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Pierre Cléroux

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Expert(e) invité(e)

Guerre en Ukraine: peu d’impact sur l’économie québécoise

Pierre Cléroux|Publié le 28 mars 2022

Guerre en Ukraine: peu d’impact sur l’économie québécoise

Cette guerre et les diverses sanctions imposées par les gouvernements occidentaux auront toutefois relativement peu d’impact sur l’activité économique québécoise et canadienne. (Photo: Getty Images)

EXPERT INVITÉ. Après deux années de pandémie et l’abolition quasi complète des restrictions sanitaires, on commençait enfin à percevoir un retour à une certaine normalité. La table était mise pour que l’économie québécoise poursuive sa relance, après avoir enregistré une forte croissance de 6,3 % l’an dernier. Voilà maintenant que l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, au-delà de sa terrible tragédie humanitaire, vient jeter un voile d’inquiétude et d’incertitude sur l’économie mondiale.

Cette guerre et les diverses sanctions imposées par les gouvernements occidentaux auront toutefois relativement peu d’impact sur l’activité économique québécoise et canadienne. D’abord, parce que nos relations commerciales avec les deux pays directement impliqués sont très limitées, puisque les expéditions canadiennes et québécoises représentent moins de 0,5 % des 600 milliards d’exportations totales de marchandises du pays. Les rares entreprises québécoises qui transigent avec la Russie seront bien sûr touchées, mais l’économie dans son ensemble s’en ressentira donc très faiblement.

En fait, certains secteurs d’activité devraient même tirer profit du conflit. Les industries de l’aluminium et du bois, fort présentes au Québec, bénéficieront de la forte hausse des prix de ces matières premières, tandis que l’économie des provinces des Prairies profitera de l’importante augmentation des prix de l’énergie et de céréales comme le blé.

Ces pressions haussières sur les prix se répercuteront évidemment sur ceux des marchandises et alimenteront une inflation qui était alarmante depuis quelques mois. Déjà, la forte augmentation du prix de l’essence a eu des effets sur le portefeuille des automobilistes et les consommateurs doivent s’attendre à dépenser davantage pour leurs paniers d’épicerie et l’achat d’autres produits. Les propriétaires qui souhaitaient construire un nouveau patio cet été auront de bien mauvaises surprises.

Cela dit, l’économie québécoise et canadienne pourra à nouveau compter cette année sur les dépenses des consommateurs pour alimenter la croissance. D’une part, parce que les ménages ont vu leur revenu disponible et leur richesse fortement grimper depuis deux ans grâce à l’aide financière gouvernementale accordée pour faire face à la pandémie. D’autre part, les emplois sont revenus au niveau affiché avant la pandémie et la pénurie de main-d’œuvre entraîne les salaires à la hausse. La consommation sera certes inférieure à ce qui était attendu avant le début de la guerre entre l’Ukraine et la Russie, mais les consommateurs sont toujours en bonne posture pour continuer à dépenser et soutenir la croissance.

La pression sur les chaînes d’approvisionnement, qui étaient déjà fortement éprouvées depuis le début de la pandémie, restera néanmoins aiguë pour certains secteurs d’activité. Ces perturbations ont du même coup entraîné des hausses de prix qui pourraient nuire aux intentions d’investissement des entreprises. Cette situation de devrait toutefois pas avoir d’impact majeur sur l’ensemble de l’économie québécoise qui devrait continuer à profiter d’un climat propice aux exportations.

Le niveau de risque pour l’économie est certes plus élevé aujourd’hui. Mais, à moins que le conflit en Ukraine perdure trop longtemps, minant ainsi la confiance des consommateurs et des entrepreneurs, ses effets sur l’économie québécoise et canadienne seront limités. Même l’émergence d’une nouvelle vague d’infections à la COVID-19, qui semble poindre à l’horizon, ne devrait pas non plus avoir d’impact significatif sur l’économie qui, à preuve, a su résister sans trop de heurts à celle du variant Omicron.