Les sociétés cotées à New York devront aussi faire état des risques liés au climat et de leurs effets, avérés ou potentiels, sur la stratégie, le modèle économique et les prévisions de ces entreprises. (Photo: Getty Images)
New York — Les sociétés cotées à Wall Street seront bientôt obligées de communiquer leurs émissions de gaz à effet de serre ainsi que leur exposition au risque climatique, selon un nouveau règlement adopté lundi par le régulateur américain des marchés financiers (SEC).
Le texte approuvé lundi par trois des quatre dirigeants de la SEC s’inspire d’initiatives similaires déjà adoptées par plusieurs régulateurs, notamment au Japon et en Europe.
Les entreprises devront faire figurer dans leur rapport annuel des données sur les émissions résultant de leurs activités directes (dite «scope 1») ainsi que de la consommation d’énergie («scope 2»).
Le calendrier est étalé de 2024 à 2026 pour la mise en application, selon la taille des sociétés.
Elles devront, plus tard, également intégrer des informations sur les émissions dites de «scope 3», c’est-à-dire concernant les fournisseurs de l’entreprise et la consommation des biens ou services qu’elle produit (en amont et en aval).
Resteront exempts du «scope 3» les groupes dont le flottant (total des actions susceptibles d’être échangées sur le marché) est inférieur à 250 millions de dollars américains ainsi qu’à celles dont le chiffre d’affaires inférieur à 100 millions $US (avec certaines limites de flottant).
Les sociétés cotées à New York devront aussi faire état des risques liés au climat et de leurs effets, avérés ou potentiels, sur la stratégie, le modèle économique et les prévisions de ces entreprises.
«C’est un tournant décisif», a déclaré l’une des quatre dirigeantes de la SEC, Allison Herren Lee.
La dirigeante qui a voté contre, Hester Peirce, a quant à elle estimé que le nouveau règlement «(forçait) les investisseurs à voir les sociétés avec les yeux d’actionnaires actifs pour qui la réputation relative au climat est au moins aussi importante que la performance financière».
La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a salué ces projets de nouveaux règlements. «Les investisseurs et les entreprises réclament depuis des années des informations fiables qui puissent être utilisées pour évaluer les risques et les opportunités liés au climat», a-t-elle fait valoir dans un communiqué.
La Chambre de commerce américaine s’est, quant à elle, dite «préoccupée par l’approche prescriptive de la SEC», mais s’est néanmoins déclarée prête à travailler avec le régulateur «pour établir des règles claires et applicables».
«Les entreprises cotées ne pourront plus choisir ce qu’elles communiquent sur le climat et les investisseurs auront une bien meilleure idée de leur exposition au risque climatique», a réagi le sénateur démocrate du Rhode Island Jack Reed.
«Le gouvernement Biden applique son programme sur le climat en passant par les régulateurs parce qu’il n’a pas les voix pour le faire passer au Congrès», a, en revanche, critiqué l’élu républicain à la Chambre des représentants Patrick McHenry, qualifiant le texte de «borné et malavisé».