(Photo: LA PRESSE CANADIENNE/Justin Tang)
Ottawa — La Banque du Canada a semblé de plus en plus préoccupée par le risque que des taux d’intérêt élevés ralentissent l’économie et l’inflation plus que nécessaire, alors qu’elle a annoncé une deuxième réduction consécutive de son taux directeur mercredi.
La décision de la banque centrale d’abaisser son taux directeur d’un quart de point de pourcentage était largement attendue par les économistes, étant donné la poursuite du ralentissement de l’inflation et la faiblesse des conditions économiques. Son taux d’intérêt directeur se situe désormais à 4,5%.
Lors d’une conférence de presse, le gouverneur Tiff Macklem a déclaré qu’à mesure que l’inflation se rapproche de l’objectif de 2%, les risques associés au maintien de taux d’intérêt élevés deviennent plus importants pour la banque centrale. Il a souligné que le fait de ne pas atteindre l’objectif d’inflation serait tout aussi préoccupant que de le dépasser.
«Cette nécessité d’une reprise de la croissance fait partie de notre décision de réduire le taux d’intérêt directeur aujourd’hui», a ajouté M. Macklem.
L’accent mis par la Banque du Canada sur l’état de l’économie et le risque de maintenir des taux élevés pendant trop longtemps a suggéré aux économistes que d’autres réductions des taux d’intérêt pourraient intervenir plus tôt que tard.
«Il s’agit clairement d’un changement de ton évident, a affirmé Douglas Porter, économiste en chef à BMO. On dirait presque que maintenant, la tendance est de continuer les réductions. Il faut presque qu’ils soient persuadés de ne pas continuer à couper, je pense.»
Un chemin cahoteux vers l’inflation à 2 %
Bien que M. Macklem n’ait pas voulu dire à quoi pourrait ressembler exactement l’évolution future des taux, il a tout de même signalé qu’il pourrait y avoir des bouleversements en cours de route.
Plus spécifiquement, il a souligné que le retour à une inflation de 2% ne serait probablement pas une ligne droite.
«La faiblesse généralisée de l’économie tire l’inflation vers le bas. Mais, en même temps, les pressions sur les frais de logement et les prix d’autres services nuisent à sa baisse», a déclaré M. Macklem.
Même si le gouverneur a affirmé que les responsables de la Banque du Canada sont «de plus en plus convaincus que les ingrédients nécessaires pour ramener l’inflation à la cible sont réunis», les tensions entre ces forces opposées pourraient affecter le rythme auquel la croissance des prix ralentira.
«Si l’inflation continue de ralentir de manière généralement conforme à notre prévision, il est raisonnable de s’attendre à d’autres réductions du taux directeur. Le moment de ces baisses dépendra de la façon dont nous pensons que ces forces opposées vont évoluer», a-t-il déclaré.
«Autrement dit, nous prendrons nos décisions de politique monétaire une à la fois», a-t-il ajouté.
La Banque du Canada a annoncé le mois dernier sa première réduction de son taux directeur en quatre ans, marquant un tournant majeur dans sa lutte contre une inflation élevée.
Les coûts d’emprunt élevés ont provoqué une baisse des dépenses des consommateurs et des entreprises, ce qui, selon les économistes, a contribué à atténuer la pression sur la croissance des prix.
L’inflation annuelle du Canada est retombée à 2,7% en juin après une accélération temporaire en mai.
Le rapport sur la politique monétaire de la Banque du Canada publié mercredi comprend de nouvelles prévisions, qui suggèrent que l’inflation reviendra à l’objectif de 2% l’année prochaine.
L’économie canadienne, qui, selon la banque centrale, reste faible par rapport à la croissance démographique, devrait se renforcer au second semestre de 2024.
Le produit intérieur brut réel devrait croître en moyenne de 1,2% cette année, suivi de 2,1% en 2025.
La prochaine décision de la banque centrale sur les taux d’intérêt est prévue pour le 4 septembre.
Nojoud Al Mallees
