025», a-t-il indiqué.

Les céréales stables

Cette augmentation représenterait « 2 millions de tonnes de plus d’huile de palme » entrant dans la fabrication du carburant et autant en moins pour l’alimentation humaine, animale ou d’autres utilisations techniques, a relevé le spécialiste.

Un volume non négligeable, même pour le premier producteur mondial d’huile de palme: l’Indonésie produit près de 50 millions de tonnes par an, dont 57% sont exportées et 43% consommées localement.

Entraînée par le palme, l’huile de tournesol est proche de son plus haut niveau depuis janvier 2023 sur le marché indien et proche d’un sommet de deux ans sur le marché européen. Le colza est également au plus haut depuis deux ans sur le marché européen.

En revanche, la bonne récolte américaine de soja et les cours en berne du pétrole ont entraîné à la baisse les prix de l’huile de soja américaine, après un plus haut de cinq mois début novembre.

Sur le marché des céréales, les cours bougeaient peu.

« Il y a un léger soupçon d’inquiétude climatique pour le blé, notamment à cause de pluies excessives sur la Nouvelle-Galles-du-Sud en Australie » et du fait de « conditions plus mauvaises qu’habituellement » pour les semis de blé d’hiver en Russie », a indiqué Sébastien Poncelet.

En revanche, l’annonce par la Russie d’un quota d’exportation de 11 millions de tonnes de blé entre mi-février et juin — par rapport aux 29 Mt de l’an dernier — «n’a pas eu d’impact sur les marchés», a-t-il souligné. Ce volume est cohérent avec la baisse attendue de la récolte de blé russe (81 Mt pour la campagne 2024-25 contre plus de 91 Mt l’année précédente) et s’explique aussi par les bons chiffres d’exportations des premiers mois de la campagne.