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Il y aura des baisses de marché en 2024

John Plassard|Publié le 11 mars 2024

Il y aura des baisses de marché en 2024

(Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Il n’y a pas un investisseur aujourd’hui qui n’est pas frustré par le manque de consolidations (baisses) des indices depuis le début de l’année, lesquelles permettrait de se «repositionner». La faute à plusieurs éléments et notamment les anticipations d’anticipations d’assouplissement monétaire ou encore à l’engouement autour de l’intelligence artificielle. «Rassurez-vous» cependant, les consolidations vont se multiplier cette année. C’est l’histoire qui le dit!

 

Les faits

Le marché boursier a atteint de nouveaux sommets vendredi, l’indice S&P 500 atteignant un nouveau record historique.

Ce record fait suite à un rallye stupéfiant au cours des derniers mois de 2023, les investisseurs ayant saisi les signes de ralentissement de l’inflation et les signaux de la Réserve fédérale indiquant qu’elle pourrait commencer à lever les freins à l’économie en réduisant les taux d’intérêt.

Le rallye s’explique par les gains réalisés par des valeurs technologiques influentes comme Apple, Microsoft, Meta et Nvidia, bien que le rallye féroce qui a fait grimper les valorisations de ces sociétés l’année dernière soit devenu plus mitigé en 2024.

En Europe comment ne pas citer les records historiques du CAC 40 ou encore du DAX, grâce à la vigueur retrouvée de plusieurs entreprises qui réalisent une part significative de leurs ventes à l’étranger.

Si nous vous avons affirmé, il n’y a pas si longtemps de cela, que contrairement à ce que l’on pouvait croire, un record était très souvent suivi d’un nouveau record, il faut aussi se préparer à des séances de consolidation et/ou de correction.

Que nous raconte l’histoire et comment aborder de telles phases…

 

Les prémices de plusieurs baisses

Le S&P 500 a baissé de 1% mardi dernier, ce qui représente seulement la troisième baisse quotidienne de 1 % ou plus cette année. Cela ne vous dit rien, mais si on prend les statistiques depuis 1928, l’année moyenne compte … 29 baisses de ce type! Il en resterait donc 26 (si on respecte la moyenne historique).

En 2019, il y a eu 15 baisses de 1% ou plus alors qu’en 2022, il y a eu … 63 séances de ce type!

 

 

À SUIVRE -> À quand la correction «salutaire»?

À quand la correction «salutaire»?

S’il est évident que le marché ne peut pas maintenir le rythme de hausse indéfiniment, il est cependant difficile d’anticiper les prochaines baisses.

L’une des raisons de cette difficulté c’est que les nouveaux sommets du marché boursier tendent à entraîner d’autres sommets comme nous vous l’avions indiqué il y a un certain temps de cela (n’hésitez pas à nous demander notre étude sur la question).

À quand donc la «saine» pause, même dans un marché haussier (ou «bull market», c’est selon), pour pouvoir aller découvrir de nouveaux sommets par la suite ?

Tout d’abord, c’est assez frustrant, mais personne ne peut prédire le moment ou l’ampleur des corrections sur le marché boursier. Cependant l’histoire peut une nouvelle fois nous aider.

Ensuite, les investisseurs se concentrent surtout sur les krachs et les «bear markets», car ils marquent les esprits. Il y en a cependant très peu sur les marchés contrairement à ce que l’on peut penser.

Une des manières de répondre à la question de savoir quand va arriver la correction «salutaire» est d’éliminer les énormes baisses et se concentrer plutôt sur les corrections, ou ce que nous appelons les corrections «saines».

Voici un aperçu des corrections à deux chiffres qui n’ont jamais atteint le niveau d’un «bear market» (baisse de 20 % ou pire) depuis 1928:

Selon les calculs de Ben Carlson, il y a eu 33 corrections au cours des 97 dernières années. La correction saine moyenne a été une perte de 13,8% et a duré en moyenne 116 jours entre le pic et le creux.

La plupart de ces corrections ont donné l’impression qu’elles allaient se transformer en «bear market» à ce moment-là, mais une correction « saine » est plus probable qu’un krach la plupart du temps.

 

Un peu d’histoire

Les mauvais marchés surviennent pendant les périodes difficiles, mais les tendances baissières à court terme peuvent également se produire pendant les tendances haussières à long terme.

Les années 2010 ont été une excellente période pour le S&P 500, mais il y a tout de même eu quatre corrections à deux chiffres.

