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La Banque du Canada veut toujours augmenter les taux, mais…

Stéphane Rolland|Publié le 21 février 2019

La trajectoire de la politique monétaire est incertaine, a dit Stephen Poloz

L’objectif de la Banque du Canada (BdC) est toujours d’augmenter les taux d’intérêt, mais la trajectoire de la politique monétaire est incertaine, a dit Stephen Poloz, le gouverneur de la banque centrale canadienne, dans un discours prononcé à Montréal jeudi.

Le but est d’atteindre la fourchette neutre. Autrement dit, atteindre un taux directeur qui ne stimule, ni ne freine la croissance économique. «Cependant, la trajectoire jusqu’à cette fourchette neutre est très incertaine», a-t-il dit lors de son allocution organisée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain devant près de 600 personnes. «Nous allons surveiller les données à mesure qu’elles seront disponibles, et utiliser notre jugement pour réagir aux incertitudes et gérer les risques connexes.»

Il s’agissait de la dernière apparition publique de M. Poloz avant la prochaine décision sur la politique monétaire le 6 mars. C’était l’occasion de voir si un changement de ton pouvait signaler un changement de cap de la politique monétaire.

Sal Guatieri, économiste de la Banque de Montréal, constate que M. Poloz a renforcé son message que les taux devaient augmenter «avec le temps», mais qu’il ne semble pas pressé. «Si vous n’avez pas remarqué, le thème principal est l’incertitude, le fait qu’elle a augmenté et que cela n’est pas près de se dissiper avec le temps, commente-t-il. Il a répété que les ménages sont plus sensibles à une hausse des taux d’intérêt en raison d’un endettement élevé. » L’économiste pense que la banque centrale n’augmentera pas ses taux avant le mois de décembre.

Pour l’instant, la Banque du Canada s’en tient aux prévisions de son rapport sur la politique monétaire publié en janvier dernier, qui prévoit un redressement de l’activité économique durant la deuxième moitié de l’année. Une mise à jour de ce rapport sera publiée en avril.

«Les données nous transmettent un message partagé», a expliqué M. Poloz en conférence de presse après son discours. «Le risque d’une guerre commerciale a ralenti les investissements, pas seulement au Canada, mais à travers le monde. Le marché de l’emploi, pour sa part, a démontré des signaux forts, quand on exclut le secteur pétrolier. Nous demeurons dépendants des données. Il faudra attendre et voir en avril.»

Le risque des bas taux d’intérêt

À un moment où certains s’inquiètent de l’impact des taux d’intérêt plus élevés sur des ménages lourdement endettés, M. Poloz a tenu à rappeler que des taux trop bas représentaient également un facteur de risque.

«Lorsque les taux d’intérêt restent bas longtemps, la dette peut atteindre des niveaux risqués tant pour les emprunteurs que pour l’ensemble de l’économie, prévient-il dans son discours. Quand les ménages sont fortement endettés, ils ont plus de mal à faire face à une période de chômage. L’effet des chocs peut être amplifié dans un contexte d’endettement élevé, ce qui peut mener à une sous-performance économique persistante.» 

Le gouverneur a également expliqué que la politique monétaire deviendrait moins efficace si les taux demeuraient trop bas.