La Banque Laurentienne veut davantage cibler la classe moyenne
La Presse Canadienne|Mis à jour le 11 juillet 2024Sur une base ajustée, la banque a affirmé avoir gagné 90 cents par action au cours de son dernier trimestre (Photo: La Presse Canadienne)
La Banque Laurentienne veut revenir à ses racines et attirer davantage de clients de la classe moyenne en améliorant ses outils numériques.
C’est l’un des aspects mis de l’avant par la direction de l’institution financière montréalaise dans son nouveau plan stratégique en vue de redresser ses activités.
L’organisation a dévoilé le contenu de son plan vendredi après avoir signalé des pertes et des revenus en baisse au deuxième trimestre qui a pris fin le 30 avril.
Le président et chef de la direction, Éric Provost, a l’ambition de positionner la Laurentienne comme une solution de rechange aux grandes banques canadiennes dans certains segments.
Dans le secteur des services aux particuliers, la banque souhaite augmenter ses parts de marché auprès de la classe moyenne et des jeunes qui se sentent tenus pour acquis par leur banque.
«On va revenir à nos racines. On est une banque bien connue au Québec et on croit qu’avec les bons produits, on va avoir un bon niveau d’emprise», a affirmé M. Provost lors d’une journée des investisseurs.
Pour atteindre cet objectif, la Laurentienne prévoit étendre son offre de services numériques et offrir des options en libre-service ainsi que simplifier ses services. Elle désire également «introduire de nouveaux produits à faible coût ou sans frais, comportant d’importants avantages financiers».
«Au niveau des dépôts, nous avons démontré que ce groupe de clients de la classe moyenne, ce sont ceux qui vont chercher les opportunités pour réduire leurs coûts, et adopter cette ouverture de changer de banques», a soutenu M. Provost.
L’automne dernier, les activités de la banque ont été perturbées par une panne informatique de plusieurs jours. Questionné à savoir si cet épisode entache toujours la réputation de la Laurentienne, M. Provost a indiqué que l’organisation a maintenu sa base de clients.
«Je crois que si on revient sur le marché avec les bonnes offres et la bonne technologie, nos clients existants et futurs vont certainement reconnaître que cette banque est une bonne alternative pour eux», a répondu celui qui est arrivé à la tête de l’institution dans la foulée de la panne.
Le plan ne prévoit pas de diminuer le nombre de succursales, mais M. Prévost a parlé d’«optimiser» et de réduire le nombre de pieds carrés des emplacements qui ne sont pas adaptés aux services fournis actuellement.
Les services bancaires aux entreprises sont aussi considérés comme un moteur de croissance important dans la stratégie de la Laurentienne. Celle-ci dit prévoir une hausse «continue des prêts, car la pénurie de logements et le rebond de la confiance des consommateurs stimulent la demande».
Le plan stratégique renouvelé comprend également de nouvelles cibles financières à moyen terme, dont une croissance de plus de 10% du résultat dilué par action ajusté.
Des charges de restructuration
Plus tôt vendredi, la banque montréalaise a signalé une perte de 117,5 millions de dollars (M$) au deuxième trimestre, comparativement à un bénéfice de 49,3M$ à pareille date l’an dernier.
Elle a indiqué que sa perte s’est élevée à 2,71$ par action, en baisse par rapport à un bénéfice de 1,11$ par action à la même période en 2023.
Les résultats de son deuxième trimestre comprennent aussi des charges de dépréciation et de restructuration de 196,8M$.
Elle a identifié des indicateurs de dépréciation relativement aux actifs de la banque, ce qui l’a amenée à soumettre son secteur des services bancaires aux particuliers et aux entreprises à un test de dépréciation.
Ce dernier a révélé une charge de dépréciation de 155,9M$ qui touche le goodwill, les logiciels et immobilisations incorporelles ainsi que les immobilisations corporelles.
La Banque Laurentienne a aussi comptabilisé des charges de 13,2M$ liées à la dépréciation de ses locaux, après avoir décidé de réduire des deux tiers l’espace loué pour ses bureaux corporatifs à Toronto.
L’organisation a également enregistré des indemnités de départ de 2,9M$ et prévoit comptabiliser des charges supplémentaires d’environ 7M$ au troisième trimestre.
Les économies annuelles estimées sont de l’ordre de 20M$, «dont une partie sera réinvestie pour améliorer notre rentabilité de manière durable à moyen terme», a déclaré M. Provost, lors d’une conférence téléphonique pour discuter des résultats financiers avec les analystes.
En février dernier, M. Provost avait prévenu que la Laurentienne devrait probablement inscrire d’autres charges financières à ses résultats au cours des prochains trimestres dans le cadre du redressement de ses activités.
Plus tôt ce mois-ci, l’organisation a annoncé qu’elle supprimait environ 2% de ses effectifs et qu’elle mettait fin à ses activités de recherche sur les actions.
Les revenus de la Banque Laurentienne ont totalisé 252,6M$, comparativement à 257,2M$ au trimestre correspondant de l’exercice 2023.
Quant à la provision pour pertes sur créances de la Laurentienne, elle a totalisé 17,9M$ au deuxième trimestre, en hausse par rapport à 16,2M$ au même trimestre l’an dernier.
Sur une base ajustée, la banque a affirmé avoir gagné 90 cents par action au cours de son dernier trimestre, en baisse par rapport à un bénéfice ajusté de 1,16$ par action un an plus tôt.
Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice de 88 cents par action, selon les estimations compilées par la société de données sur les marchés financiers LSEG Data & Analytics.
Le cours de l’action de la Laurentienne a reculé de 6,5% à la Bourse de Toronto, pour clôturer à 24,95$, en baisse de 1,74$.
Frédéric Lacroix-Couture
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