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La conviction d’investir à long terme

Les investigateurs financiers|Publié le 24 mai 2019

La conviction d’investir à long terme

(Photo: 123rf.com)

BLOGUE INVITÉ. Peter Lynch est un investisseur légendaire. En tant que gestionnaire de portefeuille du Fonds Fidelity Magellan de 1977 à 1990, il a fait croître le capital à un taux composé de 29,2% par an. Incroyable!

Ce qui est encore plus incroyable est le rendement médiocre obtenu par un investisseur moyen dans ce fonds au cours de cette même période. Un chroniqueur de Wall Street, Spencer Jakab, souligne dans son livre «Heads I Win, Tails I Win» que Peter Lynch avait lui-même calculé que l’investisseur moyen de son fonds ne faisait que 7% par an.

Mais qu’est-ce qui explique ce résultat? Une réponse possible est la tendance des investisseurs à rechercher les rendements attrayants. Après la bonne performance d’un gestionnaire de fonds, la plupart des gens sont généralement impatients d’investir. Mais dès le premier signe de volatilité, ils courent vers la sortie. Les investisseurs ne devraient pas courir après les rendements, mais plutôt essayer de comprendre la philosophie appliquée par le gestionnaire. Si la philosophie de placement du gestionnaire est adéquate, la sous-performance temporaire ne devrait pas être un motif d’inquiétude pour le véritable investisseur à long terme.

Ce raisonnement s’applique également à des titres spécifiques. Lorsqu’un investisseur connaît la valeur d’une entreprise, il n’aura aucune difficulté à la conserver pendant une période difficile. Lorsque la conviction dans un titre est élevée, un bas prix devrait être un motif de célébration et non l’inverse, car ceci permet d’acquérir davantage de titres à meilleur prix.

Même les plus grands ont des temps difficiles. Lorsqu’on examine la performance de Warren Buffett, les gens relatent toujours l’incroyable rendement annuel de 20,5% qu’il a réalisé au cours des 53 dernières années depuis la prise de contrôle de Berkshire. Toutefois, très peu de gens discutent du chemin parcouru pour se rendre au sommet. De vraies montagnes russes! Au cours des cinq dernières décennies, Berkshire a chuté de 59,1% (mars 1973 à janvier 1975), de 37,1% (en octobre 1987), de 48,9% (de juin 1998 à mars 2000) et de 50,7% (de septembre 2008 à mars 2009). Combien d’investisseurs auraient eu la sagesse de conserver leurs titres dans Berkshire? Pas beaucoup. Une vente de feu causée par la peur durant n’importe laquelle de ces périodes aurait eu pour résultat de manquer une opportunité unique de création de richesse.

Même si nous nous considérons comme des investisseurs et non des spéculateurs, cette citation de Jeff Livermore, un négociant du début du XXe siècle, renforce nos observations: «Au cours de toutes mes années d’investissement, j’ai constaté que les gros gains n’étaient jamais faits ni à l’achat ni à la vente. Les gains ont été faits pendant l’attente».

Patrick Thénière, CIM, Associé Barrage Capital