La Banque Royale conclut une entente pour acquérir HSBC
Nicolas St-Germain|Publié le 29 novembre 2022RBC fera l’acquisition de la totalité des actions ordinaires de la HSBC Canada pour un prix d’achat au comptant. (Photo: La Presse Canadienne)
Toronto — La Banque Royale du Canada a conclu une entente visant l’acquisition de la Banque HSBC Canada vendredi matin.
Selon les modalités de l’entente, RBC fera l’acquisition de la totalité des actions ordinaires de la HSBC Canada pour un prix d’achat entièrement au comptant de 13,5 milliards de dollars.
La HSBC Canada comptait 134 G$ d’actifs au 30 septembre dernier, quelque 130 succursales, 4200 employés équivalent temps plein et plus de 780 000 clients de détail.
Le président et chef de la direction de la Banque Royale, Dave McKay, affirme que la transaction permettra à son entreprise de mieux servir la clientèle ayant des besoins internationaux, les nouveaux arrivants au Canada et les clients aisés qui ont besoin de capacités bancaires et de gestion de patrimoine à l’échelle mondiale.
La clôture de la transaction est prévue d’ici la fin de 2023, sous réserve des conditions de clôtures usuelles, y compris l’obtention des approbations des autorités de réglementation.
Dans une note préliminaire publiée au début de mois de novembre, Gabriel Dechaine de la Financière Banque Nationale s’était penché sur la vente potentielle de HSBC Canada qu’il voyait comme une rare occasion que toutes les banques canadiennes examineront. Selon lui, la Banque Royale était la plus apte à acheter HSBC Canada, sur papier tout au moins.
«La part de marché relativement faible de HSBC Canada»
HSBC est sous pression, notamment de la part de son principal actionnaire, l’assureur chinois Ping An Insurance Group, qui détient 9,2% des actions, pour séparer ses activités asiatiques et occidentales afin de dégager davantage de valeur, une demande rejetée à plusieurs reprises par les dirigeants du groupe.
HSBC avait déjà indiqué, début octobre, étudier une cession de ses activités au Canada, parmi d’autres options stratégiques pour cette filiale.
«Nous avons décidé de vendre» après avoir «évalué la position relative de l’entreprise sur le marché canadien et son adéquation stratégique avec le portefeuille de HSBC», a indiqué le directeur général d’HSBC Noel Quinn, cité dans le communiqué mardi.
Selon HSBC, un «examen approfondi» a mis en exergue «la part de marché relativement faible de HSBC Canada», et la banque a conclu, «dans le contexte d’opportunités sur d’autres marchés» que «la meilleure ligne de conduite stratégique» était de vendre HSBC Canada.
La cession génère «une valeur ajoutée importante» et permettra de «libérer des capitaux supplémentaires pour investir dans la croissance de nos activités principales» et verser des redistributions aux actionnaires, a ajouté M. Quinn.
Cette annonce faisait bondir le titre de HSBC à la Bourse de Londres, de 4,75% à 511,80 pence vers 13h50 GMT.
Pivoter vers l’Asie
Cette acquisition «nous offre la possibilité d’ajouter une clientèle d’entreprise et de particuliers complémentaires dans le marché que nous connaissons le mieux», a fait valoir Dave McKay, PDG de RBC dans un communiqué séparé.
L’opération «nous positionne aussi comme la banque de choix pour les clients commerciaux ayant des besoins internationaux, les nouveaux arrivants au Canada et les clients aisés qui ont besoin de capacités bancaires (…) à l’échelle mondiale», a-t-il ajouté.
RBC reprendra aussi les actions préférentielles et la dette de HSBC Canada pour un total de 2,1 milliards de dollars canadiens (1,5 milliard de dollars américains), a précisé HSBC.
«Depuis un certain temps, la politique de HSBC est de pivoter vers l’Asie et la vente de l’activité canadienne est la dernière étape en date de cette évolution», a commenté à l’AFP Russ Mould, analyste d’AJ Bell.
«Il est possible que la pression de Ping An accélère les changements, surtout si le conseil d’administration de HSBC continue de vouloir éviter une scission complète», a-t-il ajouté.
Basée à Londres, HSBC réalisait habituellement, avant la pandémie, jusqu’à 90% de ses bénéfices en Asie.
En 2021, le groupe a promis d’accélérer un recentrage stratégique vers l’Asie et le Moyen-Orient, avec l’ambition de devenir le leader du marché asiatique de la gestion de patrimoine.
La banque a déclaré qu’elle investirait 6G$US à Hong Kong, en Chine et à Singapour et embaucherait plus de 5 000 conseillers en patrimoine, tout en supprimant 35 000 emplois et en réduisant ses activités de détail aux États-Unis et en France.
HSBC a vu son bénéfice net part du groupe chuter de 46% sur un an au troisième trimestre, à 1,9G$US, plombé notamment par une lourde dépréciation en vue de la cession des activités en France.