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Fournisseurs: pas besoin de code de conduite, selon Metro

Stéphane Rolland|Publié le 26 janvier 2021

Éric La Flèche juge que les relations entre épiciers et fournisseurs fonctionnent.

L’industrie agroalimentaire n’a pas besoin d’un code de conduite pour régir les relations entre les épiciers et les fournisseurs, a dit Éric La Flèche, le PDG Metro, tandis que Québec envisage avec les autres provinces à en élaborer un.

«On pense que les relations avec les fournisseurs fonctionnent actuellement, a affirmé le dirigeant en conférence de presse après l’assemblée annuelle des actionnaires. On a toujours eu des relations gagnant-gagnant avec nos fournisseurs. Ça se fait de façon éthique et avec respect. On a eu une belle croissance chez Metro et ça permet à nos fournisseurs d’avoir une croissance, eux aussi.»

Le ministre québécois de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), André Lamontagne, a des discussions avec ses homologues des autres provinces canadiennes au sujet des relations entre les épiciers et leurs fournisseurs. Ces démarches pourraient aboutir sur un code de conduite régissant ces relations commerciales.

Les doléances de certains fournisseurs, qui déplorent l’imposition de frais «arbitraires», refont surface dans les médias depuis des années. Walmart Canada a toutefois soulevé un tollé en juillet dernier lorsque La Presse a révélé qu’elle imposerait à ses fournisseurs des frais pouvant aller jusqu’à 6,25%. La nouvelle a eu des échos jusque dans le milieu politique. La centrale de négociation United Grocers, qui représente notamment Metro, a demandé d’avoir droit au même rabais que ceux accordés aux concurrents.

Éric La Flèche a assuré que Metro entretenait de bonnes relations avec ses fournisseurs. «On négocie de bonne foi, dans le but d’avoir des ententes et des prix coûtants concurrentiels pour nous battre à armes égales dans le marché. Je pense qu’on réussit à le faire.»

S’il estime qu’une intervention «n’est pas nécessaire», il ne s’oppose pas formellement à l’adoption d’un code de conduite. Il juge cependant qu’il n’est pas nécessaire. Si le gouvernement décidait tout de même d’aller de l’avant, «il faudra voir et on se prononcera».

Cette position n’est pas partagée par Michael Medline, PDG de Sobeys. Lors d’une apparition publique en octobre dernier, il a dit que l’imposition de tarifs aux fournisseurs était mauvaise pour l’économie canadienne. «C’est la pire relation que j’aie jamais vue dans mes deux décennies dans le commerce de détail», a-t-il dit selon des propos rapportés par La Presse Canadienne.

Résultats décevants

Plus tôt ce matin, Metro a dévoilé des résultats inférieurs aux attentes des analystes au premier trimestre de son exercice 2021 (terminé le 19 décembre dernier). L’action de la société, qui détient aussi les enseignes Jean Coutu, Adonis et Super C, perd plus de 1% en milieu d’après-midi.

En hausse de 11,3%, le bénéfice ajusté par action de 0,79$ est inférieur aux prévisions des analystes de 0,83$. Maintenant terminé, le conflit de travail avec les employés du centre de distribution de Jean Coutu à Varennes a retranché 0,05$ par action au bénéfice, rapporte la société. Chris Li, de Desjardins Marché des capitaux, estime que les résultats auraient été conformes aux attentes sans ce coût.

Les ventes de Metro ont augmenté de 6,2% à 4,3 milliards de dollars (G$). Le bénéfice net est en hausse de 12,3% à 191,2 millions.

Dans l’ensemble, le confinement a profité aux ventes en épicerie, mais a plombé les ventes de Jean Coutu en raison d’une saison grippale moins fortes et d’une baisse des ventes du segment détail dans les pharmacies. Les ventes comparables d’aliments, pour leur part, ont progressé à un rythme de 10%

La tendance se poursuit dans la foulée des restrictions à la vente de produits non essentiels décrétées par le gouvernement du Québec. Les ventes du segment détail de Jean Coutu sont en baisse de 12,5% au cours des quatre premières semaines du deuxième trimestre. La société tente de mitiger ce vent de face en redirigeant ses clients vers le commerce en ligne.

Explosion des ventes en ligne

Les ventes en ligne ont enregistré une forte croissance au premier trimestre avec un bond de 170%. Malgré les frais de livraison, les achats en ligne génèrent des marges plus basses que les ventes en magasin.

Questionné à ce sujet, Éric La Flèche a dit que Metro parvient tout même à dégager «une légère marge de profit positive» grâce à l’augmentation des volumes. «Ce n’est pas aussi payant pour nous alors il faut être efficace, répond-il. On l’est de plus en plus. On investit de manière prudente en technologie pour gagner en efficacité. »

Le dirigeant croit qu’un modèle hybride qui inclut la vente en magasin et en ligne est viable à long terme. «On va être en mesure d’absorber l’effet sur nos marges, avance-t-il. Je pense que la très grande majorité des achats vont demeurer en magasin. En alimentation, c’est clair que les ventes en ligne sont là pour rester. Le temps dira à quel niveau elles vont se stabiliser après la pandémie.