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La Banque du Canada abaisse son taux d’intérêt directeur à 4,75%

LesAffaires.com et La Presse Canadienne|05 juin 2024

La Banque du Canada abaisse son taux d’intérêt directeur à 4,75%

(Photo: La Presse Canadienne)

Ottawa — La Banque du Canada a annoncé mercredi une première réduction de son taux d’intérêt directeur en plus de quatre ans, alors qu’elle l’a abaissé d’un quart de point de pourcentage pour le faire passer à 4,75%.

«Le Conseil de direction a convenu que la politique monétaire n’a plus besoin d’être aussi restrictive. Il a donc baissé le taux directeur de 25 points de base», a expliqué le gouverneur de la banque centrale, Tim Macklem, en conférence de presse mercredi matin.

«Si l’inflation continue de ralentir et que les données continuent de renforcer notre confiance qu’elle se dirige vers la cible de 2%, il est raisonnable de s’attendre à d’autres baisses du taux directeur», a dit M. Macklem, qui a rappelé au passage que la banque centrale prend ses décisions concernant les taux une à la fois.

Le gouverneur a affirmé que la Banque du Canada ne veut pas baisser le taux directeur trop rapidement pour ne pas «compromettre les progrès réalisés dans notre lutte contre l’inflation».

Il y a encore des risques que l’inflation réaccélère, a soutenu M. Macklem, par exemple si «les tensions mondiales augmentent, si les prix des logements montent plus vite que prévu au Canada, où si la croissance des salaires reste élevée par rapport à la productivité».

L’inflation annuelle a diminué régulièrement au cours des derniers mois au Canada, atteignant 2,7% en avril. Les mesures des pressions sous-jacentes sur les prix se sont également atténuées.

Les libéraux et les conservateurs réagissent

Sur la colline du Parlement, les libéraux fédéraux célébraient la baisse du taux directeur mercredi.

Après avoir assisté à la réunion hebdomadaire du caucus libéral, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a pris le micro pour se féliciter de la baisse.

«Le Canada est le premier pays du G7 où les taux d’intérêt ont été abaissés. Notre plan économique fonctionne et c’est une très bonne nouvelle pour le Canada et les Canadiens», a-t-elle dit.

Les conservateurs, en revanche, n’étaient pas d’humeur à faire la fête. Ils ont affirmé que la réduction du taux directeur n’aiderait pas beaucoup les Canadiens.

«Le gouvernement néo-démocrate-libéral ne peut pas crier victoire avec cette minuscule réduction du taux, car des millions de Canadiens continuent de souffrir à cause de ses politiques», ont déclaré les conservateurs dans un communiqué de presse.

«Cette baisse de taux n’est pas une marque de succès pour Justin Trudeau, mais plutôt un rappel que des millions de Canadiens seront obligés de renouveler leur hypothèque à des taux beaucoup plus élevés à cause de sa politique inflationniste.»

Depuis juillet 2023, le taux d’intérêt directeur de la Banque du Canada se situait à 5,00%, soit son niveau le plus élevé depuis 2001.

Après avoir atteint un creux de 0,25% pendant la pandémie, il a augmenté rapidement entre le printemps 2022 et l’été 2023.

La réduction annoncée mercredi ouvre un nouveau chapitre pour la Banque du Canada, qui a fait de la lutte contre l’inflation son cheval de bataille au cours des deux dernières années.

Avec une inflation en baisse significative et une économie au point mort, la plupart des prévisionnistes ont estimé que le moment était venu pour que la banque centrale commence à faire baisser les taux d’emprunt.

La baisse du taux directeur s’est produite comme prévu, a déclaré Andrew Grantham, économiste principal de Marchés des capitaux CIBC. Elle est conforme aux données économiques qui montraient «qu’il n’y avait pas de bonne raison de ne pas entamer le processus de baisse des taux aujourd’hui».

Douglas Porter, économiste en chef de BMO, est plus nuancé. «Cela s’est produit en grande partie comme prévu, mais je dois dire qu’il n’était absolument pas certain que la Banque du Canada allait réduire son taux directeur.»

«C’est, après tout, la première fois que la banque réduit son taux préférentiel avec M. Macklem comme gouverneur.»

Bien que M. Macklem n’a pas spéculé sur ce que la Banque du Canada pourrait faire lors de sa prochaine décision, M. Porter a interprété ses commentaires comme un signe que la banque centrale pourrait à nouveau réduire le taux directeur en juillet.

«Ce qui m’a surpris, c’est qu’ils ont très clairement laissé la porte ouverte à une éventuelle baisse des taux en juillet, un peu plus ouverte que je ne l’aurais supposé», a-t-il dit.

La Banque du Canada devra examiner les données sur l’inflation pour les mois de mai et juin avant sa prochaine décision sur les taux d’intérêt prévue le 24 juillet.

L’économie canadienne s’est affaiblie sous le poids des taux d’intérêt élevés. La croissance économique au premier trimestre a été inférieure aux prévisions des économistes, et le taux de chômage a augmenté régulièrement, atteignant 6,1% en avril.

Vers une reprise de l’économie

«Même si une seule réduction des taux ne relancera pas l’économie du jour au lendemain, elle signale aux consommateurs et aux entreprises le début d’un cycle de réduction des taux graduel et ordonné qui se déroulera au cours de la prochaine année et demie», a déclaré Tu Nguyen, économiste de RSM Canada, par écrit, en réponse à la nouvelle.

«La reprise économique peut commencer dès maintenant et accélérer en 2025», a-t-elle ajouté.

Le directeur économique de la Banque TD, James Orlando, affirme quant à lui que la porte est ouverte pour d’autres réductions du taux directeur dans les mois à venir.

«C’est le début de ce qui sera probablement un cycle d’assouplissement pour la Banque du Canada. Il ne s’agit donc pas seulement de la réduction d’aujourd’hui», a déclaré M. Orlando.

La TD s’attend à ce que la banque centrale abaisse son taux à 4,25% d’ici la fin de l’année.

En procédant dès maintenant à une première baisse de son taux directeur, la Banque du Canada devance certains de ses pairs, dont la Réserve fédérale américaine.

Tim Macklem a affirmé que son institution n’avait pas besoin de marcher au même rythme que la Fed.

«Il y a des limites à la mesure dont nous pouvons nous éloigner des États-Unis, mais nous ne sommes pas proches de ces limites», a-t-il déclaré.

 

Nojoud Al Mallees

 

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