La fin des années 1990 est l’une des meilleures périodes de hausse de l’histoire:

• 1995: +37 %

• 1996: +23 %

• 1997: +33 %

• 1998: +28 %

• 1999: +21 %

Malgré ces rendements exceptionnels, trois corrections distinctes à deux chiffres sont intervenues au cours de cette période de cinq ans.

Les années 1950 sont le marché haussier le plus sous-estimé de tous les temps. Le marché boursier américain a progressé de près de 20 % par an au cours de la décennie. Il y a eu quatre corrections au cours de cette période, ainsi qu’un petit marché baissier vers la fin de la décennie.

Jusqu’à présent, le S&P 500 a progressé d’environ 70 % au total (13,5 % en rythme annuel) dans les années 2020, bien que nous ayons connu deux «bear markets».

 

À SUIVRE -> Corrections durant les années présidentielles

Corrections durant les années présidentielles

Les élections présidentielles et les corrections des marchés ont une longue histoire en commun. Lorsque l’on parle de baisses de marchés ces prochains mois, il est donc nécessaire de rappeler que nous sommes dans une année d’élection présidentielle américaine (n’hésitez pas à nous demander nos rapports sur la question).

Depuis 1833, l’indice S&P 500 a gagné en moyenne 10,03 % l’année d’une élection présidentielle. En revanche, la première et la deuxième année suivant une élection présidentielle enregistrent des gains moyens de 6,15 % et 6,94 %, respectivement.

Il existe des exceptions notables aux rendements positifs des années d’élection, comme en 2008, lorsque le S&P 500 a chuté de près de 37 %. (Toutefois, dans l’ensemble, le taux de victoire des années d’élection présidentielle est très élevé : 76,6 %.

Depuis la victoire du président Roosevelt en 1944, il n’y a eu que deux défaites lors d’années d’élections présidentielles : 2000 et 2008. Ces deux années ont correspondu au « Dot.com Crash » et à la « crise financière ». En moyenne, les deuxièmes meilleures années de performance de l’indice S&P 500 correspondent à des années d’élection présidentielle.

Pour les investisseurs, avec un « hit ration » (« ratio de victoire ») de 76 %, il y a de fortes chances que les marchés terminent l’année de l’élection présidentielle de 2024 en hausse.

Toutefois, compte tenu des fondements économiques actuels, on ne peut pas écarter complètement le risque non négligeable de 24 % qu’une correction plus importante se produise à nouveau.

Compte tenu de la durée récente de 15 ans du marché haussier en cours, des écarts plus extrêmes par rapport aux moyennes à long terme pourraient augmenter un peu les probabilités de consolidation cette année.

Les niveaux actuels d’écart par rapport à la moyenne mobile sur 52 semaines ont généralement précédé des corrections à court terme du marché.

Toutefois, comme nous l’avons dit, même si le marché terminera probablement l’année plus haut qu’il ne l’a commencée, les années d’élections présidentielles sont marquées par une tendance à la correction durant les mois d’été.

Le risque pour les élections est un changement de politique qui pourrait remettre en cause les tendances actuelles. Il peut s’agir d’une augmentation des impôts, d’une politique commerciale restrictive, d’une réduction des dépenses, etc.

C’est pourquoi les marchés ont tendance à corriger les choses avant les élections de novembre. Un examen de toutes les années électorales depuis 1960 montre que les marchés ont augmenté pendant les années électorales. Toutefois, il convient de noter que le marché a tendance à se corriger en septembre et en octobre.

Ces données sont cependant nettement faussées par la baisse survenue lors de la « crise financière » de 2008, qui était également une année d’élection présidentielle. Si l’on exclut cette année-là, les rendements atteignent 7,7 % par an pendant les années d’élection. Toutefois, dans les deux cas, les rendements continuent de chuter en septembre et en octobre.

 

Synthèse

Nous le répétons depuis des années, il ne faut surtout pas minimiser les cycles. Économiques, monétaires, boursiers ou encore politiques. Se préparer au fait que les corrections font partie intégrante du marché boursier, dans les bons comme dans les mauvais moments, fait partie du cycle « de vie » de la bourse. Une correction saine dans les mois à venir pourrait être une bonne chose si elle permet d’éviter une correction malsaine plus tard!

 

Ce texte est tiré de l’infolettre quotidienne de John Plassard, gracieuseté de Mirabaud

 

** Veuillez prendre note que les visuels de notre expert sont présentés en anglais à titre informatifs et ne peuvent être traduits par notre équipe. Merci de votre compréhension.