Ian Edwards confirmé dans ses fonctions de PDG chez SNC-Lavalin
La Presse Canadienne|Publié le 31 octobre 2019Ian Edwards a été confirmé dans ses fonctions de président et chef de la direction sur une base permanente jeudi.
Malgré le retour au pouvoir du Parti libéral du Canada (PLC), SNC-Lavalin (SNC) n’anticipe pas une entente à l’amiable qui permettrait à l’entreprise québécoise de se libérer des accusations criminelles qui pèsent sur elle.
« Nous continuons à nous préparer afin de nous défendre devant les tribunaux », a expliqué jeudi le président et chef de la direction de la firme d’ingénierie et de construction, Ian Edwards, qui a été confirmé dans ses fonctions sur une base permanente.
Il y est allé de ce commentaire au cours d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du troisième trimestre, où SNC-Lavalin a livré des résultats qui ont dépassé les attentes des analystes, faisant bondir le cours de son action qui a pris 20,6 %, ou 4,06 $, pour clôturer à 23,81 $.
Depuis sa nomination, en avril dernier, le ministre de la Justice sortant David Lametti n’a jamais clairement écarté la possibilité qu’un accord de réparation puisse encore intervenir entre Ottawa et la multinationale.
Généralement, ces ententes prévoient l’abandon des accusations à l’endroit de la société fautive en échange notamment du paiement d’une amende salée et de nombreuses conditions à respecter.
« S’il y avait une façon de régler ce dossier d’une autre manière, nous serions ouverts, a dit M. Edwards, lorsqu’interrogé sur le sujet. Mais on ne s’y attend pas. »
Au lendemain de la victoire des libéraux, l’action de la multinationale québécoise avait bondi d’environ 14 % sur le parquet de Bay Street.
Les investisseurs semblaient croire que le retour du PLC au pouvoir, même en situation minoritaire, signifiait qu’il y avait encore de l’espoir pour SNC-Lavalin de ne pas avoir à se défendre devant les tribunaux, ce qui n’aurait probablement pas été le cas en cas d’une victoire du Parti conservateur.
La cause de SNC-Lavalin, qui fait face à des accusations criminelles de fraude et de corruption pour des gestes qui auraient été posés en Libye entre 2001 et 2011, doit revenir devant le tribunal le 18 décembre. Un verdict de culpabilité pourrait empêcher la société de soumissionner sur des contrats fédéraux pour une période pouvant atteindre 10 ans.
Virage amorcé
Grâce à la vente partielle de sa participation dans l’autoroute à péage 407, dans la région de Toronto, le bénéfice net de l’entreprise a grimpé de façon marquée. Sur le bénéfice net de 2,76 milliards $ engrangé au troisième trimestre, environ 2,6 milliards $ provenaient des gains réalisés grâce à la 407.
À la même période l’an dernier, le profit net de SNC-Lavalin s’était établi à 120,7 millions $, ou 69 cents par action.
Les services d’ingénierie, sur lesquels mise la firme pour relancer ses activités, ont également joué un rôle important au troisième trimestre. Le carnet de commandes de ce segment a grimpé de 10 % d’une année à l’autre, pour s’établir à 11,42 milliards $. De nouveaux contrats totalisant environ 500 millions $ ont été signés pendant le trimestre. Les revenus ont progressé de 11 %, à 1,58 milliard $.
M. Edwards, qui avait pris la relève de Neil Bruce en juin à la suite de son départ à la retraite, voulait rapidement déployer une stratégie visant à réduire les risques. SNC-Lavalin a notamment cessé de soumissionner sur des contrats à prix fixe, où les dépassements de coûts sont absorbés par l’entrepreneur, afin de se tourner davantage vers les services d’ingénierie, où les risques sont moins élevés.
« Il est encore tôt, mais les décisions prises en juillet se traduisent par des résultats et je suis satisfait de nos progrès », a dit M. Edwards.
La valeur des contrats clé en main, que SNC-Lavalin souhaite évacuer de son carnet de commandes d’ici la fin de 2021, était de 3,2 milliards $, comparativement à 3,4 milliards $ en date du 30 juin dernier. Principalement, il s’agit de projets de trains légers sur rail au Canada.
Dans l’ensemble, les analystes ont salué la performance trimestrielle de la firme.
« Il y a des signaux clairs qui démontrent que le plan stratégique commence à prendre forme, a souligné Derek Spronck, de RBC Marchés des capitaux, dans une note envoyée par courriel. Des cessions d’actifs et d’autres options stratégiques demeurent sur la table pour le segment des ressources (pétrole et gaz). »
Les revenus trimestriels de SNC-Lavalin ont été de 2,43 milliards $, en recul alors qu’ils avaient été de 2,56 milliards $ au troisième trimestre l’an dernier. En excluant les éléments non récurrents, le bénéfice ajusté s’est établi à 218 millions $, ou 1,24 $ par action, par rapport à 168,4 millions $, ou 96 cents par action, il y a un an.
Cela a dépassé les attentes des analystes, qui anticipaient un profit par action ajusté de 26 cents, selon la firme de données financières Refinitiv.